SOFITEX: mettre fin à la spéculation autour de la graine de coton

Le Directeur général de la SOFITEX, Arsène Somda, et son staff ont échangé avec les triturateurs de graine de coton, vendredi 6 décembre 2024 à la direction industrielle de la société à Bobo-Dioulasso. Au menu des échanges, la graine de coton.

Cette rencontre « avec les triturateurs, ceux qui prennent la graine de coton pour faire de l’huile, pour leur donner les informations sur la nouvelle campagne qui est entrain de démarrer », a indiqué Bonossokoun Arsène Gislain Somda, le Directeur général de la Société burkinabè des fibres textiles (SOFITEX). En tout cas, les usines de SOFITEX sont déjà en marche, sauf celles de Bobo II et de Banfora II. La principale information pour les producteurs d’huile de coton, c’est que le prix de la graine est passé de 90 FCFA/kg l’an passé à 150 FCFA/kg cette année. Un prix fixé par le gouvernement en juillet dernier, fait savoir le DG de la nationale de l’or blanc. Cette augmentation du prix de la graine de coton a des raisons objectives. La première est que pour encourager les producteurs de coton, en plus de la subvention du prix des intrants par l’Etat à hauteur de 10,8 milliards FCFA, le gouvernement a instruit les sociétés cotonnières à mettre la main à la poche à hauteur de 28 milliards FCFA. Un manque à gagner pour ces sociétés qu’il faut combler pour éviter de mettre la clé sous la porte. L’autre élément c’est le prix (325 FCFA/kg), assez élevé, d’achat du coton graine aux producteurs. Or, la graine représente 53% du poids du coton graine. Ce qui signifie que sur les 325 FCFA payés pour 01 kg, la graine coûte 172 FCFA.
Une fois le coton graine acheté bord-champ, il faut le transporter dans les usines avant de l’égrener pour avoir la fibre et la graine qui sera cédée aux huiliers pour être triturée et extraire l’huile et le tourteau. Dans le même temps, les conditions de déroulement de la campagne ont été difficiles. Un contexte marqué par l’insécurité qui a fait juté la production de coton ces trois dernières années, avec pour corolaire réduction de la graine disponible, ont encore expliqué Arsène Somda et ses collaborateurs. C’est au regard de ce qui précède que le gouvernement a relevé le prix de cession de la graine de coton de 90 FCFA/kg à 150/kg cette année. Ce qui suscite quelques inquiétudes chez les triturateurs de graine de coton.
Pas de panique, rassure le DG de la SOFITEX
Selon Kassari Konaté, promoteur de l’huilerie Nakam et président de l’Association des transformateurs de produits oléagineux du Burkina Faso (ATOB), « quand on fait notre compte d’exploitation on ne peut pas être au même prix que l’an passé. Nous faisons nos prix, on va faire au moins 15% de marge pour couvrir nos charges. Il ne faut pas nous dire que le prix est augmenté de façon exagérée ». L’autre inquiétude est la rareté de la graine cette année. « On nous a dit la vérité, qu’il y en n’a pas (assez de graines pour satisfaire tout le monde : ndlr), les gens ne pourront même pas triturer », se désole-t-il. Il s’inquiète aussi de la concurrence des huiles importées.
« Le gouvernement dans sa politique de la souveraineté alimentaire, de la souveraineté économique, tient à ce que les triturateurs qui vont prendre la graine à SOFITEX, la transforment en huile et tourteau pour les animaux. Que cette graine soit entièrement transformée sur place pour le bonheur de la consommation nationale », a martelé Arsène Somda, DG de la SOFITEX. Dans cette dynamique, les huiliers qui prendront de la graine avec la SOFITEX pour la revendre sans la transformer au Burkina, seront sanctionnés. Ils encourent 4 à 5 ans de suspension. Du reste, l’an passé 3 à 4 d’entre eux auraient été épinglés et suspendus. Le DG de la SOFITEX demande aux huiliers à mieux s’organiser et à travailler à réduire leurs coûts d’exploitation. Il a fait savoir qu’en 2023, la consommation nationale était de 106.000 tonnes d’huile pour une production nationale de 20.000 tonnes. Par conséquent, le prix de l’huile n’est pas déterminé par la production nationale qui ne compte que pour 20%, mais par les 80% d’importation.
Néanmoins, Kassari Konaté demande au gouvernement de « réguler l’importation. Si cela est fait, on va s’en sortir. Avec toutes les usines réunies, on produit seulement 20% de l’huile consommée au Burkina. Pourquoi on va avoir des difficultés, si chacun joue franc jeux ? ». Interroge le président de l’ATOB. Avant de prier « Dieu pour que l’insécurité s’arrête pour que les gens puissent cultiver pour qu’on revienne dans de bons sentiments ».
Aly KONATE