Retrait des pays membres de l’AES de la CEDEAO : le chef de l’État clarifie une décision mûrement réfléchie

Le président de la Transition, chef de l’État, le Capitaine Ibrahim Traoré, dans une interview accordée au journaliste Alain Foka, revient sur les raisons qui ont motivé le retrait des pays membres de l’Alliance des États du Sahel (Burkina Faso, Mali, Niger) de la CEDEAO. Nous vous proposons quelques extraits.

Au cours de cet entretien, le chef de l’État, sans détour, a abordé les questions liées aux relations entre notre pays et la Fédération de Russie, à la conduite de la Transition, à l’AES, etc. Cette tribune a été également une occasion pour le président de la Transition de réaffirmer son engagement et sa détermination à intensifier la guerre contre le terrorisme afin de recouvrer l’intégralité du territoire national pour mieux implémenter des projets de développement endogènes au profit des populations burkinabè. Selon le capitaine Ibrahim Traoré, « il y a beaucoup de putschistes parmi eux (les chefs d’État de la CEDEAO : Ndlr). Ce n’est pas une question de putschiste, c’est juste un masque (…) Il y a des putschistes militaires au sein de la CEDEAO, qui se réclament aujourd’hui démocrates (…) Il y a pire que les putschistes. Il y en a qui bâillonnent leurs peuples, sous le silence. La CEDEAO ferme les yeux, les oreilles … » Et « l’AES est tout à fait viable… Nous sommes là depuis très peu de temps, mais l’économie a été déchirée par des régimes passés. Autrement, nous devrions avoir des économies très fortes. En termes de superficie et de population, l’AES est très bien positionnée. En termes de production, normalement, les pays de l’AES ne devraient rien importer en ce qui concerne les produits agricoles. Aujourd’hui, nous sommes conscients de tout cela et nous faisons tout notre possible pour ne rien importer en ce qui concerne ce que nous consommons. En termes de richesses, que ce soit les richesses naturelles (…) L’AES est une grande réserve d’eau souterraine et même en surface. En termes de ressources minérales, nous n’avons rien à envier à personne. Nous sommes conscients de nos potentialités. L’AES n’a rien à envier à personne ». Par rapport aux partenariats, il a précisé : « Quitter un maître pour un autre on préfère mourir parce que, quand nous on dit la patrie ou la mort, ça tout son sens. Ce n’est que du médias mensonge encore. On a vu malheureusement des chefs d’État qui sont allés raconter du mensonge, soit disant qu’on a donné des mines aux Russes, archi faux. Si les Russes veulent une mine on a le code minier ils viennent s’intégrer, on leur donne le permis et ils payent les impôts… ». Il parle du partenariat avec la Russie en ces termes « Avec la Russie la relation est d’abord stratégique. Avec la Russie, il n’y a pas cet équipement que nous souhaitons payer qu’elle ne nous vend pas. Les autres nous font des restrictions jusqu’à l’instant T que je vous parle on nous bloque des licences de certains avions. Il y a des armes qu’ils gardent, qu’ils ne vont jamais nous vendre. Où est l’amitié ? Qu’est-ce qu’ils veulent ?»
Pour la présence des militaires russes au Burkina, le chef de l’État relève : « Les Russes sont arrivés quand au Burkina ? C’est la dernière fois que les instructeurs sont venus parce qu’ils doivent venir instruire les militaires sur les équipements et c’est d’ailleurs avec tous les pays, ce n’est pas avec les Russes seulement. Quand on signe un contrat pour acquérir des équipements, on signe le contrat avec la formation ». Pour la reconquête du territoire national, le président indique : « J’ai dit au ministre de la Communication, je ne veux pas que nous parlons trop de notre reconquête. Laissez les villageois parler eux-mêmes. Il y a plusieurs villages qui ont été réinstallés, des écoles qui ont rouvert dans plusieurs zones. Mais souvent, le fait de dire il n’y a pas d’avancées, cela amène les villageois à faire des vidéos pour dire aux gens, vous mentez, nous, en tout cas, on a quitté il y a tant d’années, mais on vient d’arriver, on est en sécurité ». Pour le capitaine Ibrahim Traoré, président de la Transition, «Lorsque la nation est en péril à un moment donné, il faut prendre des décisions importantes. Si ce sont les militaires qui ont eu le courage de prendre cette décision, c’est ça qui est là (…) Civils ou militaires, nous sommes les enfants de ce pays. Et quiconque est animé par le sentiment de vouloir libérer son pays, aurait pu le faire. Ce n’est pas une question de militaire. Les coups d’État, on ne les fait pas parce que l’on veut. Si on les fait, c’est parce que nous avons une envie d’amener nos peuples vers une certaine souveraineté…».

Jules TIENDREBEOGO