Production cotonnière : Deuxième, le Burkina est en train de reprendre sa place

 

La campagne cotonnière 20222-2023 semble avoir définitivement livré ses performances. Le Burkina Faso a gagné en rang, en se hissant à la deuxième place des pays africains producteurs de coton. Et ce, malgré tout !

Le Burkina Faso aurait bien voulu occuper le premier rang de pays producteur de coton en Afrique. Malheureusement, ce n’est pas le cas car le Benin du président Patrice Talon (lui-même acteur principal dans le coton) est passé par-là (587 000 tonnes). Qu’à cela ne tienne, le pays des hommes intègres occupe désormais la deuxième place (avec 482 000 tonnes) après avoir été durant des années mal classé. Pour des raisons multiples.

Tout semble avoir débuté par la crise des producteurs de coton dans les années 2011 pour culminer en 2015 lorsqu’au sein des producteurs de coton, il est né un groupe de frondeurs qui dans un premier temps s’opposaient à la production du coton et dans un second temps à leur faitière. Depuis lors, la production cotonnière a évolué en dents de scie, pour stagner pratiquement de 2016 à nos jours. En reprenant la deuxième place de pays producteur de coton en Afrique, les producteurs de coton du Burkina Faso ont fait preuve d’une résilience à tout point de vue.

Le pays souffre de l’insécurité depuis 2015. Contraignant dans certaines zones (l’Est notamment et dans une certaine mesure le Centre-Ouest, le Kénédougou et les Banwa à l’Ouest) les producteurs à abandonner leurs champs. En outre, la production aurifère dans certaines zones du pays a non seulement fait fuir les bras valides, mais elle a occupé de grandes superficies de champs dans plusieurs zones de production cotonnière. Comme si cela ne suffisait pas, la campagne 2022-2023 a été sérieusement marquée par l’apparition précoce des jassides, ces insectes ravageurs qui ont causé des dégâts énormes sur plieurs milliers d’hectares dans presque toutes les zones de production du coton. Puis enfin est venue s’ajouter la cherté et la rareté des intrants du fait de la guerre entre la Russie et l’Ukraine et de la maladie à Coronavirus qui a désorganisé le trafic maritime international.

Si malgré toutes ces adversités le Burkina Faso occupe la seconde place alors qu’il était la campagne précédente quatrième, c’est que les acteurs ont fait preuve de responsabilité. Autrement, cette performance montre une fois de plus la capacité des Burkinabè à faire le discernement entre là où se trouvent leurs intérêts les plus légitimes et durables et ceux de courte durée. Car, comme dirait l’autre, si le coton n’enrichit pas des individus et des entreprises, mais des familles et des communautés. C’est véritablement une production de lutte contre la pauvreté et de consolidation de la paix sociale.

Cette deuxième place doit galvaniser davantage les acteurs de la filière cotonnière que l’accroissement de la production cotonnière au Burkina Faso est bien possible. Pourvu que l’Etat continue d’apporter les subventions sur les intrants qu’il faut aux producteurs. Ce qui ne peut en être autrement car le coton non seulement nourrit environ 4 millions de Burkinabè, il est le deuxième produit d’exportation et est par exemple le catalyseur de la production céréalière. Les zones cotonnières sont les grandes zones de production de céréales. Mieux, « quand le coton marche, tout marche », a-t-on coutume d’entendre.

Dabaoué Audrianne KANI

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