Sommet du G5 Sahel, le « grand chef Blanc » n’y sera pas

Après les avoir convoqués et écoutés individuellement à l’Elysée, Emmanuel Macron ne sera pas physiquement aux côtés des chefs d’Etat africains au sommet du G5 Sahel qui se tiendra à N’Djamena au Tchad les 15 et 16 février. Les raisons sont entre autres d’ordre sanitaires. Les frontières françaises étant fermées, Emmanuel Macron ne veut pas déroger à la règle. De même, aucun ministre français ne participera au conclave de N’Djamena. C’est par visio-conférence que le chef de l’Etat français interviendra. Les cinq chefs d’Etat africains qui composent cette organisation se retrouveront donc seuls et discuteront entre eux des mesures à prendre et à mettre en œuvre pour combattre efficacement le terrorisme dans la zone sahélienne. Cette absence du président français est la preuve, une fois de plus, que la lutte contre le terrorisme doit être menée et gagnée par les seuls pays africains (même si le phénomène du terrorisme est international). Il faut donc retrousser les manches.

Il est vrai que la France ne se retirera pas du Sahel. Elle ne réduira pas non plus le nombre de ses soldats présents dans la zone. Au contraire, elle travaillera à renforcer la dynamique enclenchée depuis le sommet de Pau en janvier 2020 qui a permis aujourd’hui de renverser les rapports de force. Elle travaillera également à gagner le pari du retour de l’administration dans les zones où celle-ci n’existait plus. Mais, tout cela ne peut être effectif que lorsque les pays africains eux-mêmes auront pris la tête des opérations.

En effet, le terrorisme tel qu’il se pratiquement actuellement en Afrique est purement endogène. Il s’agit de populations mécontentes qui se sont retournées contre leur pays. Si bien que le seul combat purement militaire ne suffira à venir à bout du phénomène. Il faut donc y ajouter, comme le soutiennent certains, les négociations mais aussi et surtout les actions de développement. Il est connu de tous, que dans les zones à risque il se pose un véritable problème de développement. Les populations de ces zones se sentent abandonnées par l’administration, car elles semblent ne pas bénéficier des richesses dans leur pays. Compris autrement, on peut dire qu’elles revendiquent à travers cette lutte leur appartenance à leurs pays. Il suffit de bien cerner les contours réels du phénomène pour y mettre fin.

L’accalmie relative qu’on observe ces derniers temps est sans aucun doute les résultats des différentes interventions militaires ou en matière de développement. Elles doivent être intensifiées si on veut combattre efficacement et définitivement l’insécurité sous toutes ses formes au Sahel. A N’Djamena, il va falloir se réengager davantage. Même s’il faut faire appel au soutien international, il reste entendu que le premier effort doit être fait par les pays africains eux-mêmes. Individuellement, mais aussi de façon collective et concertée. Même avec les pays qui, aujourd’hui, semblent ne pas être concernés par le phénomène du terrorisme. N’est-elle pas une évidence que si les pays du Sahel ne résistent pas au terrorisme, il se retrouvera dans les autres pays, notamment dans le Golfe de Guinée ?

Dabaoué Audrianne KANI

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