Législatives 2020, comme dans une foire de patates

Après la publication des listes provisoires des partis politiques devant prendre part aux élections législatives de novembre, le constat est encore fait que tout le monde pense que la politique c’est le boulot qui reste quand on n’a plus rien à faire. Au Burkina Faso, et principalement dans nos villes et campagnes, on ne connait et on ne sait. Si bien qu’au vu des noms et prénoms de certaines personnes sur ces listes, on a cru à de la plaisanterie. En tout cas, l’objectif de certaines de ces personnes n’est certainement pas d’être député. Puisque, elles-mêmes sont convaincues qu’en aucun cas, sauf cataclysme, elles ne peuvent pas être élues députés ni sur une liste provinciale ni sur une liste nationale. Il y a donc quelque chose que ces personnes-là recherchent. Si ce n’est la subvention de l’Etat aux partis politiques dans le cadre des élections, ce n’est certainement pas la notoriété. Puisque, en vérité, il y en a aucune quand on n’est candidat malheureux sur une liste d’un parti politique méconnu.

Le deuxième aspect, est que quand on compte plus d’une quarantaine de partis et de formations politiques dans une province concourant pour seulement deux sièges de députés, on en déduit que les divisions sont assez fortes au Burkina Faso. Parfois dans une seule commune, et même dans un seul village, on a deux personnes candidates. C’est le comble du manque de solidarité, de vision commune et d’unité. Comment des choses de ce genre peuvent-elles arriver quand on sait que dans nos villages tout le monde est parent ? La démocratie ne veut nullement dire dislocation du tissu social. Autrement, cela rappelle étrangement la période de l’apparition des cultures de rente qui sont venues diviser à jamais des familles qui naguère vivaient en communauté de biens.

C’est dire à quel point le système démocratique tel qu’il est actuellement pratiqué dans nos pays peut constituer un danger pour la paix et la cohésion sociale. Il n’y a qu’à remonter à la confection des listes dans les partis politiques jusqu’à la publication de ces listes provisoires pour s’en rendre compte. Il ne faut pas avoir peur de le dire, la démocratie doit être réformée pour s’adapter à ce que nous voulons qu’elle soit pour nous. Ce n’est pas à nous de nous adapter car, d’un pays à un autre, surtout entre l’Occident et l’Afrique, il y a des différences telles que nous ne devons pas calquer aveuglément.

Malheureusement, ceux qui se bousculent aux portes de l’Assemblée nationale ne semblent pas apercevoir le danger qui plane. Chacun est obnubilé par les prestiges liés à la fonction ou aux dividendes qu’il pourrait tirer tout de suite et maintenant. C’est vraiment dommage. Heureusement que parmi tous ces candidats, il y a de gros calibres qui, s’ils sont élus, pourraient faire pencher la balance. C’est l’occasion pour les intellectuels qui doivent au pays, de prendre leurs responsabilités pour le remettre sur le bon chemin, le chemin du développement véritable. En tout cas, ces élections doivent amener à l’Assemblée nationale des personnalités capables d’alimenter la législation. Principal pouvoir dans la consolidation de la paix.

Dénis Dafranuis SANOU