Projet RENAISSANCE : Former pour soigner les malades mentaux

Ce mercredi 9 décembre 2020 dans la salle de conférence de l’hôtel Entente de Bobo-Dioulasso, a débuté une formation d’agents de santé. Porte sur la maladie mentale, elle est assurée par Thibaut Joseph Zoungrana, médecin généraliste et durera deux jours.

Vue des participants

Dans les rues de la plupart des villes du Burkina Faso, des personnes mentalement malades déambulent. Elles semblent faire partie du décor des rues parce que peu de gens leur prêtent attention ; et ne se soucient ni de leur avenir ni de leur devenir. Ainsi, rejetés par la société, ces malades errent dans les rues. Certains sont enchainés dans les familles en ville ou au village, ou dans la brousse hors de la vue de tous. Pour les professionnels de la santé mentale, la guérison des malades mentaux nécessite dans la plupart des cas une trithérapie : le recours médicamenteux, les soins psychiques et la réinsertion sociale. Ils révèlent aussi que si le malade est compris et choyé, il guérit vite ; par contre les malades rejetés par leur milieu sombrent.

La santé mentale demeure une préoccupation majeure malgré les efforts des autorités et des professionnels de la santé. C’est dans cette optique que le projet RENAISSANCE a mis en œuvre une politique d’insertion sociale des malades dans la société. Et pour ce faire, quoi de mieux qu’une formation des agents de santé pour leur apprendre les bases du traitement des malades mentaux.

Un combat hors du commun

Le projet RENAISSANCE vise à développer le modèle de prise en charge des personnes atteintes de maladie mentale promu par le partenaire local, le Centre Notre Dame de l’Espérance. Ce centre, créé par le diocèse et géré par l’association Saint Camille BF, est le seul dans le contexte urbain et périphérique de Bobo-Dioulasso à offrir l’hospitalité, le traitement et la possibilité d’entreprendre des parcours de réinsertion sociale pour les malades mentaux abandonnés et errants. Les acticités prévues visent à renforcer les synergies entre cette réalité et les centres sanitaires concernés et la capacité de résilience communautaire pour une progressive gouvernance institutionnelle et sociale du phénomène.

Une vision avec des objectifs à atteindre

Le projet RENAISSANCE a pour objectif général de promouvoir les droits des souffrants de détresse mentale au Burkina. Les objectifs spécifiques sont entre autres : encourager la prise en charge et la réinsertion sociale des personnes en détresse mentale dans la zone urbaine et périphérique de Bobo-Dioulasso par le renforcement de la contrepartie de l’OSC, et les synergies avec les services de santé et promouvoir une culture renouvelée de la santé. Les résultats attendus de tout cela sont : l’amélioration du modèle de soins promu par le Centre Notre Dame de l’Espérance en synergie avec les services de santé et l’amélioration des connaissances des populations locales en matière de santé mentale.

Thibaut Joseph Zoungrana, formateur

Un plan d’action bien ficelé a déjà été mis en place. Il s’articule autour de l’extension structurelle du centre d’ergothérapie pour la prise en charge des femmes ; l’installation d’un dispensaire spécialisé dans le traitement des maladies mentales ; le développement de laboratoires d’ergothérapie pour la réinsertion sociale des personnes atteintes de maladie mentale ; la formation des soignants des différents centres de santé ; l’activation de stages de formation et de bourses pour la spécialisation de nouveaux soignants psychiatriques ; l’initiation d’un programme de prise en charge des détenus atteints de maladie mentale dans les murs de la Maison d’arrêt et de correction de Bobo (MACB) ; la recherche de terrain à Bobo-Dioulasso pour la collecte et la systématisation des données relatives aux maladies mentales ; l’élaboration d’un document de politique à soumettre aux décideurs ; la formation des jeunes à une participation active à la diffusion d’une culture renouvelée de la santé mentale et enfin la sensibilisation de la communauté pour la diffusion de représentations sociales respectueuses des droits des malades mentaux. Ce plan d’action concerne toute l’étendue du territoire burkinabè.

Linda Maïssar GUEYE/ stagiaire