Quand la canicule s’en mêle, le mois de carême semble plus difficile, mais n’en demeure pas moins une période de chasteté pour le bon musulman. Comment se passe cette première semaine pour les uns et les autres ? Quelques croyants du secteur 24 ont bien voulu répondre à la question.
Dans son restaurant kiosque du » marché de non-lotie au secteur 24 », Clarice garde le sourire de tous les jours. Son établissement n’a pas l’affluence des jours d’avant le carême, mais »ça marche tant bien que mal ». Parmi les clients qui viennent et s’en vont laisser la place à d’autres, des bagagistes à trois roues venues prendre le repas de midi. » Vous ne respectez pas la période de jeûne ? » « Non, on n’est pas musulman ». Entre deux bouchées de riz bien chaud et des gorgées d’eau fraiche, ils se taquinent entre copains et invitent la marchande à venir prendre son argent. Le carême, ça ne veut rien dire pour eux. Mais, la tenancière a manifestement ajouté un plus pour attirer davantage de clients et ceux qui viendront dans la soirée après la rupture du jeûne.
Deux glacières pour conserver l’eau et autres boissons fraiches. Un peu plus loin, le jeune Kanazoé supporte vaillamment la chaleur de cette mi-journée, sous un hangar avec ses collègues. Il fait autant chaud, sinon plus dans son magasin d’accessoires de portables et appareils électroniques divers. Il connait bien les interdits du jeûne. « Pendant qu’on est en carême, ne doit pas mentir, ne pas courtiser, ne pas diffamer, ne rien faire d’inconvenant », dit-il. Il précise : » En fait, pendant le carême, on se comporte comme on devait le faire tous les jours de notre vie. Mais vous savez, l’homme oublie vite.
Après le carême, on retombe souvent dans les mêmes travers ». Le carême se présente ainsi comme une période de pénitence, un mois saint de 29 à 30 jours. Kanazoé a fait le nécessaire pour que la famille traverse la période sans grandes difficultés mais il conseille la modestie. » Tu n’es pas obligé de te forcer à faire des dépenses dont tu n’as pas les moyens. Le croyant doit vivre selon ses moyens. L’essentiel, c’est d’éviter tout ce qui peut annuler ton carême, sinon tu auras souffert pour rien ». C’est aussi la pensée de Dambré, autre vendeur de marchandises électroniques. » La chaleur est un peu difficile à supporter, mais pour le moment il n’y a pas de problème. On commence à sentir la fatigue vers le vingtième jour.
Sinon pour le moment, on est toujours en forme. Pas besoin de prendre des quantités énormes de nourriture le matin. D’ailleurs, on ne peut pas trop manger à cette heure-là. Et le soir aussi, si tu te précipites à trop manger ou boire, tu auras des maux de ventre ». Tous les musulmans du quartier s’efforcent de respecter le mois de carême. Comme la famille Sanou. A l’aube aux environs de 4h20, petits et grands ont partagé le repas de carême après les ablutions.
« De retour de l’école, ce mardi midi, deux garçonnets ont acheté de la nourriture à emporter. Moi, j’ai mis le carême, mais lui ne l’a pas mi », dit-il en désignant son petit frère. Mais qu’en dit exactement le saint livre des musulmans ? Le maître de l’école coranique du quartier voudrait bien nous en parler, mais à condition de »revenir demain ». Il a été occupé toute la journée et l’heure est au repos et à la prière. Ses jeunes protégés qui lui ont fait appel pour nous recevoir ont juste le temps de nous dire qu’ils ont pris ensemble le repas du jeûne et qu’il en sera de même pour sa rupture.
Sibiri SANOU