Production d’attiéké à Bobo : Une affaire d’héritage dans la famille Dao à Colsama

Contrairement à l’impression générale qui trouve que l’attiéké est une production ivoirienne, au Burkina Faso sa production fait vivre également de nombreuses familles. A Colsama, au secteur 21 de Bobo, la famille Dao en a fait sa principale source de revenue.

Ce lundi 24 octobre 2022, nous avons fait une sortie terrain sur un site de production d’attiéké au secteur 21 de Bobo-Dioulasso. Objectif, obtenir des informations sur le processus et le mécanisme de production et de commercialisation de cet aliment très prisé par les citoyens Burkinabè. Au quartier de Colsama la production d’attiéké est faite par une famille burkinabé rentrée de la Côte d’Ivoire. «Nous venons de la Côte d’Ivoire, mais nous sommes nés au Burkina Faso. Arrivé ici, nous nous sommes lancés dans ce domaine parce que c’est ce que nous savons faire», confie Abibata Dao, l’une des productrices. Dans cette famille, la production de l’attiéké est une affaire d’héritage. «Nos mamans ont commencé avant nous. Elles sont dans ce travail il y a au moins de 30 ans», renchéri-t-elle.

Comment transformer du manioc en un si délicieux repas

L’attiéké est fait à base de manioc. En ce qui concerne sa production, il y a tout une chaine d’étapes à suivre, qui implique une vingtaine de personne. Comment transformer du manioc en un si délicieux repas ? «Lorsque nous achetons les maniocs, nous recrutons des femmes pour les éplucher. Ensuite, nous les écrasons après les avoir bien lavés. Le produit écrasé sera conservé dans des sacs de 100 kg. Lorsque nous voulons faire de l’attiéké, nous faisons tremper les pâtes obtenues dans de l’eau au moins trois fois pour faire dégager l’aigreur et extraire l’attiéke. Après cette étape, nous les compressons avec des presses.  Enfin, nous faisons tamiser pour obtenir de la poudre avant de la mettre à vapeur», explique Seydou Dao un membre de la famille par ailleurs étudiant en fin de cycle en agriculture. En effet, au vu du nombre sans cesse croissant de consommateurs d’attiéké la demande est de plus en plus forte.

La pâte de la Côte d’Ivoire à 20.000 FCFA le sac

«En fonction de la demande du marché, nous pouvons produire 5 à 6 sacs de manioc par jour et nous pouvons faire une vente de 100.000 CFA par jour», avoue Abibata. Comme toute autre activité, ces producteurs sont confrontés à de nombreuses difficultés. «C’est un travail rentable, mais nous sommes confrontés à des difficultés. Souvent la matière première (manioc) manque et nous sommes obligés d’importer la pâte de la Côte d’Ivoire à 20.000 FCFA le sac. En plus, nous recevons chaque fois la visite des services d’hygiène suite aux plaintes de nos voisins. Ces derniers se plaignent à cause de l’odeur dégagée par les eaux stagnantes après que nous ayons lavé nos produits».  En revanche, au regard des multiples confrontations avec les services d’hygiène, et dans le souci de moderniser leur mécanisme de production, la famille Dao a entamé des démarches auprès des autorités compétentes pour acquérir les documents nécessaires pour implanter une véritable entreprise de production d’attiéké. Ces genres d’initiatives méritent bien évidemment le soutien des autorités parce qu’elles participent au développement économique et à la création d’emploi.

Fatimata TRAORE

Ousmane ZANTE/Stagiaires