Pour la junte qui s’est emparée du pouvoir au Mali avec quelques arguments contextuels à sa faveur, disons les choses telles qu’elles sont. Le plus dur est sans doute passé. Elle n’a pas eu la communauté africaine (la CEDEAO) sur le dos, au point de se voir opposer une force militaire africaine. Il lui a été intimé l’ordre de rendre le pouvoir à qui de droit, à savoir le président élu et déchu. C’est plutôt IBK, malade, qui a quitté le Mali après sa démission forcée. Il part se soigner aux Emirats Arabes Unis, apprend-t-on, entouré de quelques uns de ses proches. Son fils qui a indirectement contribué à sa chute, se sauve aussi du Mali actuel qui se cherche de nouvelles bases. Le plus dur est passé, mais l’essentiel est devant, sur une table de travail et de négociations inter-maliennes pour aller vers de nouvelles consultations électorales. Un certain désordre a été signalé par rapport à la préparation et la validation des TDR de ces travaux qui impliquent de larges participations étendues à différentes composantes du peuple. Le délai de quelques jours suffira-t-il à des travaux de qualité ? D’éminences grises maliennes y veillent parmi les participants. Il le faut, car aussi bien Paris que la CEDEAO n’entendent pas accorder au Colonel Assimi Goïta, 37 ans et président du CNSP qui préside actuellement aux destinées du Mali, un délai allant au-delà d’un an. Ce serait rude pour ce pays pauvre de faire face aux sanctions économiques et diplomatiques que pourrait lui faire subir la CEDEAO. Qu’ils bénéficient d’un délai supplémentaire ou pas, les Maliens n’ont d’autres choix que de réussir une sortie de crise via ces travaux préparatoires à de nouvelles élections. Sur la base de normes qu’on souhaite en tant qu’Africains, plus solides pour le pays et moins entachées des tares qu’on a reprochées au président déchu. Laissons voir venir à la tête du Mali de plus compétents et travailleurs dans les prochains mois après ces consultations nationales vers une transition dirigée par un civil, à moins de faire économie de cette étape transitoire comme il en a été au Burkina Faso après la chute du Président Compaoré. On parle actuellement de reconstruction et de processus vers une refondation de la démocratie au Mali. C’est l’ambition manifeste d’une nouvelle base, une refondation de l’État malien. Avec en vue, de faire face à l’épineux problème sécuritaire au nord du pays. Là où la France et d’autres Etats africains et étrangers sont impliqués, là où les derniers événements suite à la mort de soldats français de la force barkhane, tendent à ouvrir une nouvelle étape également, avec la constitution d’une nouvelle force internationale plus étendue ! Bref, le pouvoir malien ne sera pas le seul acteur au Mali avant longtemps, avant qu’un Etat malien se montre capable de résoudre seul ses propres problèmes. C’est aussi encore cela l’Afrique pseudo indépendante d’aujourd’hui ! Elle fait tout sous le regard protecteur de l’extérieur.
Sibiri SANOU