Le gros « lenga plus» des conseils municipaux

Le conseil des ministres de ce mercredi 3 mars a décidé : les mandats des conseils municipaux seront prorogés jusqu’en mai de l’année 2022. Ce qui équivaut à une année de bonus pour les conseillers municipaux, notamment les maires. Qui auront les uns, une année supplémentaire pour terminer les projets qu’il leur reste à réaliser, et les uns pour continuer de mélanger ce qu’ils ont mélangé depuis leur arrivée à la tête de leurs conseils municipaux. En attendant que la loi les rattrape. Si cette rallonge peut constituer une bonne occasion pour des maires, elle constitue aussi une longue période d’angoisse et d’incertitude pour d’autres. Des maires, et non des moindres, voudraient certainement quitter plus tôt les choses avant que les choses ne les quittent. Car, ils sont convaincus d’être aujourd’hui dans le collimateur de la mauvaise gestion.

En attendant, la question du foncier telle qu’elle est menée par des maires (en ville comme en campagne) constitue une véritable patate chaude entre les mains de certains d’entre eux. Aussi, cette rallonge d’une année sera une occasion pour eux soit de la résoudre correctement (s’ils en ont les moyens), soit de continuer à s’enfoncer davantage. Puisque les populations auxquelles on a donné l’espoir d’une attribution de parcelle mettront la pression sur les agences immobilières, mais également sur les maires. Surtout que des gens ont par devers eux des bouts de papiers que d’autres ont même vendus, prétextant qu’il s’agit d’attribution de parcelles. Bref, si les députés n’ont pas eu droit au bonus, les maires auront leur lenga.

Mieux que tout cela, le gouvernement va mettre à profit cette année supplémentaire pour relire les textes portant sur la décentralisation au Burkina Faso. Il était temps car, de 1995 à 2021, cela fait 26 ans que la décentralisation a été adoptée au Burkina. Il y a certes eu des relectures de textes. Mais dans la dynamique du changement que les Burkinabé veulent apporter dans la gouvernance et d’une manière générale dans leur vécu quotidien, il est opportun d’adapter la décentralisation au conteste actuel. Mieux, le passage à une nouvelle Constitution voudrait que tous les autres textes s’accordent et soient conformes à cette nouvelle Constitution.

La Décentralisation, faut-il le rappeler étant le développement à la base par la base, il est important de la renforcer et de donner de véritables pouvoirs aux exécutifs locaux afin de leur permettre d’être les acteurs du développement local. Avec sans doute l’œil vigilant des pouvoirs centraux, car des cas de gestion actuels à la base ne sont pas du tout des exemples. Heureusement qu’il y a un pouvoir…judiciaire pour rappeler chacun à ses devoirs.

Dabaoué Audrianne KANI