Journée des coutumes et traditions: désormais, j’égorgerai mon poulet dans la cour du service

Le conseil des ministres du 6 mars en a ainsi décidé. Désormais, le 15 mai est déclarée journée nationale des coutumes et traditions. Pouvait-il en être autrement quand les Burkinabè, dans leur majorité, sont conscients que s’ils veulent être eux-mêmes, il faut faire un retour aux valeurs qui les fondent ? En prenant une telle décision qui ne manquera pas de susciter la polémique, le gouvernement répare une injustice qui a longtemps été faite à ceux qu’on qualifie abusivement de «mécréants», «d’animistes» ou «d’égorgeurs de poulets». Au contraire, c’est une avancée notable qu’il faut saluer car elle va en droite ligne du combat actuel pour la souveraineté, l’indépendance et pour notre dignité.
Au commencement de l’Afrique, du Burkina Faso, de nos villages et de nos familles, étaient nos coutumes et nos traditions. Heureusement, dans beaucoup de contrées, elles existent toujours et sont bien valorisées et respectées. Même si elles cohabitent avec d’autres religions. C’est bien par la suite que sont arrivées les religions révélées qui ont bouleversé nos habitudes et par ricochet nos valeurs. Et qui en plus, il faut le dire, n’ont pas été révélées à nous, mais à d’autres peuples. Importées dans nos pays, elles nous ont envahis et relégué au second plan nos coutumes et religions traditionnelles. Puisqu’on nous a fait croire que nos religions et coutumes n’étaient pas des valeurs, encore moins des religions. Mais, des pratiques mystiques ou de sorcellerie relevant du satanisme. Malheureusement, nous y avons cru. Si aujourd’hui, nous reconnaissons que nous avons été trompés, alors le moment nous est offert pour retrouver et célébrer notre identité. Celle de l’Afrique, celle de nos valeurs, celles de nos coutumes et de nos traditions. Qui nous diffèrent fondamentalement des autres. Qui, eux-aussi, ont leurs traditions et leurs coutumes.
En effet, cette journée des coutumes et des traditions, longtemps souhaitée, doit être comprise comme une renaissance de nos peuples. Le sens qui est donné par les autorités de la transition doit transcender toute polémique afin de lui accorder toute son importance. Il sera impossible pour nous d’être souverains et indépendants si nous continuons de réfléchir et de nous comporter comme les autres.
Mais, cette décision ne sera achevée que si l’on met toutes les religions sur le même pied d’égalité. Autant il est interdit les organes et le port de signes distinctifs de partis politiques dans l’administration, autant il doit être interdit d’avoir des lieux de culte dans les services de l’administration publique. Si tel ne sera pas le cas, alors désormais, j’irai moi-aussi installer l’autel de mon fétiche et mes amulettes au service et les adorer quand je peux et quand je veux, même pendant les heures de service. Car le fétiche fait partie intégrante de nos coutumes et de nos traditions.
Le combat en ce moment contre le terrorisme est venu nous montrer que nos valeurs, nos coutumes et nos traditions sont les seules à pouvoir nous sauver. Car, c’est ce que nous avons de particulier et que nos adversaires ne possèdent pas. Alors !

Séri Aymard BOGNINI

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