Ouattara Carine, prothésiste ongulaire : « Je vis de ma passion et je ne m’en plains pas du tout »

Elle est titulaire d’une licence en droit et a un niveau Master 2 en communication. Vingt-huit ans, célibataire avec un petit garçon de deux ans, Carine Ouattara n’est pas de celles qui comptent sur l’Etat pour l’embaucher. Décidant de voler de ses propres ailes, la jeune dame a créé son salon, en installation à Pissy. Allons à sa découverte.

Qui est Carine Ouattara ?

Je suis prothésiste ongulaire de formation. Le travail de prothésiste ongulaire consiste à améliorer l’aspect de l’ongle de la cliente, à travers une extension à l’aide de capsules ou sans, ensuite grâce au modelage et au renforcement de l’ongle à l’aide de matières comme la résine, le gel, l’acrygel. Ce travail consiste aussi à corriger les différentes imperfections qui pourraient s’y trouver. J’exerce ce métier depuis une année bientôt.

Il n’y a pas de sot métier

Pourquoi ce choix ?

J’ai essayé de faire les concours (même si ce n’est pas beaucoup), plus pour faire plaisir à la famille qui voulait me voir dans un bureau. J’ai aussi travaillé dans des agences de communication où j’ai eu à faire quelques stages. Concernant ce métier, j’ai vu que c’est un métier d’avenir ici. Déjà, au départ quand j’avais eu l’idée, ce n’était pas quelque chose de répandue ici au pays. J’ai eu l’occasion d’aller à l’extérieur (Lomé), j’ai vu ça et j’ai voulu transporter ça ici. Maintenant ici, j’ai eu à faire des formations avec les rares personnes qui le faisaient. Malheureusement, ça n’a pas abouti. J’ai dû aller ailleurs pour me faire former et revenir commencer le métier.

Quels sont les soins les plus demandés ici au Burkina Faso ?

C’est plus la pose d’ongles à la résine. Il y’a aussi les manucures pédicures. La lampe UV pour sécher les ongles parce que je ne travaille pas avec du vernis permanent.

Quelles sont les compétences et les qualités nécessaires pour exercer ce métier ?

Je dirai qu’il faut beaucoup d’assiduité et surtout beaucoup de patience. Car avec une cliente, on peut passer 1 heure 30 à 2 heures de temps, juste pour faire les mains. Il faut également être minutieux, savoir faire très attention aux détails, avoir une bonne dextérité manuelle pour l’application des différents produits, et beaucoup de patience, non seulement dans le travail mais aussi avec les clientes (certaines sont très indécises, il faut savoir les conseiller et les mettre en confiance).

Comment voyez-vous l’avenir d’un tel métier au Burkina Faso ?

Le métier est présentement en pleine extension ici, et j’espère que dans les années à venir, il sera beaucoup plus développé. C’est mon but principal de faire apprendre ce métier un peu comme dans les pays voisins. Ici c’est au stade embryonnaire et j’aimerais contribuer à permettre à une plus grande catégorie de personnes de pouvoir s’octroyer ces soins-là. Car actuellement, il n’y a qu’une certaine catégorie qui peut se le permettre vu le coût. Je dirai que ce secteur est très porteur même s’il est un peu embryonnaire au Burkina. C’est la raison pour laquelle il faut en profiter et il y a beaucoup de femmes qui commencent à s’y intéresser. C’est un secteur dans lequel on ne peut vraiment pas chômer si on s’y met.

Quelles sont vos perspectives ?

Mon ambition c’est de répandre ce métier, avoir une chaine de salons et espérer créer un salon dans chaque quartier de Ouagadougou afin de permettre à un plus grand nombre de s’y procurer. Certains de mes services sont mixtes, tels que les soins de mains et de pieds. Et je reste disponible aussi pour les entreprises qui voudraient faire plaisir à leurs employés. C’est un moyen assez original pour encourager les travailleurs. Pour déjà les prestations que j’ai eues à faire dans ce cadre, les employés étaient plus que ravis.

Quelles sont les difficultés rencontrées ?

C’est principalement la rareté ou le prix exorbitant des certains produits ici à Ouagadougou. Pour un produit vendu à 1000 FCFA en Côte d’Ivoire, il est revendu entre 4000 et 5000 FCFA ici. Surtout en cette période de fermeture des frontières, il y a un problème de ravitaillement. Il y aussi des clientes qui trouvent le service hors de portée à première vue ! Mais une fois le service accompli, elles comprennent pourquoi le tarif est fixé de la sorte.

Quels conseils avez-vous pour ceux qui souhaitent se lancer dans ce métier ?

Je leur dirai de ne pas hésiter. C’est vraiment le moment d’en profiter avant que le marché ne soit inondé. Je ne peux qu’encourager mes frères et sœurs à lutter pour leur autonomie financière, et leur dire qu’il n’y a pas de sot métier. Tant que vous n’avez pas à voler, à tuer ou vous prostituer pour ce que vous avez, vous pouvez en être fier. Certains posent souvent un regard interrogateur ou de compassion sur moi du fait qu’avec mes diplômes je me retrouve à faire ce métier. Mais je ne m’en plains pas du tout, parce que je vis de ma passion. C’est cela le plus important pour moi. Faire ce qu’on aime et y trouver son compte. Je travaille avec une fille. Mais à temps partiel. C’est quand j’ai beaucoup de boulot que je lui fais appel.

Aïcha TRAORE

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