Jimoh Lateef Dada, un guide touristique : « Le tourisme nourrit bien son homme »

Le mardi 1er septembre 2020, nous sommes allés à la rencontre de Jimoh Lateef Dada, un guide touristique dans la région des Cascades, aussi guide national. Ça veut dire qu’il guide sur tout le territoire du Burkina mais il s’est spécialisé plus pour la région des Cascades. M. Dada est aussi directeur promoteur du bureau du tourisme qu’il a créé en 2015. Il est aussi écrivain. Pour lui le tourisme est un métier qui nourrit son homme. Un métier qu’il pratique depuis 1996. Lisez ce qu’il nous dit dans cet entretien. 

Le tourisme nourrit bien son homme

Jimoh Lateef Dada, vous avez mis sur le marché une œuvre de 79 pages dont le titre est « Banfora la cité du paysan noir ». Dites-nous pourquoi avoir choisi ce titre?

J’ai choisi ce titre parce que Banfora a pour surnom la cité du paysan noir. Ce surnom vient  du titre d’un livre qui a été écrit par un commandant de cercle du nom de Robert de la Vignette. Je ne pouvais pas donner un autre nom à la commune de Banfora pour le titre de ce livre, que la cité du paysan noir. Voilà pourquoi. On a l’eau en abondance, le sol est fertile et l’activité principale de la région, c’est l’agriculture. Voilà pourquoi le titre La cité du paysan noir. Le livre est disponible à l’hôtel Cascades Palace, l’alimentation TOTAL, la librairie du rond-point du Paysan noir à côté de la station, au bureau de tourisme de Banfora face de la nouvelle.

Pouvez-vous nous expliquer de façon superficielle le contenu de ce livre, son historique?

Le livre en quelque sorte, présente la commune de Banfora depuis sa création, c’est-à-dire depuis l’installation de première ethnie sur cette terre jusqu’à ce qu’elle devienne une commune urbaine. Donc, c’est une œuvre historique. Elle parle aussi du côté économique de la région et la plus grande partie est consacrée aux sites touristiques qui peuvent être visités dans la commune de Banfora y compris les hôtels, les restaurants. Pour quelqu’un qui veut s’investir dans le tourisme ou qui veut venir pour le tourisme, il y a un répertoire d’adresses dans ce livre pour promouvoir la destination touristique de la commune de Banfora en particulier et de la région des Cascades en général.

Que comptez-vous faire pour que les autres guides emboîtent vos pas dans ce domaine ? 

Mon plus grand souhait est que tout ce que je fais comme activité dans ce domaine du tourisme, de le médiatiser pour que les jeunes ou mes enfants puissent emboîter le pas. Les gens ne savent pas que le tourisme nourrit son homme, alors qu’il nourrit bien son homme. Donc, on essaie de leur montrer, de prendre le tourisme au sérieux, ils peuvent s’en sortir. Mais, il faut aimer ce qu’on fait et aussi faire des expositions. J’ai fait des expositions photos commentées sur la région et sur les guides. Je l’ai fait dans la région des Cascades et dans 6 autres régions. Les jeunes doivent savoir que ce métier nourrit son homme. On doit être fier de son métier, c’est pour ça qu’on passe par le canal facebook pour montrer ce qu’on fait, les sorties qu’on organise. Ce sont les gens qui viennent  me le dire, je sais que je suis un modèle dans le domaine du tourisme et tout ce que je fais je veux que la jeunesse emboite mes pas pour réussir dans ce métier.

Avez-vous déjà engrangé des médailles ou des prix dans le domaine du tourisme?

Au niveau national, en 2016 le ministère du tourisme à organisé un prix pour tous les guides touristiques du mois de février. J’ai été le meilleur au niveau national. En 2017  le ministère a organisé les Trésors du Faso et j’ai été le meilleur guide de la région des Cascades. Et en 2019 il y a un autre prix qui a été organisé, le prix de l’entrepreneur touristique. Là aussi, j’ai été meilleur guide touristique. Au niveau international, j’ai eu juste des lettres et des  attestations de remerciement, parce que je vais en Europe aussi pour parler de mon pays, le Burkina Faso et de la région des Cascades. Donc j’ai eu pas mal de d’attestations, de félicitations, de remerciements. Je suis sénateur de la JCI (Jeune Chambre Internationale).

Quel est le visage actuel du tourisme dans la région des Cascades ? 

Le visage actuel de tourisme, ce n’est pas facile. Quand on dit que ce n’est pas facile, c’est juste la fréquentation. Depuis 2015 avec l’attentat de Splendide hôtel, la fréquentation a baissé et au niveau du revenu c’est devenu très bas. Il y a moins de clients, les gens ont peur de venir au Burkina, parce que ce n’est pas sécurisé. L’ambassade de France a peint notre carte en soulignant que certaines zones présentent des risques etc. ça fait qu’on a moins de touristes depuis 2015. Et si on prend la COBID-19, elle a tout détruit carrément, parce que les gens n’ont pas la liberté de leurs mouvements. Aujourd’hui, les frontières sont fermées. Moi-même, je devais être en France de mars à septembre. À deux semaines de mon départ, les frontières ont été fermées. Donc, ça fait que même au niveau des hôtels, ils ont des difficultés. Parce que les plus grands clients des hôtels au Burkina, ce sont les expatriés. Avec le 11 décembre  aussi c’est un problème. On ne sait pas comment ça va se dérouler ?

Qu’attendez-vous de la population et de l’Etat en termes d’accompagnement?

Je n’en veux pas à la population de ne pas fréquenter les sites! Tout d’abord 90 % de la population de Burkina est rurale et elle est  plus concentrée dans les villages, elle pratique l’agriculture. Pour dire que dans nos habitudes, on n’aime pas voyager. Si tu dis à quelqu’un, allons  à la Cascade, il te demande pourquoi faire ? Chaque année, je fais des sorties à un prix bas pour permettre à la population locale de pouvoir participer. S’ils s’habituent, c’est bien car l’appétit vient en mangeant.

Au niveau de l’Etat, j’ai vraiment besoin de beaucoup d’aides. Je ne suis pas laisser à moi seul. Je remercie la direction régionale de la culture des arts et du tourisme des Cascades qui m’apporte son soutien technique de temps en temps. J’ai besoin d’un bus, parce que si je dois louer un bus ça me coûte très cher. Et si je dois facturer, les gens ne vont pas payer pour la sortie. Le besoin est là ! En tout cas, si l’Etat met un bus à disposition, je vais donner un autre visage au tourisme dans la région.

Votre mot de fin ?

Nous sommes en période de Covid-19. Il faut que les gens ne disent pas que ça n’existe pas On doit toujours respecter les mesures-barrières édictées par l’Etat pour lutter contre cette maladie. Il y a aussi le problème de la sécurité. On prépare de bonnes surprises dans le cadre du 11-Décembre 2020.

Entretien réalisé par

Bésséri Frédéric Ouattara/Banfora