Gestion ancestrale de la terre face au modernisme : Un dilemme qui émiette des familles

Autrefois mère nourricière, dont les hommes prenaient soin, la terre est de nos jours la source de plusieurs conflits sociaux. Les déchirures nées de sa gestion, sont aussi nombreuses au sein des familles nucléaires qu’au niveau des communautés locales et même entre des pays. Le constat.

Image d’illustration

Dédougou, chef-lieu de la région de la Boucle du Mouhoun, a le regard braqué sur le cas de la cour Coulibaly. A l’époque, tout le monde, sans exception, pouvait s’introduire dans cette cour pour soit la prière, soit pour un besoin naturel… Depuis cinq générations selon une source proche de la famille, chacun y rentrait et ressortait sans être contraint de contribuer pour quoi que ce soit. Aujourd’hui, cette même cour, autrefois lieu de prière et de retrouvailles, est source de division entre les descendants du père fondateur de la concession Coulibaly. Comment en est-on arrivé là ?

Depuis le décès de la dernière figure titulaire de la famille Coulibaly, les descendants sont divisés autour de la gestion de la cour. Autrefois habitation et lieu cultuel, cette même cour est aujourd’hui une référence pour s’enrichir matériellement. Tous les patriarches qui ont présidé à la tête de cette cour, l’auraient toujours cédée par leg oral et ce devant des témoins. Car à l’époque, la justice moderne n’existait pas et on ne pouvait pas avoir recours à un testament écrit. La parole donnée est sacrée dans nos sociétés traditionnelles. Et c’est pourquoi, la transmission générationnelle s’était toujours faite verbalement. Malheureusement dans le cas de la famille Coulibaly, la justice moderne va trancher, voire apprécier cette mode de transmission qui existait avant son arrivée. L’objet du litige n’est autre que la terre qui est sacrée dans nos communautés d’antan. Jamais dans nos sociétés traditionnelles, la terre ne pouvait opposer les membres d’une communauté, encore moins des frères et sœurs ! Elle était au contraire un facteur cultuel qui unissait. Car, le fait d’avoir son cordon ombilical enfoui dans la terre, cela signifiait qu’elle est une mère gardienne d’une partie de nous-mêmes. C’est pourquoi, la terre ne pouvait pas opposer des gens dans nos sociétés traditionnelles.

Face au modernisme, cette valeur est jugée dépassée. Malheureusement, les querelles autour de la terre sont de plus en plus nombreuses. Une situation qui fait croire que, la prochaine bombe qui pourrait détruire la cohésion sociale est la gestion foncière. On pourrait dire que nous y sommes déjà ! Au Burkina Faso, les conflits liés à la terre sont légion. En campagne comme en ville, des mésententes éclatent. Si les choses s’étaient toujours réglées sous l’arbre à palabre en pareilles situations (chose rare à l’époque), de nos jours c’est la justice dite moderne qui a le dernier mot. Quel avenir, pour nos valeurs ancestrales ?

Souro DAO

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