Mendicité avec les jumeaux : Pratique culturelle ou danger pour la société ?

La mendicité avec les jumeaux est de plus en plus récurrente dans les grandes villes du Burkina Faso. Au-delà de l’aspect culturel, cette pratique pourrait être un terreau fertile pour de nouveaux mendiants.

 « Flaniw b’a fora » ou encore « aw ye flaniw son » (faites des dons aux jumeaux) tels sont leurs slogans. Elles sont nombreuses à se promener ou encore à se faire une place aux alentours des ronds-points, marchés ou toutes autres places publiques attirant du monde. Leur objectif : se faire des sous ou avoir de quoi se nourrir.

Pour certaines d’entres elles, cela relève purement de la tradition pour qui toutes mères de jumeaux doit obligatoirement mendier aux risques de se voir arracher ses progénitures. Une pratique culturelle présente dans bon nombre de pays de la sous-région. Cependant, toutes ne partagent pas cet avis. La misère, le chômage, bref l’absence du minimum vital, voici ce qui pousse Thérèse Christiane Lolo (nom d’emprunt) mère de jumelles et bon nombre de ces camarades dans la rue. « J’exerçais une petite activité, mais depuis quelques temps j’ai été licenciée.

Aujourd’hui, je me donne entièrement à cette activité pour me nourrir et nourrir mes enfants». Cette activité a pris de l’ampleur à telle enseigne que le volet culturel ne saurait plus expliquer ce phénomène. On va même jusqu’à entendre souvent certaines pratiquantes s’attrister en disant « bi lôgô ma dia » pour dire que le marché n’est pas bon ou pire éclater de joie en affirmant « bi lôgô diara » pour dire que le marché est bon.  

A ce stade il est clair qu’il n’est plus question de pérenniser la culture, mais plutôt de la création d’un business illicite et illégitime.  Qu’est-ce qui peut bien empêcher ces femmes de s’adonner à des activités éphémères à même de leur offrir le minimum vital ? Ce qui est à craindre, c’est le futur de ces enfants qui naissent et grandissent dans cette mendicité. N’a-t-on pas coutume de dire que l’habitude est une seconde nature ?

En tout cas si rien n’est fait, ces enfants sont bien partis pour être de futurs mendiants, de futurs délinquants. La résolution de ce phénomène et en générale celui de la mendicité doivent être mis au centre des questions sociétales.  A défaut, il risque d’être une source d’alimentation de fléaux comme grand banditisme, pire le terrorisme.

Mohamed Roland YO/ Stagiaire 

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