Production et valorisation de ressources fourragères : Un exemple réussi à Sébédougou

Le Projet de production et valorisation de ressources fourragères par les petits producteurs de la région des Hauts-Bassins dans des productions animales intensives orientées vers le marché mis en œuvre par l’INERA/GRN-SP Ouest en partenariat avec l’IDR/UNB et le CCV de Koumbia, a organisé le vendredi 23 octobre 2020, une visite commentée dans le village de Sébédougou, commune rurale de Koumbia. Conduite par le Coordinateur du projet, Dr Souleymane Ouédraogo, la mission a fait le constat de l’expérimentation des technologies promues par les exploitants agricoles de cette zone.

Vue du champs de Cajanus cajan sur la vitrine de Sébédougou

Cette visite commentée de l’équipe de chercheurs de l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA) station de Farako-Bâ à Sébédougou a permis de constater l’engouement des petits producteurs autour de l’appui du projet FONRID-Fourrage. Aussi, cette sortie de terrain a permis à la mission de visiter les vitrines implantées dans le cadre du projet et les champs de quelques producteurs porteurs de tests à l’effet de s’enquérir du niveau d’application par ceux-ci de ces technologies qui leurs ont été proposées comme alternatives à la pénurie fourragère en saison sèche. Dans cette bourgade située à environ 9 km au Sud-Est de Koumbia, c’est l’exploitation agricole de Lamoussa Fintélé qui reçoit la visite de tous les producteurs du village impliqués dans le projet et l’équipe de chercheurs. Le site accueil l’une des importantes vitrines de production et de valorisation de ressources fourragères dans la zone. Ici, l’accent a été mis sur des variétés comme le mucuna (Mucuna deeringiana), la variété de sorgho « Grinkan », le niébé 11p, la dolique (Dolichos lablab), le pois d’angole (Cajanus cajan), le brachiara (Brachiaria ruziziensis), le Panicum (Panicum maximum) et l’andropogon (Andropogon gayanus). En plus des grains, ces variétés procurent d’importants rendements en fourrage qui peuvent aller jusqu’à 4 tonnes et plus à l’hectare pour certaines variétés comme le niébé et le brachiaria.

La culture du fourrage une source de richesse

Depuis qu’il a adopté cette technologie dans son champ, Mr Fintélé dit avoir de quoi subvenir à ses besoins. « La production de ressources fourragères m’a permis de booster mon élevage parce que même en saison sèche les animaux que j’élève ont suffisamment à manger. En plus, la culture du fourrage enrichie mon sol ce qui me permet d’améliorer mon rendement agricole depuis deux années consécutives », témoigne-t-il. Boukaré Sankara, un autre producteur installé à Sébédougou avoue qu’il avait des difficultés à joindre les deux bouts en sa qualité de producteur. Mais depuis que le projet FONRID-Fourrage s’y est implanté il a pris du goût à l’élevage et réalise des bénéfices importants dans la vente du bétail embouché. Il encourage de ce fait tous les producteurs à adopter cette technologie parce qu’elle est non seulement une solution à l’alimentation du bétail, mais aussi une source de revenus. Au total, 25 producteurs bénéficient cette année de l’accompagnement du projet FONRID-Fourrage à Sébédougou.

Dr Souleymane Ouedraogo, coordonnateur du projet FONRID-Fourrage

Selon le coordonnateur Dr Souleymane Ouédraogo, «le projet a été conçu pour développer avec les producteurs des options qui sont adaptées à leur situation pour produire du fourrage tout en étant agriculteur ; pour cette dernière année, nous avons choisi de travailler essentiellement avec ceux qui font l’embouche et la production laitière». «Le pâturage naturel vert sur lequel l’alimentation du bétail est basée, n’est malheureusement disponible que pendant la saison pluvieuse. En saison sèche, le pâturage et les résidus de récolte sont réduits à l’état de paille, de faible valeur nutritive et en quantité insuffisante. Le projet FONRID-Fourrage travaille donc à développer des solutions pour produire des fourrages de qualité à même de compléter ce que les producteurs peuvent réunir pour mieux nourrir les animaux. Pour que les gens soient motivés, il faut que ce fourrage soit valorisé sur le plan économique. C’est pourquoi au-delà de la production de la fumure organique, nous avons choisi de développer d’autres sources supplémentaires de motivation » a-t-il indiqué. Et de préciser que «dans un premier temps nous avons touché beaucoup de producteurs avec plusieurs options pour que les gens puissent identifier celles qui sont adaptées à leurs situations. Pour cela nous avons choisi de valoriser ces fourrages dans des ateliers intensifs de productions animales à savoir l »embouche, la production laitière et l’entretien des animaux de trait».

Difficultés d’écoulement du bétail

De nombreux producteurs ont pris part à cette visite commentée. Si la démarche a permis de faire passer plus facilement les avantages du projet auprès des autres producteurs, il n’en demeure pas moins que des difficultés existent. L’une des plus grosses difficultés qui a été soulevée par les bénéficiaires est relative à l’écoulement des animaux embouchés sur le marché. En réponse à cette préoccupation, Dr Souleymane Ouédraogo a indiqué que des dispositions sont prises par le projet en vue de les mettre en relation avec les acteurs du marché pour faciliter l’écoulement à prix rémunérateur des animaux embouchés ainsi que le lait produit. En témoigne la présence à cette sortie de terrain du président de l’association des commerçants de petits ruminants de Bobo-Dioulasso.  Celui-ci s’est dit disposé à accompagner les producteurs dans ce sens.

Ousmane TRAORE