Les voisins de Kalifa sont venus lui rendre visite comme d’habitude. Mais contrairement aux années antérieures, il a trainé dans sa chambre avant de rejoindre ses visiteurs. Malgré son courage et l’effort pour retenir ses larmes une fois devant eux, Kalifa n’a pas pu. Surtout qu’un des voisins a demandé d’après Sita sa nièce. Grande a été la surprise des visiteurs de voir les larmes couler sur les joues de Kalifa. Le plus âgé tente de le calmer, mais les larmes coulaient seulement. Finalement, il retourne dans sa chambre. Tous découragés, les visiteurs du jour retournent chez eux, non sans désigner une délégation de sages à aller aux nouvelles au sujet de Kalifa, monsieur « Bon samaritain » du quartier.
Kalifa est un homme qui a beaucoup d’argent. Il est l’un des plus riches du quartier. Kalifa a le cœur sur la main. Autrement dit, il donne sans distinction ni considération aucune. Le problème d’autrui est son problème. Tout le quartier est unanime que Kalifa est un homme généreux. Malheureusement pour lui, Dieu n’a jamais exaucé sa prière d’avoir ne serait-ce qu’un enfant. Les marabouts et autres féticheurs rencontrés n’ont pu résoudre ce problème de Kalifa. Il décide ainsi d’adopter la fille de son petit frère. C’est-à-dire sa nièce. En pays bobo, il est dit que « les enfants du petit frère sont ceux du grand frère et vice-versa ». En adoptant la fille de son petit frère, Kalifa ne voit en elle que sa propre fille. Ainsi, sa nièce est non seulement traitée comme il se doit, en sa qualité de l’enfant d’un riche, mais aussi est l’héritière de la fortune de Kalifa. Tout se passe bien entre la nièce et son oncle. La fille poursuit son cursus scolaire sans difficulté. En année de licence, elle fit connaissance d’un jeune homme. Les deux amoureux cheminent pendant un bout de temps, avant de passer à la présentation aux familles respectives.
L’amant de la nièce de Kalifa est non seulement de la caste des griots, mais aussi le fils d’un ennemi juré de la grande famille de Kalifa. L’arrière grand-père du jeune homme aurait engagé avec des complice, une action qui visait à exterminer la lignée des l’arrière grand-père des Kalifa. Ce dernier use de ruse pour déjouer les pièges à lui tendus. De génération en génération, la nouvelle est transmise. Avant de casser sa pipe, le père de Kalifa aurait prévenu ses enfants à ne jamais collaborer avec la famille de l’amant de la nièce. Nous sommes en Afrique, il y a des interdits qui résistent aux religions révélées et le modernisme. C’est pourquoi, quand sa nièce a présenté son amant et suite aux renseignements, le jeune est non seulement de la même localité que Kalifa, mais aussi de la famille ennemie de la leur (Kalifa et ses frères). Kalifa s’oppose et explique tout à sa nièce. Malgré tout, sa nièce tient au jeune homme.
Ayant tout fait pour la dissuader sans réussir, Kalifa ne faisait que pleurer. Surtout que sa nièce a déménagé chez le jeune en question. Toute chose que Kalifa a du mal à supporter. D’où ses larmes malgré sa richesse. Des larmes que des voisins ne comprennent pas, malgré la richesse de Kalifa. Comme quoi, Dieu ne donne pas tout à un individu.
Souro DAO/ daosouro@yahoo.fr