Voilà qui ressemble à un nouveau style de coup d’Etat à issue incertaine. La mutinerie a pris une tournure inattendue en fin d’après-midi avec l’arrestation du Président Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) et du Premier ministre Boubou Cissé, tous aux mains des mutins, de même que les principaux chefs militaires du pays. Coup d’État consommé mais qui aura sans doute du mal à se faire accepter ! Place aux négociations.
Quel fil conducteur aux évènements survenus au Mali ce mardi 18 août ? Pour autant qu’on puisse recouper à distance les informations de sources concordantes, voici ce qu’il est possible d’en dire au moment où nous rédigions ces lignes à 18 heures temps universel. Dans la matinée de ce mardi 18 août, des coups de feu émanent de soldats issus du camp de de Kati, situé à 15 km de Bamako, la capitale malienne. En quelques heures, des lieux stratégiques et des personnalités de haut rang sont signalés comme étant sous contrôle ou affectés par le mouvement des frondeurs ou mutins. Il s’agit du camp militaire abritant la garde nationale, les bâtiments du ministère de la Défense et la télévision nationale. Les personnalités arrêtées seraient entre autres le ministre de la Défense et son Directeur des affaires administratives (DAF), le ministre de l’Economie et des Finances, le président de l’Assemblée nationale… Le président IBK serait » en fuite » et réfugié au camp de la Minusma. La situation redevient calme entre temps au camp Kati fortement gardé de tout accès, comme la ville de Bamako en général. La circulation est fluide par endroit, mais la tension est palpable dans la capitale malienne où les ambassades et consulats conseillent à leurs ressortissants de ne pas sortir de chez eux. On craint le pire. Car si ce n’est pas un coup d’État militaire en cours contre le régime de IBK démocratiquement élu mais très secoué ces derniers temps par la rue malienne, ça y ressemble fort ! Certaines sources font état d’un ultimatum donné au chef de l’État pour quitter le pays. Mais aucune déclaration officielle ne vient confirmer ou infirmer les informations et commentaires qui fusent d’un peu partout ! Ni de la part du gouvernement malien, ni de la part des frondeurs ou mutins. Un communiqué attribué au gouvernement crée le suspens, annonçant qu’une déclaration serait bientôt faite sur la situation trouble qui prévaut dans la capitale. La déclaration interviendra par la suite, signée du nom du Premier ministre Boubou Cissé qui demande au mutins de faire taire les armes pour des négociations. À la tête des frondeurs, deux noms d’officiers, puis trois sont avancés, mais la prudence oblige à attendre une confirmation officielle. Les hauts gradés arrêtés ont été conduits au camp de Kati, apprend-on. Il devient de plus en plus clair à mesure que le temps s’écoule, qu’il s’agit d’une mutinerie qui aura du mal à s’imposer car la France »condamne fermement » ce soulèvement militaire ; de même que la CEDEAO qui exclut toute démission forcée de l’actuel président dans la résolution de la crise malienne. Les Etats-Unis déclarent qu’ils n’accepteront aucun changement en dehors de la Constitution, qu’il soit pas les armes ou par la rue. Les mutins ne semblent pas l’entendre de cette oreille. Ils ont réussi à se saisir et du chef de l’État, et du Premier ministre au palais présidentiel où ils se trouvaient, en compagnie du fils du Président et d’un député. Tous sont conduits au camp de Kati. Pour négocier ? Et quoi ? Les prochaines heures nous le diront.
Sibiri SANOU