Même s’ils ne le veulent pas le croire, Alassane Ouattara et son clan politique sont bien conscients que les signaux ne sont pas complètement an vert. Les inquiétudes d’institutions internationales comme l’Union européenne quant aux conditions d’organisation de la présidentielle sonnent comme un avertissement. Cette institution, l’un des principaux partenaires de la Côte d’Ivoire demande que les élections soient inclusives. En outre, elle demande aux institutions chargées de son organisation de prendre toutes les dispositions pour qu’elles se déroulent dans des conditions acceptables de transparence, d’équité et d’ouverture pour tous. Malheureusement, c’est tout le contraire qu’il est donné de constater en ce moment.
Aussi, si j’étais Alassane Ouattara, président de la Côte d’Ivoire que j’ai dirigée pendant 10 ans, je créerais toutes les conditions pour qu’il y a ait des élections apaisées, équitables, inclusives et acceptées. Même si tout le monde ne peut être satisfait à la fois. Pour cela, ma première décision aurait été de reporter purement et simplement les élections. Les raisons ne peuvent pas manquer. D’ailleurs, c’est l’une des revendications de l’opposition politique. Une fois les élections reportées, je convoquerais une importance rencontre au cours de laquelle, la parole sera donnée à tous les acteurs afin qu’à l’issue sortent des conclusions qui permettent aux Ivoiriens de se parler. En vérité, l’un des gros problèmes des Ivoiriens, c’est le manque de réconciliation. Le nombre pléthorique de candidats (ils étaient 44 sur la ligne de départ) en est l’une des illustrations les plus fortes. Mieux, dans les rangs du pouvoir, de nombreux cadres ont quitté et avaient choisi d’affronter le candidat d’Alassane ou lui-même à cette présidentielle. C’est encore une preuve qu’au sein du pouvoir, la mésentente est grande. Par ailleurs, je donnerais des instructions pour que toutes les institutions chargées de l’organisation des élections, actuellement querellées, soient révisées afin de les conformer aux exigences de toute la classe politique.
Car en effet, la Côte d’Ivoire ne devait pas s’arrêter à la seule personne d’Alassane Ouattara. Fut-il grand économiste, grand homme d’Etat, grand fonctionnaire international… En outre, après dix ans de pouvoir au cours desquels j’ai passé tout mon temps à pacifier le pays, une quelconque crise ne devrait provenir de mon entêtement à continuer à demeurer au pouvoir. Malheureusement, c’est dans ce scénario incompréhensible que s’est inscrit Alassane Ouattara. Si aujourd’hui, toute l’opposition est unanime qu’il y a un problème, c’est qu’elle ne se trompe pas. Autant Alassane et son pouvoir aiment la Côte d’Ivoire et le bien-être des Ivoiriens, autant l’opposition les aime. On ne peut à priori qualifier une opposition d’apatride, d’incitation à la rébellion quand on a soi-même créé les conditions pour en arriver-là.
Le seul mois d’octobre qui sépare des élections est bien crucial. Si on doit en appeler à la responsabilité de l’opposition, il faut que cela commence par le pouvoir. Qu’Alassane et son clan conservent pendant au moins les cinq prochaines années. Ce n’est pas parce qu’un mandat est légal qu’il faut forcément le briguer !
Dabaoué Audrianne KANI