Lotissement à Bama, Monsieur le ministre prenez vos responsabilités !

A Bama, localité située à une trentaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso, les marches et les contre-marches se succèdent les unes pour le lotissement, les autres contre le même lotissement. La dernière en date du 6 juillet a consisté pour les manifestants opposés, faute de pouvoir fermer la mairie, de demander tout simplement au maire de la quitter dans trois jours. Passé ce délai, que feront-ils, ces manifestants? Silence et boule de gomme.

En effet, à Bama, en plus de la question foncière, il y a deux autres problèmes, qui d’ailleurs, expliquent cette tension.Il s’agit de la question politique, doublée d’une question ethnique. Qui, de façon latente, oppose les autochtones (qui veulent retirer leur mairie) aux allogènes qui l’occupent actuellement, et même bien avant. Il n’est pas exagéré de le dire et de le marteler, même si au plus haut niveau on ne veut en entendre parler. Comment se fait-il alors que les chefs coutumiers soient divisés sur une question qui les concerne tous, en l’occurrence le lotissement de leurs terres? Comment se fait-il que les propriétaires terriens soient eux-aussi divisés sur la même question? Evidemment, il y a une main invisible derrière qui attise le feu à Bama.

C’est pour toutes ces raisons que, si j’étais le ministre de l’Administration du territoire ou celui de l’Urbanisme et de l’Habitat, je retirerais tout simplement l’autorisation de lotir à Bama. Et dans toutes les autres communes où les populations ne s’accordent pas sur les conditions de lotissement. Je prendrais mes responsabilités car, convaincu je l’aurais été que la terre étant source de conflit, il vaut mieux éviter toute opération pouvant mettre à mal le vivre-ensemble. Car, au fur et à mesure qu’approchent les élections présidentielles et législatives, la tension est très perceptible. C’est bien de cela qu’il s’agit.

Par ailleurs, à Bama, comme partout ailleurs où les signaux ne sont pas bons, il me semble qu’il est plus important d’agir pendant qu’il est temps au lieu d’attendre que les choses se compliquent davantage pour ensuite jouer au pompier.

Il est de notoriété que lorsqu’il s’agit de conquérir le pouvoir, les politiciens sont prêts à tout; même à pactiser avec le diable. C’est ainsi qu’à Bama, ils sont en mesure d’opposer davantage les populations pour arriver à leurs fins. Aussi, la grande responsabilité revient-elle aux populations de bien identifier ce qu’elles veulent. Elles qui ont toujours vécu ensemble depuis des décennies et qui continueront de vivre ensemble. Que Bama soit loti ou pas.

Du reste, ce qui est sûr, la localité de Bama ne peut se développer tant qu’elle n’est pas lotie. C’est l’une des premières exigences pour un développement véritable et durable. Puisqu’elle conditionne l’accès aux services de base, dont le logement qui est un droit constitutionnel. Autrement, que ce soit avec Gondé Lassina comme maire ou pas, Bama sera loti.Et le plus tôt a toujours été mieux.

Séri Aymard BOGNINI