Grève des travailleurs de Moov Africa :  » Nous ne sommes pas de sales nègres »

Le courant ne passe plus entre la direction de la société de téléphonie mobile Moov Africa et ses employés depuis un bon moment. Une équipe de L’Express du Faso s’est rendue au siège régional de l’entreprise à Bobo-Dioulasso, le 04 janvier 2023. Constat !

A l’entrée de Moov Africa Bobo-Dioulasso, les grévistes ont affiché une banderole sur laquelle est écrit :  » Nous ne sommes pas de sales nègres … Les travailleurs de Moov Africa ». D’après un responsable syndical,  » cette phrase est affichée pour dénoncer certaines pratiques discriminatoires au sein de la société ». Dans la cour, se trouvent une trentaine de manifestants observant un sit-in. Chacun portant au cou un petit ruban rouge. L’ambiance était au rendez-vous, quand des collègues se retrouvent en groupe dans le cadre d’une activité. Mieux, nous sommes en début d’année. Mais, les débats sur place tournent autour de la grève.

Selon Seydou Kaboré, secrétaire général du syndicat national de l’ONATEL, section de Bobo-Dioulasso,  » nous plaçons notre mouvement d’humeur dans une lutte patriotique parce que tout simplement la survie de notre entreprise est menacée. La société Moov Africa se trouve aujourd’hui en danger, depuis 2018 que nos partenaires Marocains ont fait passer leur capital à 61%. C’est ainsi que l’entreprise recule et nous sommes revenus en deuxième position. On s’est rendu compte qu’il y a de la mauvaise gestion surtout avec la vente du patrimoine. Pire, on ne recrute plus de personnel. C’est pour défendre les intérêts de notre pays que nous avons décrété ce mouvement d’humeur ».

Toujours selon Seydou Kaboré, le Directeur général « refuse catégoriquement de dialoguer avec les employés ». Alors que selon lui, « l’ONATEL est un projet commun entre les employeurs et les employés. Et la gestion de ce projet ne peut se passer sans le dialogue. C’est ce refus de règlement à l’amiable qui fait que le mouvement persiste jusqu’à nos jours ».

Pour le responsable syndical de l’ONATEL, les autorités sont intervenues pour qu’un dénouement à l’amiable puisse être trouvé entre les parties, mais la direction générale reste sourde. Il affirme que les travailleurs restent toujours disposés aux négociations pour résoudre le problème. « Nous sommes prêts à reprendre le travail dès que la direction sera disposée à nous écouter », assure M. Kaboré.

Les travailleurs de l’ONATEL lancent un appel aux autorités à veiller à ce que les intérêts de notre pays priment au sein de cette société.  » Il faut que l’État ouvre l’œil pour voir clair dans la gestion de l’ONATEL pour défendre uniquement les intérêts de notre nation. En même temps, les populations doivent apporter leur soutien à cette lutte, car c’est une affaire de tous », a alerté Seydou Kaboré.

A noter que le vendredi 30 décembre 2022, le mouvement des travailleurs a été dispersé par les Forces de sécurité.« Ce jour-là, sous la houlette de la direction générale, des travailleurs ont été gazés par des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS). Ces agissements ont entraîné des blessés. C’est fort de cela que nous disons non à la montée de la violence contre des travailleurs de l’entreprise. Depuis que la société existe, il n’y a jamais eu ce genre de violences contre les travailleurs », a conclu le secrétaire général du syndicat de l’ONATEL/Bobo.

Ben Alassane DAO

Ousmane ZANTE/ Stagiaire