Pour ne pas le dire, le gouvernement et l’Assemblée nationale se sont rentrés dedans à l’occasion de la révision, qui était très attendue du code électoral. Notamment en ce qui concerne les articles qui portent sur le vote dans les zones d’insécurité où les électeurs ont fui. En effet, selon ces articles, le scrutin sera validé dans ces zones, même si l’ensemble des électeurs n’arrivent pas à exprimer leur droit de vote. Du coup, des députés crient à l’exclusion. Comme si c’est la première fois que des Burkinabè seront exclus d’élections. Bref ! Là n’est pas la question.
La principale question est de savoir ce qu’il est possible de faire dans des conditions de ce genre. Et c’est là qu’on retrouve le rapport des députés qui envisageait le report des élections en attendant que la situation se normalise dans les zones où le vote sera partiel ou pas du tout possible. Dans leur ensemble, les partis politiques avaient rejeté cette proposition des députés, argumentant que ces dispositions sont un consensus de la classe politique (opposition et majorité) après le dialogue initié par le président du Faso. Le gouvernement se devait alors de s’aligner sur cette position. Et c’est bien ce qu’il a fait. De leur côté, les députés semblaient rester également sur leur position de report des élections. Malheureusement ou heureusement (c’est selon), la loi a été votée et doit s’appliquer à tous.
Même si le débat reste en l’état, le plus important est de faire en sorte que la crise post-électorale que certains n’hésitent pas à prédire soit maudite à jamais. Autrement dit, il ne doit venir à l’esprit de quelque Burkinabè qu’il soit, de penser à une crise post-électorale. Quelle que soit sa nature. Le Burkina Faso a déjà suffisamment de crises à gérer qu’il ne faut pas du tout en rajouter. Si nous sommes conscients que la crise au Mali est consécutive à la mauvaise gestion des élections législatives, c’est tant mieux pour nous, car il est encore temps de faire en sorte à ne connaître la même crise après nos élections. Il faut convenir que le gouvernement n’a aucun intérêt à exclure des Burkinabè de quelque élection qu’elle soit. C’est également ce que les députés veulent. Tout le monde est donc conscient de la situation. Certainement qu’à l’impossible nul n’étant tenu, le gouvernement a choisi ce qu’il est possible de faire en ce moment.
En attendant, nous devons redoubler d’effort dans la lutte contre le terrorisme. Car, c’est lui notre ennemi commun.
Que ce soit avant, pendant ou après les élections, les Burkinabè auront intérêt à se coaliser davantage contre le phénomène du terrorisme qui fragilise le tissu social et nuit énormément à l’économie. C’est véritablement le combat qu’il faut mener et faire en sorte qu’effectivement, les Burkinabè déplacés puissent regagner leurs localités. C’est cela leur principale préoccupation. Pour les élections, indéniablement, ils n’y pensent en ce moment.
Dénis Dafranius SANOU