Suspension de France24 au Burkina : l’ami de mon ennemi est mon ennemi

Après la Radio France internationale (RFI), c’est le tour de la télévision France24 d’être suspendue de diffusion sur le territoire burkinabè. Parce que France24 a accordé une interview à un chef terroriste, ennemi du Burkina Faso et dont le groupe est l’auteur principal des attaques terroristes qui endeuillent les Burkinabè. Comme quoi, qui pactise avec mon ennemi est mon ennemi. C’est sans doute ce qui est reproché au média français qui ne cessera pas pour autant de diffuser des informations sur le Burkina Faso.

Mais, à l’analyse, on peut dans un premier temps comprendre la colère des autorités burkinabé, et avec eux certains Burkinabè, qui comprennent difficilement que des médias offrent leurs colonnes ou leurs antennes à des chefs terroristes alors qu’ils tuent des populations innocentes. C’est un sentiment normal surtout venant de quelqu’un qui subit presque chaque jour les affres du terrorisme. Malheureusement, France24 n’a pas réalisé son interview pour la destiner exclusivement aux Burkinabè, même si c’est le chef du groupe le plus actif au Burkina Faso. En suspendant France24 (après RFI) les autorités accordent encore plus du crédit à ces médias. Le problème des Burkinabè ne réside pas dans le contenu des médias, mais la manière dont les Burkinabè en font usage. Et c’est en cela qu’il faut mettre beaucoup plus l’accent sur l’éducation aux médias que vouloir leur dicter des choix éditoriaux.

La preuve en est que la suspension de RFI n’empêche pas ceux qui veulent suivre ce média de le faire à travers les réseaux sociaux. La suspension de France24 n’empêchera pas non plus ceux qui veulent suivre cette télévision de le faire. En outre, ces suspensions venant de nos autorités, peuvent malheureusement renforcer la haine que nourrissent des soutiens radicaux de la transition à l’endroit de certains médias nationaux. Apparemment, il semble que tout porte à croire que tous ceux qui ne seront pas des soutiens à la transition, ou du moins qui portent une quelconque critique à la conduite du processus, sont des ennemis à abattre. C’est dans ce registre qu’il faut situer les menaces contre des médias (Omega médias par exemple) et des journalistes (Alpha et Newton Ahmed Barry, Lookman Sawadogo) qui expriment leurs opinions.

En effet, la crise sécuritaire que vit le Burkina Faso n’a pas été inventée par les médias. Elle n’est pas et elle ne sera pas soutenue par les médias et les journalistes qui, comme tous les Burkinabè d’ailleurs, ne subissent pas moins ses conséquences. Si les médias et les journalistes (surtout Burkinabè) pouvaient par leurs plumes, leurs micros et leurs cameras mettre fin au terrorisme, certainement qu’ils l’auraient fait depuis longtemps. Ils sont bien conscients de leurs responsabilités et personne n’est jamais heureux quand des vies humaines sont arrachées du fait du terrorisme. Personne n’est heureux de constater le déplacement massif de nos compatriotes, chassés des localités où ils sont nés et ont grandi par des groupes armés terroristes. Il ne faut donc lâcher la proie pour l’ombre.

Dabaoué Audrianne KANI 

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