Le métier de serveur de maquis était pendant longtemps attribué dans nos contrées aux personnes venues d’autres horizons. Mais de nos jours, ce sont des citoyens burkinabè qui s’emparent de cette activé, si bien que les étudiants et les élèves l’exercent pendant leur temps libre.
Pendant les vacances, certains élèves et étudiants, au lieu de se distraire, préfèrent engranger des revenus en vue de mieux préparer la prochaine année académique ou scolaire et aider les parents dans les dépenses. De ce fait, certains jeunes décident de converger vers les grandes villes pour travailler comme ménagères ou serveurs/ serveuses de maquis.
Pour eux, c’est ce qui est rentable. En effet, pour certains, c’est un moyen de se faire un peu d’argent à travers les pourboires (cadeaux de clients), en plus de leur rémunération. Aussi, l’ambiance des lieux motiverait d’autres à s’intéresser à cette pratique. C’est-à-dire un coin de divertissement, si l’on est sociable et aime se faire de nouveaux contacts. Partagés entre mépris et humiliation, ces jeunes travaillent avec ardeur et détermination. Il faut reconnaître que ce métier a des répercussions sur le corps après un certain temps. On peut citer des douleurs lombaires à force d’être en position debout ou musculaires, à forces de marcher.
Tout compte fait, nombreux sont les étudiants, hormis les vacances, qui concilient métier de serveur de maquis ou de restaurant et cours pour faire face aux défis financiers qui les minent. Filles comme garçons, chacun y gagne son compte. Franck Alexis Bazié, un étudiant à l’Université Nazi Boni, fait partie de ces derniers. Il dit avoir opté pour ce métier à cause des conditions de la vie, afin d’acquérir des expériences et être ouvert au monde. « Etant là-bas, j’ai eu pas mal d’occasions qui m’ont permis de faire des stages dans d’autres sociétés qui seront des opportunités pour moi dans le futur », dit-il. Selon lui, ce métier permet d’avoir une idée du comportement de l’être humain en général et permet d’avoir une bonne maîtrise de soi. « Les difficultés sont énormes et demandent beaucoup de sacrifices. Il faut beaucoup d’efforts, c’est vraiment fatiguant », confie-t-il. Parlant des revenus, Franck dit pouvoir subvenir à ses besoins. « J’ai assez de revenus et en fonction de ce que je gagne, je m’organise à être indépendant », affirme-t-il.
Même son de cloche pour Alice, étudiante de 26 ans, qui exerce ce métier depuis sa première année de licence. Toutefois, elle ne manque pas de relever des difficultés auxquelles elles et ses consœurs font face dans l’exercice de ce métier. «Certains clients nous insultent pour un rien, parce qu’on a un peu trainé avec la monnaie, ou pour le service»,explique Alice. A l’en croire, les serveuses ont toujours des problèmes avec les clients. Et des exemples, elle a en plein. «Des clients nous demandent de les servir et quand tu le fais, ils te demandent de venir s’asseoir avec eux et après, ils te demandent à combien tu fixes le prix d’une passe avec eux. «Quand une fille travaille dans un bar, les hommes te qualifient automatiquement de prostituée », déduit- elle.
Le métier de serveur, car s’en est un, apparaît pour plus d’un comme un point de chute pour les étudiants mais aussi pour les élèves qui auraient du mal à joindre les deux bouts financièrement. D’autres s’y aventurent par manque d’emploi. Du coup, ces jeunes sont perçus comme des nécessiteux aussi bien par leurs employeurs que par les clients. Cela explique d’ailleurs le traitement qu’ils subissent pour la plupart dans l’exercice de ce métier.
Norrockom Edwige KAM
Yéli Valentine KAM/Stagiaires