En Côte d’Ivoire, le Conseil constitutionnel a tranché ce lundi 14 septembre. Ils seront quatre candidats sur les quarante-quatre prétendants à concourir pour le poste de prochain président de la République. Après cette longue attente dont les conclusions n’ont pas véritablement surpris, on peut bien spéculer. D’abord, quarante-quatre dossiers pour un poste de président de la République, c’était déjà trop. Cette pléthore de candidatures montre à souhait, une fois de plus, combien les Ivoiriens sont divisés et avaient besoin de réconciliation. Malheureusement, le pouvoir d’Alassane Ouattara n’a pas de résultats satisfaisants dans ce domaine. Au contraire, les Ivoiriens semblent plus divisés qu’ils ne l’ont jamais été. En tout cas en ce qui concerne la classe politique. Que feront alors les recalés du Conseil constitutionnel si ce n’est, très amers qu’ils sont, de poursuivre à creuser davantage le fossé de cette division ? Et c’est la Côte d’Ivoire toute entière qui perd. Autrement, il faut s’attendre à ce que les élections ne se fassent pas dans la sérénité que tout le monde aurait voulue, y compris le pouvoir en place. Dommage !
Ensuite, l’invalidation des candidatures de figures emblématiques telles que celles de Laurent Gbagbo, de Guillaume Soro, d’Albert Mabri Toikeuse, de Marcel Amon-Tanoh et de Mamadou Koulibaly, n’est pas pour calmer le climat politique. Au contraire, ces poids lourds de la politique ivoirienne ne resteront pas les bras croisés. En attendant de savoir leurs réactions qui ne tarderont pas du tout, il faut noter qu’avec leurs partisans, ils ne feront rien non plus pour permettre un déroulement serein du scrutin. Guillaume Soro, depuis son exil français a déjà annoncé les couleurs quand il écrit sur sa page Facebook que la page d’un nouveau combat vient de s’ouvrir.
Enfin, en confirmant les candidatures de Pascal Affi N’Guessan, d’Henri Konan Bédié, d’Alassane Ouattara et de Kouadio Konan Bertin, la Cour constitutionnelle a repris les mêmes. Autrement dit, il n’y a aucune surprise car les quatre candidats qui sont autorisés à concourir ne sont pas à leur première participation à une élection présidentielle. Si bien que, ce qui se joue après ce tri très sélect du Conseil constitutionnel, c’est l’avenir de la Côte d’Ivoire. Car, si on considère les mouvements, manifestations et affrontements violents qui ont fait des morts après la déclaration de la candidature d’Alassane Ouattara, sa validation va focaliser encore davantage les esprits et les débats.
La Côte d’Ivoire retient donc son souffle. La sous-région également, car les événements meurtriers des années 2010 sont encore vivaces dans les esprits. Personne ne souhaiterait les revivre, même pas en rêve. Mais que faire face à l’entêtement d’une classe politique ivoirienne qui, pour des egos personnels, prend tout le pays en otage ? Dans tous les cas, si les choses devaient en rester là, il revient aux Ivoiriens de savoir prendre leurs responsabilités au soir de ce 31 octobre. En écrivant dans les urnes de nouvelles pages de leur pays.
Dénis Dafranius SANOU