Maître Toussaint Abel Coulibaly : “La réconciliation est-elle possible au Burkina Faso?”

Maitre Toussaint Abel Coulibaly n’est pas persuadé que tout le monde œuvre pour une véritable réconciliation au Burkina Faso. Voici ce qu’il a écrit sur sa page Facebook et que nous avons décidé de publier avec son accord. Lisez !

“Je me pose cette question à longueur de journée et surtout au regard de l’attitude de certains acteurs de cette Réconciliation Nationale. Depuis le début du processus, je constate qu’il y a des petites phrases, des petits actes et autres comportements qui ne me rendent pas optimiste. Pour une fois mon optimisme habituel se fissure chaque fois que je tente de rassembler les éléments devant concourir à la réconciliation entre filles et fils du Burkina Faso. J’ai l’impression que chacun  » tire la couverture sur soi  » au lieu de permettre que chaque acteur se sente couvert par cette couverture commune. Pour l’instant, je ne désespère pas mais il est grand temps que les données changent.

La sincérité est un maillon essentiel du processus et je n’ai pas l’assurance que nous jouons tous franc-jeu. Si pour un oui ou un non un dialogue politique peut être bloqué, qu’en sera-t-il quand viendront les questions cruciales ? Si nous voulons vraiment la réconciliation à l’instar du président Roch Marc Christian Kaboré qui en a fait une priorité, il faut que nous sortions des carcans dans lesquels nous nous sommes enfermés. L’erreur de penser que cette réconciliation ne concerne que quelques Burkinabé est un frein pour le processus. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest il y a des citoyens à réconcilier.

La suspension du dialogue politique est pour moi un indicateur de la mauvaise foi des acteurs cooptés pour agir au nom de l’ensemble des Burkinabé. Il est encore temps de se ressaisir pour ne pas aboutir à une foire comme celle qui a déjà eu lieu et qui était censée exorciser le Burkina Faso. Si nous ne sommes pas sincères avec nous et sincères avec les autres, je suis désolé de dire qu’il n’y aura pas de réconciliation. Les mots ne suffiront pas. Il faut plutôt des actes forts, des consensus ou compromis point par point pour aboutir à la Réconciliation Nationale.

Toutes les positions radicales sont en défaveur du processus. Pendant que nous cheminons vers l’objectif, des faits nouveaux viennent se greffer à l’ossature initiale compliquant davantage notre mission. Il faut un sursaut patriotique de chaque Burkinabé. Accepter de  » perdre  » d’un côté et « gagner » de l’autre pour qu’à l’arrivée le pays gagne. Les tensions doivent être apaisées dès à présent pour que dans la sérénité tous les sujets puissent être abordés et réglés pour le bonheur des populations qui sont fatiguées de traîner des boulets.

À l’analyse, il faut revoir notre approche de la Réconciliation Nationale pour que nous soyons tous optimistes. Nous avons intérêt à réussir si nous voulons un pays où nous pourrons enfin nous tourner vers les ennemis communs qui tuent chaque jour nos compatriotes (Forces de défense et de sécurité, Volontaires pour la défense de la patrie et civils). Je prie pour que Dieu le père tout puissant nous assiste pour faciliter notre compréhension de la Réconciliation Nationale mais surtout son importance pour notre pays”.