Zéphirin Diabré et les membres du Bureau politique national de son parti, l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et même les militants doivent être en train de cogiter en ce moment sur la stratégie à mettre en place pour relever leur parti. Tellement qu’il doit être sonné à l’issue des élections présidentielle et législatives. Le candidat Zéphirin est arrivé avec 12,46 % des voix à la présidentielle ; aux législatives, il s’en sort avec 12 députés. Détrôné du fauteuil de Chef de file de l’opposition politique, on le voit mal en train de siéger aux côtés d’Eddie Komboïgo, président du parti de Blaise Compaoré et désormais Chef de file de l’opposition. Mais en républicain et fair-play, il pourrait le faire sans gêne aucune. Avant lui, Gilbert Noël Ouédraogo qui a été chef de file de l’opposition en 2004, est revenu plus tard s’installer aux côtés d’un autre chef. Mais le contexte n’est pas le même aujourd’hui. Dans un gouvernement aux côtés de Roch Marc Christian Kaboré ? Ce n’est pas impossible. Après 2015, beaucoup de ses lieutenants croyaient qu’après avoir mené l’insurrection ensemble, il devait rejoindre la majorité. Zéphirin n’est pas allé, mais eux sont partis. L’histoire ne leur donne-t-elle pas raison ? Ce ne serait pas mauvais pour Zéphirin de l’avoir compris tard. Mais quel pourrait être sa place dans un tel dispositif ? Lui qui n’a pas contribué à faire élire Roch Marc Christian Kaboré et dont il n’a pas forcément besoin des députés pour gouverner ?
Par contre, Zéphirin Diabré peut enfin décider de siéger à l’Assemblée nationale. Où il sera le président du groupe parlementaire de son parti. Certainement qu’il pourra bien faire entendre sa voix. En vérité, le poste de chef de file de l’opposition est tel qu’on le confond vite avec le parti dont le président en est le chef. Finalement, sa voix n’existe que pour toute l’opposition prise ensemble. Et quand vient le temps des élections, chacun va de son côté à la conquête de l’électorat. Aux côtés des autres députés de l’opposition, ils pourront faire entendre un autre son de cloche. Ce qui pourrait constituer un terrain politique plus approprié pour mieux faire comprendre les programmes d’alternance qu’ils nous proposent.
Le dernier mal que Zéphirin peut se faire, c’est de décider de quitter définitivement la scène politique. Pour se consacrer à ses activités personnelles. Mais, là aussi, c’est l’avenir politique entier de son parti et des militants qui y croient encore qui se joue.
En 2016, lors d’une conférence de presse, il disait : «en politique, il n’y a ni ami éternel, ni ennemi éternel». Tout dépend des choix qu’on fait. Zéphirin va certainement faire un choix. Mais lequel ?
Dénis Dafranius SANOU