La police municipale de Bobo-Dioulasso n’a pas chômé ce mercredi 03 février 2021. En tout cas ce ne sont pas les conducteurs des 117 tricycles saisis qui diront le contraire.
Dans la vaste cour de la direction de la police municipale de Bobo-Dioulasso, le décor était en bleu, les couleurs des tricycles communément appelés « motos-taxis ». Les tricycles sont très souvent impliqués dans des accidents de circulation parfois graves. Pour cela, les éléments du Commandant Seydou Coulibaly ont sévi. En l’absence de ce dernier c’est l’inspecteur de la police municipale Gaoussou Sanou qui a expliqué les mobiles de cette opération. « Il y a deux semaines de cela que nous avons assisté à une situation dramatique où les tricycles étaient impliqués dans des cas d’accidents mortels. Nous ne pouvons pas voir ces cas et rester indifférents alors que l’usage des tricycles pour le transport est encadré par le décret 559 du 05 juillet 2012 », indique t- il. En effet, ce décret stipule que « le transport de plus d’un passager par les motos-taxis est strictement interdit (…) En outre, il faut avoir un permis de conduire B1, une assurance, une visite technique et une carte grise ». Selon l’Inspecteur Sanou, « la plupart des conducteurs de tricycles ne respectent pas ce décret ». Elles sont nombreuses ces personnes qui empruntent les tricycles comme moyen de transport au détriment des taxis et des moyens de transport en commun dans la ville de Sya pour des raisons financières.
Un phénomène à la peau dure
« C’est une mission que nous menons depuis 2012. Nous avons mené des opérations de sensibilisation. Il y a eu des rencontres avec les syndicats et les acteurs pour leur expliquer le décret de long en large. Malgré nos multiples sensibilisations et la répression on voit que le phénomène prend de l’ampleur et a la peau dure », déplore l’inspecteur Gaoussou Sanou. Pendant ce temps, on aperçoit des groupuscules de conducteurs sous les arbres à l’entrée de la direction de la police municipale. En réalité ces derniers réfléchissaient sur comment retrouver leurs moyens de subsistance sans trop de dommages. Pour Drissa Sanogo, porte-parole des conducteurs de tricycles, « c’est vrai qu’on nous avait dit de ne pas transporter des passagers, mais ce matin je n’avais transporté personne dans mon tricycle. Je suis allé livrer une tonne de ciment à Niènéta. C’est au retour qu’ils m’ont demandé l’assurance et la visite technique que je n’avais pas. Nous leur demandons de faire pardon, car c’est à avec ça que nous arrivons à subvenir aux besoins de la famille ». L’inspecteur Gaoussou Sanou ne l’entend pas de cette oreille. D’ailleurs, il précise que ces actions vont se poursuivre dans toute la ville de Sya. Pour le contrôleur de la police municipale par ailleurs chef de la voie publique Kibi Sanou, « c’est vrai que souvent les temps sont durs, mais rien n’est plus sacrée que la vie. Les bus qui sont arrivés coûtent extrêmement moins chers (150 franc CFA d’un point à un autre). Le travail est bien réparti entre les tricycles et les taxis. Les taxis transportent des personnes et les tricycles transportent des marchandises.». L’inspecteur de la police municipale Gaoussou Sanou a saisi l’occasion pour interpeller les médias à continuer la sensibilisation non sans invité les conducteurs de tricycles au respect des règles. Il lance également un appel aux autorités coutumières et religieuses à poursuivre la sensibilisation et exhorte la population à emprunter les taxis et les moyens de transport en commun pour ses déplacements. Les conducteurs de tricycles qui ont été pris, seront sanctionnés (paiement de contravention) avant de rentrer en possession de leurs engins.
Casimir Seyram KAVEGUE