Blanchi après 8 ans d’incarcération à la Haye, Laurent Koudou Gbagbo, l’ancien président de Côte d’Ivoire entre 2000 et 2011, a fait un retour « triomphal » dans son pays hier jeudi 17 juin 2021. C’est aussi le retour historique d’un acteur politique majeur dans ce pays phare de la sous-région.
Que cache cette mise en scène grandiose de sa venue ? A 76 ans et après dix ans d’absence, que va faire « l’enfant terrible » de Mama (son village) sur la scène politique de son pays ? De la réponse à cette interrogation peut dépendre la paix fragile que la Côte d’Ivoire tente de se ménager par une quête de réconciliation dans laquelle Laurent Gbagbo peut jouer un rôle déterminant.
En attendant, le mérite revient à Alassane Ouattara qui, en dépit de tout a permis que ce retour soit effectif. Si c’est un retour de l’ascenseur comme Laurent le lui avait fait à un moment donné, il faut bien le saluer. Si en plus c’est dans le cadre de la réconciliation des Ivoiriens, il faut l’applaudir.
Si c’est pour être le chantre de la réconciliation, Laurent Gbagbo doit commencer à réconcilier sa famille biologique.
D’abord qu’il rétablisse les relations entre lui et Simon Gbagbo, celle-là même qui était à ses côtés ce 11 avril quand les soldats proches d’Alassane Ouattara, aidés par des forces françaises le délogeaient de son bunker. C’est par là que débute la réconciliation.
Ensuite, qu’il œuvre véritablement à réconcilier sa famille politique, divisée entre les « Gbagbo ou rien » et ceux qui tentent de s’émanciper de lui, représentés par Pascal Affi N’Guessan. C’est aussi un pan de la réconciliation.
Enfin, c’est à l’issue de ces deux réconciliations que Gbagbo peut prétendre réconciliation les Ivoiriens. Ceux qui s’estiment victimes de la crise post-électorale pour laquelle il a séjourné à la Haye. Puis, avec les autres acteurs de la scène politique de son pays.
En effet, après feu le Président Félix Houphouët-Boigny, l’inégalable « père de l’Indépendance et de la nation ivoirienne », le Président Laurent Gbagbo est peut-être l’homme politique majeur des 50 dernières années au bord de la lagune Ebrié.
Parmi les principaux leaders de la scène politique ivoirienne, il peut se targuer d’un destin hors du commun, désormais renforcé par sa relaxe et son blanchissement complet devant la Cour Pénale Internationale. Des onze années Gbagbo à la tête du pays, on n’aura retenu que deux faits remarquables : l’avènement du conflit armé devenu guerre civile avec une rébellion putschiste venue du Nord et cette humiliante sortie du couple, arrêté devant les caméras par le commando qui a donné l’assaut sur le palais présidentiel en 2011 alors qu’il venait d’être arrêté.
Le rôle qu’il jouera désormais dans cette Côte d’Ivoire en quête de réconciliation laisse partisans et observateurs dans l’expectative. Ce qui est certain, c’est qu’il pèsera lourd dans l’avenir du pays.
Sibiri SANOU