En Côte d’Ivoire et en Guinée-Conakry, Alassane Ouattara, Alpha Condé et leurs partisans font la sourde oreille. Car en vérité, ce n’est pas la légalité de leurs candidatures qui pose problème, mais plutôt leur opportunité et surtout le fait que c’est le «troisième». En fait, le mandat de trop. Les populations africaines en ont assez des mandats de «trop», surtout quand le candidat en a déjà fait au moins deux. C’est tout le problème qui se pose en Côte d’Ivoire et en Guinée-Conakry et risque de poser problème dans d’autres pays ouest-africains ou d’Afrique du Centre. Notamment au Cameroun et au Congo-Brazzaville, pays dont les chefs d’Etat ont la plus longue longévité au pouvoir.
En Côte d’Ivoire comme en Guinée-Conakry, la Constitution a été révisée. Dans des conditions que les oppositions ont dénoncées. Certainement parce qu’ils voyaient venir les ambitions des présidents en poste. En Guinée, les protestations contre la révision ont même occasionné des manifestations meurtrières puisqu’il y a eu des morts dans les rangs de l’opposition. Si en Côte d’ivoire, il n’y a pas eu de manifestations véritables, c’est tout simplement parce que la classe politique ne soupçonnait pas Alassane Ouattara d’un troisième mandat. Au contraire, jusqu’à la dernière minute, il a donné les garanties qu’il ne se représenterait plus. C’est dès qu’il s’est ravisé, après le décès de son Premier ministre et candidat à qui il voulait faire la dévolution du pouvoir, que tout s’est chamboulé.
Dans les deux cas, Alassane et Alpha, ont fait croire que leurs candidatures ont été voulues et soutenues par le peuple. Qui, en l’espèce, soutient toujours que le président en place est irremplaçable, car avancent-ils : «il est le seul à pouvoir trouver des solutions aux préoccupations des populations». Alassane a laissé venir les choses jusqu’à ce que dans les rangs de son parti, les caciques viennent à lui pour lui demander de se présenter. En Guinée-Conakry, c’est exactement la même chose. Là-bas, l’annonce de la candidature d’Alpha Condé a été faite à la télévision nationale et dans les médias d’Etat par des partis politiques, dont celui d’où il est issu. Tout ça, pour faire croire que ce n’est pas lui qui veut, mais que ce sont les autres qui le lui demandent.
Ce qui est sûr, que ce soit en Côte d’Ivoire ou en Guinée, ces troisièmes mandats passeront difficilement. Même s’ils passent, les présidents élus auront de grosses difficultés à mener à bien ce pour quoi ils pensent avoir été réélus. D’abord s’ils passent le troisième, ils voudront passer le quatrième. Qui pour eux, sera considéré comme le deuxième mandat de la Constitution en cours. Alors qu’au compteur, ils en auront quatre, soit une vingtaine d’années au pouvoir. Il ne faut pas se leurrer, ça ne passera pas. Alassane et Alpha le savent pertinemment. Eux qui n’ont pas accepté en leur temps donner tout ce temps à leurs devanciers qu’ils ont combattus par tous les moyens afin qu’ils leur cèdent le pouvoir. A suivre.
Dabaoué Audrianne KANI