La Nuit du destin : « Sa valeur spirituelle est meilleure que mille mois d’adoration », Imam Lassané Sakandé

A l’occasion de la célébration de la nuit du Destin, L’Express du Faso s’est entretenu avec l’imam Lassané Sakandé du Centre d’étude de Recherche et de Formation islamique (CERFI) et de l’Association des élèves et étudiants musulmans du Burkina (AEEMB)

Qu’est-ce que la Nuit du Destin ?

La Nuit du destin est une des nuits de la dernière décade du mois de Ramadan. C’est une nuit hautement bénie, pleine de grâces et de miséricorde. Sa valeur spirituelle est meilleure que mille mois d’adoration et c’est au cours de cette nuit que le Coran fut révélé (sourate 97). Durant cette nuit Allah révèle aux anges ce qui est destiné à ses créatures durant l’année à venir d’où l’appellation « Nuit du destin ».  Allah dit : «Nous l’avons (coran) fait descendre en une nuit bénie, Nous somme en vérité Celui qui avertit, durant laquelle est décidé tout ordre sage, c’est là un commandement venant de Nous…. »S44 V3-5

Comment la communauté musulmane et particulièrement le CERFI va célébrer cette nuit ?

D’abord je voudrais signaler que cette Nuit du destin n’est pas connue avec précision ; elle figure par les dix dernières nuits de ramadan. Cependant, des efforts d’interprétation indiqueraient la 27ème nuit comme étant la nuit du destin. Par conséquent, bien que les musulmans dans la dynamique de sa recherche, observent des veillées de prières les autres nuits, durant la 27ème, en plus des veillées de prières, la communauté musulmane organise d’autres activités telles que des prêches à travers les différentes mosquées. Le CERFI et l’AEEMB vont célébrer cette nuit à travers une conférence, une veillée de prière, des invocations…la célébration de cette nuit est placée sous le thème : « le Coran, remède des maux » et aura lieu au pavillon soleil levant du SIAO.

Pourquoi on associe la Nuit du destin au partage de galettes ? Est-ce une recommandation des Écritures Saintes ?

Pour bénéficier des mérites de la Nuit du destin, les musulmans s’adonnent à divers actes d’adoration. Des veillées de prières aux prêches en passant par les aumônes, tous les moyens sont bons pour bénéficier des grâces immenses de cette nuit. Pour ce qui est de l’aumône, si certains préfèrent faire des dons en espèce, d’autres mettent l’accent sur les dons en nature, le plus souvent des aliments parmi lesquels les galettes se font une place de choix. Cette préférence des galettes n’a aucun fondement dans les Écritures saintes. Elle serait liée au fait que la galette est un met local dont la matière première est disponible et accessible à tous, surtout au temps de nos grands-parents qui étaient majoritairement agriculteurs. Aussi, les galettes se conservent longtemps et les gens en consomment durant plusieurs jours après la Nuit du destin. Ce qui est recommandé par l’islam en matière d’aumône, c’est de donner aux gens ce qui leur sera utile, ce qu’ils veulent, ce qu’ils vont bien manger (gâteaux, poulets, pizza, frites…) C’est dans cela qu’il y a les bénédictions.

Votre message aux musulmans du Burkina en ces temps de jeûne et d’insécurité

Ces moments de fin de Ramadan sont des moments spirituels assez particuliers durant lesquels Allah exauce les invocations de ses fidèles serviteurs. C’est donc l’occasion pour chaque musulman de prier pour soi-même, pour sa famille et surtout pour le pays qui est victime de terrorisme depuis quelques années. Cette crise sécuritaire a fait beaucoup de déplacés internes et accentuer par la même occasion la crise humanitaire. C’est donc un impératif pour chaque musulman d’être plus que jamais solidaire à toutes ces personnes éprouvées. N’oublions pas que notre foi est une foi active qui nous impose un devoir de présence de qualité aux côtés de nos populations.

Awa Cécile BANGARE