Les détracteurs des maires en conflit avec la loi du fait de la mauvaise gestion du foncier peuvent bien se moquer. Mais en réalité, ce n’est pas trop de leur faute s’ils sont aujourd’hui accusés. La tentation du gain facile étant ce qu’elle est, il faut tout de suite comprendre que certains maires ont cédé sous des pressions diverses, notamment celle de l’argent. Quand il s’agit de foncier, des hommes d’affaires ou certains prédateurs de terres n’hésitent pas à faire l’impossible pour s’en procurer. Ainsi, des maires à la paume légère ont tout de suite cédé au gain facile. Qui aurait cru qu’après l’insurrection et l’arrestation de maires suite aux spéculations sur le foncier, on trouverait encore des maires qui s’adonnent à cette même pratique ! Comme si la leçon n’avait été bien comprise, le phénomène semble être plus inquiétant qu’avant. Car, de plus en plus, des maires dans les communes rurales ou urbaines usent de tous les subterfuges pour procéder à des opérations foncières. Même dans les villes où les opérations de lotissements sont suspendues, des maires procèdent à des aménagements qui ne sont rien d’autre que des lotissements. Du coup, ils se retrouvent sous le coup de la loi.
Mais quand on pousse un peu plus loin la réflexion, on se rend tout de suite compte que la responsabilité de l’Etat est bien engagée dans cette situation. On ne peut pas comprendre que dans un pays il y ait des textes, et qu’il se trouve des gens qui les violent et qu’il n’y ait personne pour les rappeler à l’ordre. Ou bien le Burkina Faso n’est-il pas gouverné ? A quoi servent alors les lois que vote l’Assemblée nationale ? Si ces lois ne servent à rien, autant dire que l’Assemblée nationale et les députés ne servent à rien et les dissoudre !
Sur le foncier, pendant que le gouvernement dit que les opérations de lotissement (dont tout aménagement de quelque nature que ce soit) sont suspendues, c’est le même gouvernement qui autorise des agences immobilières à réaliser des opérations de lotissement. Mettant ainsi certains maires dans les difficultés. Aujourd’hui, ils ne dorment plus que d’un œil car, plus que du lotissement, c’est à un bradage de terre et à une catastrophe environnementale qu’on assiste dans certaines localités. Il faut que ça s’arrête et que tous ceux qui sont impliqués, d’une manière ou d’une autre, dans ces questions répondent de leurs actes. C’est l’occasion pour le pouvoir du Mouvement du peuple pour le progrès de donner l’exemple en laissant sanctionner tous ceux de ses militants qui font de la mauvaise gouvernance. La gestion transparente du bien public doit être imposée aux militants à l’intérieur du parti et de tous ceux qui le soutiennent. Tout compte fait, c’est à lui qu’il sera demandé des comptes au soir du bilan. Mais en attendant, il faut « enlever la bouche » de tous les maires dans la gestion du foncier.
Dénis Dafranius SANOU