Jean Ouédraogo, directeur régional de l’ONEA/Bobo : « Patience, les pénuries d’eau vont significativement baisser »


Plusieurs secteurs de la ville de Bobo-Dioulasso font face à des coupures d’eau depuis quelques semaines. Pour comprendre la situation nous nous sommes entretenus avec Jean Ouédraogo, Directeur régional des Hauts-Bassins de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) ce mardi 07 février 2023. Dans l’interview qui suit, il nous donne les raisons et les grands projets en cours pour soulager les peines des populations. Lisez !

   Qu’est ce qui, selon vous, explique les coupures d’eau ces dernières semaines dans la ville de Bobo-Dioulasso ?

Effectivement, nous avons connu des problèmes d’eau ces dernières semaines dans la ville. La première fois c’était dû à des pannes sur nos équipements électromécaniques qui nous ont contraints à réduire un peu la production en eau. Nous avons, à cette occasion, bénéficié de l’appui d’une équipe de Ouagadougou pour remettre en service ces équipements. Ces travaux ont fait qu’il y a eu un manque d’eau dans la ville pendant au moins deux jours. La seconde cause, pour le week-end du 4 au 5 février, le manque d’eau se justifie par les travaux de raccordement des nouveaux forages réalisés dans le cadre du Programme d’actions prioritaires eau potable (PAPEP). Ce projet vise à doubler la production de 2 100 m3 à 4 200 m3 d’eau au niveau de Bobo-Dioulasso. Ces nouveaux forages réalisés devraient être raccordés au connecteur principal qui alimente la station. Ce sont de grands travaux que nous étions obligés de planifier pour réaliser avant la période chaude afin d’éviter d’interrompre la station dans cette période pendant laquelle, très souvent, le besoin en eau est énorme. Pour cela nous avons fait un communiqué pour informer les populations. Ce qui explique ces pénuries d’eau que nous avons connues à partir de fin janvier et début février 2023.

  Antérieurement, il y a eu des coupures d’eau dans la ville. Est-ce que cela était également dû aux travaux qui sont en train d’être réalisés ?

Cela s’explique par les travaux de connexion des nouvelles conduites posées et qui doivent transporter cette production aux anciennes conduites. Ces travaux ont démarré depuis juin 2022. Presque chaque week-end on était obligé de suspendre la production d’eau au moins trois à quatre heures de temps pour intervenir. On ne pouvait pas faire ces interventions durant la période chaude. Et si nous n’avions pas intervenu à partir de juin, les travaux allaient accuser un retard. Alors que nous envisageons, avec ces travaux de connexion, remettre en service la production au cours du mois de juin 2023 si on arrive à mettre les pompes à notre disposition à temps.

   Concrètement, quel est le niveau d’exécution de ces travaux en cours ?

Nous attendons le dernier lot qui concerne la fourniture et pose des équipements électromécaniques. Pour la seconde phase, les conduites sont entièrement posées, les bâches sont réalisées à Bolomakoté, l’interconnexion des cinq nouveaux forages a été faite. Nous attendons seulement les nouvelles pompes posées pour nous permettre de mettre en marche les nouveaux forages afin de doubler la production en eau. Malheureusement, il y a des facteurs qui ne dépendent pas de nous ; comme par exemple les équipements qui doivent venir de l’extérieur. Mais je puis rassurer que si tout se passe bien, d’ici la fin du 1er semestre de l’année 2023 au plus tard à juin la situation va considérablement s’améliorer.

   Il n’est pas rare de voir des fuites d’eau dans la ville notamment dans les quartiers périphériques. Qu’est ce qui explique cette situation ?     

Lorsqu’il y a une coupure d’eau, nous cherchons à satisfaire les populations par la distribution alternée certaines zones. Généralement, l’eau arrive dans les conduites avec pression. En recevant brusquement l’eau, ces conduites cèdent très souvent sous la pression de l’eau par endroits. En plus de cela il y a la nature même de la ville de Bobo-Dioulasso qui se trouve être dans une cuvette. La troisième raison est liée à l’érosion. Avec le passage des engins, les conduites cèdent par moment. Cela, parce que par le passé, on effectuait des branchements en traversant les voies. Exposant ainsi ces conduites aux érosions. C’est pourquoi nous sommes en train de faire des reprises de branchement pour longer directement les domiciles. Ces travaux sont en cours pour permettre de minimiser les fuites d’eau. Il y a aussi des équipements de régulation de pression que nous avons installés. Ces appareils permettent de réduire les pressions pour minimiser les fuites d’eau dans la ville.

   Certains abonnés pensent que vos services de dépannage n’interviennent pas vite lorsqu’on leur signale une fuite d’eau ? Qu’en dites-vous ?

On ne peut pas dire que ce n’est pas réel, mais je puis vous dire aussi que souvent les abonnés se trompent de numéros. La plupart appelle sur le numéro du standard qui n’est pas fonctionnel 24h/24. En cas de fuite d’eau, ils peuvent joindre nos services sur ces numéros verts (70711724, 20971111). Il faut tout de même noter que très souvent nous sommes débordés. Mais chaque matin on fait remonter les cas de fuite. Quand il y a beaucoup de cas, on redynamise l’équipe de dépannage ou on procède à des réquisitions. Il y a aussi que des fuites d’eau sont souvent mal signalées. On prend la déclaration et après quand on interroge le système on n’arrive pas à repérer le site. Ça m’amène à parler de la géo-localisation pour ceux qui peuvent le faire. Il suffit juste de faire une photo en activant certains paramètres et de nous l’envoyer par mail. Nous réagissons en temps réel.

  Votre mot de fin

Je voulais dire aux abonnés que nous travaillons à réduire leur peine. Le projet est presqu’à terme et nous leur donnons rendez-vous pour la fin du premier semestre 2023 ou au plus juin 2023 s’il n’y a pas de glissement majeur. Ensemble, on va fêter l’arrivée de l’eau potable à Bobo. Nous sommes en train de travailler toujours avec le ministère et les bailleurs de fonds pour la construction de la station de Samendéni qui va desservir tous les villages et villes environnants. Nous cherchons à anticiper pour ne pas se retrouver dans la situation de Ouagadougou. Ce sont de gros investissements qui nécessitent l’appui de tous les acteurs, car l’ONEA seul ne peut rien. On ne peut plus continuer à faire des forages pour alimenter nos villages et villes. Il faut mobiliser l’eau de surface et la traiter comme c’est le cas à Ziga pour soulager les populations.

Interview réalisée par

Ousmane TRAORE