Mois du « Consommer local » dans les Hauts-Bassins :encouragements de la gouverneure à des unités industrielles

Mariama Konaté/Gnanou, gouverneure de la région des Hauts-Bassins a pris son bâton de pèlerin pour arpenter les couloirs de 3 unités industrielles de Bobo-Dioulasso, le mardi 22 octobre 2024. Les Moulins du Sahel, SIA-BF et SOBUFAB, sont les heureux élus pour cette visite.

Le premier point de chute de la gouverneure et sa délégation est « Moulins du Sahel », dans la zone agroindustrielle du secteur 23. Il y est accueilli par Biram N’Diaye, le Directeur de « Moulin du Sahel/Burkina », et son équipe. Après les salamalecs d’usage, et l’objet de la visite campé, place aux choses sérieuses. Selon le patron des lieux, son unité a débuté ses activités en 2017 et produit de la farine de blé pour les boulangeries et producteurs de gâteaux, ainsi que du son pour l’alimentation animale. Le choix de Bobo-Dioulasso a été fait parce qu’il s’agit d’un carrefour de transport et commercial. La capacité installée de l’usine est de l’ordre 60 000t/an de farine et 15 00t/an d’aliment bétail, mais l’usine ne fonctionne qu’à environ 70 à 70% de cette capacité.
La gouverneure et sa délégation ont droit à une visite guidée de l’entreprise, avec pour guide Amine Nadi, le directeur technique. Tous les compartiments de l’entreprise ont été montrés à la première responsable des Hauts-Bassins. Du point d’entrée de la matière première à la sortie du produit fini, en passant par les différentes étapes de production (nettoyage matière première, broyage, tamisage, analyses en laboratoire…) rien n’a été oublié. Même pas le prélèvement sur volet de sacs de farine pour des tests dans des boulangeries partenaires de la place pour s’assurer de la conformité du pain avec ce qui est attendu par le consommateur burkinabè en termes de qualités organoleptiques. Au laboratoire de Moulins du Sahel Burkina, il est revenu au responsable Qualité, Adama Traoré, d’expliquer toute la panoplie de tests et d’analyses réalisé par son service avant que le produit fini ait le droit d’être mis à la disposition des consommateurs. Il n’a pas manqué de signaler que la farine de blé produite par Moulins du Sahel Burkina est enrichie en fer, en acides foliques et en vitamine du groupe B.
Le Directeur de Moulin du Sahel/Burkina, Biram N’Diaye, a exposé à la gouverneure Mariama Konaté/Gnanou des difficultés d’approvisionnement et d’écoulement qu’a connues son entreprise. Mais, il se réjouit de la restriction d’importation de la farine de blé prise par le gouvernement. Lui et son équipe sont dans la dynamique du consommer local prôné par les plus hautes autorités du pays. C’est pourquoi, il encourage la production locale de blé et promet de se ravitailler prioritairement en blé produit localement jusqu’à épuisement. En perspective, son entreprise compte se lancer dans la production de farine de maïs, de mil et autres. Fort de cet engagement dont elle s’est réjouie, la gouverneure et sa délégation ont pris congé et mis cap sur une autre unité industrielle.

SIA-BF, deuxième halte !
SIA-BF est une unité de production de boissons située à quelques encablures de Moulins du Sahel Burkina, toujours dans la même zone industrielle agroalimentaire, route de Bama. Ici, la visite-guidée est conduite par Issouf Sanga, DG de SIA-BF. Il fait savoir que son entreprise a ouvert ses portes en 2009. Elle exerce dans la production de boissons alcoolisées. Une bonne partie de la matière première venait de l’extérieur, notamment de l’alcool éthylique. A partir de cet alcool fort, l’usine produit des boissons à moindre teneur d’alcool. Aujourd’hui, l’usine est à l’arrêt, en instance de restructuration, selon les explications du maître des lieux. Malgré cela, il n’a pas manqué de conduire les visiteurs du jour dans les différents compartiments de l’usine. A son temps fort, l’entreprise employait près de 300 personnes, majoritairement des femmes dont plusieurs étaient venues à l’usine à l’occasion de la visite de Mariama Konaté/Gnanou et sa délégation. Leur porte-parole fait savoir que parmi elles, il y a beaucoup de veuves qui s’occupent de leurs enfants. C’est pourquoi elle, sollicite la gouverneure de faire ce qui est en son pouvoir pour que l’usine reprenne du service, afin qu’elles reprennent le travail et retrouvent le sourire et la joie de vivre. En réponse à cette doléance, la gouverneure des Hauts-Bassins a expliqué que les autorités actuelles mettent l’accent sur la transformation et la consommation des produits afin de ne plus envoyer l’argent ailleurs, mais qu’il reste au pays. Elle leur a promis de faire le plaidoyer en ce sens.
La situation actuelle de la société serait en partie liée à la levée de la mesure de détaxe sur l’importation de sa matière première. Cela en adéquation avec les nouvelles orientations de lutte des autorités contre les effets nocifs de l’alcool sur la santé des jeunes.
Aussi, la direction de l’entreprise, dans sa dynamique de restructuration va mettre l’accent sur la transformation des produits forestiers non ligneux locaux comme le raisin sauvage, le pain de singe, le tamarin, le pois sucré, etc. Cette restructuration devrait permettre, à terme, d’apporter une plus-value sur l’ensemble de la chaîne, notamment pour les femmes qui vont chercher la matière première pour ravitailler l’usine, a expliqué la gouverneure aux nombreuses femmes venues l’écouter. Puis, elle leur formule à elles et à la direction de l’entreprise ses encouragements comme mots de fin de visite.

SN SOBUFAB, une autre unité en restructuration
La Société nouvelle Société burkinabè de fabrication de boissons et de vins (SN-SOBUFAB) est implantée au secteur 19 dans la zone industrielle route de Banfora, au sud de la ville de Bobo-Dioulasso. C’est la troisième unité industrielle qu’a visitée la gouverneure des Hauts-Bassins, ce mardi 22 octobre 2024.
Comme cela a été le cas dans les deux autres unités, après les salamalecs d’usage, l’objet de la visite est campé. Elle s’inscrit dans le cadre du mois de « Consommer local », institué par l’UEMOA au mois d’octobre de chaque année. Elle fait aussi écho à la 2ème phase des Journées nationales d’engagement patriotique et de participation citoyenne (2 au 16 octobre 2024). Ici aussi, la délégation a été reçue par les premiers responsables de l’entreprise, et la visite a été guidée par le Directeur général adjoint (DGA), Rahed Bouda Moïse. Tout au long de la visite, il a donné des informations de son entreprise. « On fabrique la boisson locale. Donc on est complètement dans le thème du « Consommer burkinabè ». On essaie de valoriser tous les produits locaux et de faire la boisson la plus saine et la plus propre possible pour le peuple burkinabè en respectant toutes les normes de santé et environnementales », dit-il. L’entreprise pouvait produire plus de 2 millions de litres par an, mais depuis la crise du COVID-19 et le décès du gérant, elle a connu des difficultés. La principale difficulté est liée à l’approvisionnement en matières premières locales. Mais, cela s’améliore, reconnaît le DGA.
Ici comme à SIA-BF, « l’entreprise est en restructuration », explique-t-il. Mais, il faut noter que la restructuration est beaucoup plus avancée. Pour preuve, les nombreuses machines flambant neuves acquises et prêtes à être installées pour la relance de l’activité. Pour lui, cette visite de la première responsable de la région « est un honneur pour nous, parce que ça ne nous arrive pas très souvent. On sent qu’il y a vraiment un mouvement dans le nouveau gouvernement, les gens sont à l’écoute. On sent une vraie volonté de changement. Ça fait vraiment plaisir de recevoir une telle visite officielle. La plus-value de cette visite c’est déjà les encouragements et surtout le fait de savoir qu’on est une structure qui est à l’écoute. Vu nos difficultés, c’est quelque chose qui nous encourage beaucoup. Cela a un impact positif sur le personnel ». Si bien qu’il envisage reprendre la production dès 2025 et lancer de nouveaux produits comme l’eau.
« Nous nous sommes donnés pour objectif de visiter les entreprises qui font dans la transformation de nos produits locaux pour toucher du doigt leur travail, voir est-ce que ce qu’ils transforment sont effectivement des produits locaux. Nous sommes venus aussi les encourager », a noté Mariama Konaté/Gnanou. Et Abdoul K. Koura, le directeur régional de l’industrie, du commerce et de l’artisanat des Hauts-Bassins, de d’expliquer pourquoi le choix de ces trois entreprises. Pour Moulins du Sahel, il s’agit de voir si la mesure gouvernementale de soutien au secteur porte fruit. En ce qui concerne les deux autres unités qui sortent d’une situation difficile, il était important pour l’autorité d’aller voir ces unités qui sont en train de se réorienter pour pouvoir proposer aux Burkinabè de nouveaux produits pour occuper le marché, a-t-il fait comprendre.
Aly KONATE
alykonat@yahoo.fr