Récolte du chitoumou : Chemin de croix pour se procurer la ‘’mystérieuse’’ chenille

Dans la localité de Bobo-Dioulasso, les chenilles de karité communément appelées chitoumou en langue dioula, se vendent comme des petits pains en cette saison pluvieuse. Découvrons ce produit saisonnier.

La chenille de karité est beaucoup plus prisée par les consommateurs au Burkina Faso. La ville de Bobo-Dioulasso est la zone de prédilection de la vente de cette denrée alimentaire. Certaines sources racontent que les ancêtres Bôbôs ont découvert les chenilles en cultivant sous les karités et les femmes ont pris l’initiative de les préparer. D’autres racontent plutôt que lors d’une famine, des Bôbôs ont observé les singes manger ces chenilles et les auraient imités. Quoi qu’il en soit, à Bobo-Dioulasso et ses environnants, on s’attèle chaque année, ce pendant au moins un trimestre, au ‘’ramassage’’ du chitoumou. Il est nutritif selon les spécialistes et demeure aujourd’hui une source financière pour nombre de ménages.

Un vrai business

Les femmes ont le monopole de ce ‘’business’’ et ne ménagent aucun effort pour s’en procurer. Elles se ravitaillent très souvent dans les villages proches de la ville comme Wara, Soumousso ou dans certaines localités lointaines comme Niangologo. Le chitoumou est ensuite commercialisé en gros ou en détail, en fonction de la clientèle.

Les chitoumou ou les chenilles sont ramassées à la main, au pied des karités. Les femmes creusent des trous pour qu’une fois tombée de l’arbre la chenille soit plus facile à attraper. Comme un fruit, elle tombe quand elle est mure. Si on la récolte directement dans les branches, elle est trop amère. «Nous partons très tôt le matin vers 03h du matin et nous revenons à Bobo généralement autour de 16h», affirme Bibata Sanou, commerçante de chitoumou depuis environ une dizaine d’années. Une fois les chenilles obtenues, elles sont ensuite commercialisées le lendemain à l’état frais. Une partie est aussi séchée et conservée avant d’être mise à la disposition du consommateur.

Des risques, mais très rentable

Ces dames qui ramassent les chenilles, s’exposent aux risques d’insécurité du fait qu’elles sortent avant la levée du jour. « Franchement, nous avons peur de sortir parfois, mais on prie Dieu pour que rien ne nous arrive », ajoute Bibata Sanou. En attendant, c’est la période du chitoumou à Sya. Et les Bobolais, du reste ceux qui en consomment, se procurent auprès des vendeuses et revendeuses installées à longueur de journée le long des voies. On les retrouve nombreuses devant les tas de chitoumou, attendant impatiemment les clients. Certaines en vendent sous forme de sandwich ou de soupe accompagnée du pain.

Sur le marché, le prix de la boite de chitoumou varie en général entre 500 et 1500 F.CFA en fonction de la période. Les bénéfices sont assez élevés. « Quand tu investis 50.000 F.CFA, tu peux te retrouver avec plus de 25000 F.CFA par jour. Si tu investis moins, tu gagnes moins aussi », confie Semeta Bahan, doyenne dans la vente du chitoumou.

Selma Malicka DOUGOURI/Stagiaire