Suspension de l’exportation de l’amande de karité : il faut garantir la bonne application de cette directive

Dans un communiqué conjoint du ministère burkinabè de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, et celui en charge de l’Économie, daté du 18 septembre 2024, il est annoncé la suspension temporaire de l’exportation de l’amande de karité au Burkina Faso.

Ce, à compter de la date de sa signature jusqu’à nouvel ordre. Cette mesure selon les termes du communiqué vise à rendre disponible l’amande de karité utilisée comme matière première par les unités industrielles de transformation au niveau local pour s’aligner à la dynamique du gouvernement visant à soutenir le développement de nos industries nationales. Par conséquent, la délivrance des Autorisations spéciales d’exportation (ASE) pour l’amande de karité est également suspendue. Le communiqué rappelle que toute infraction à cette décision va entraîner des sanctions conformément à la réglementation en vigueur. Le gouvernement invite à la collaboration des acteurs de la filière karité et des services techniques de l’État pour garantir la bonne application de cette directive. Les contrevenants peuvent être dénoncés via les numéros verts mis à disposition (80 00 11 84/85/86). Selon les données de la Banque africaine de développement, la filière karité au Burkina Faso, dominée principalement par les femmes, génère des revenus d’exportation considérables, passant de 52,7 millions de dollars en 2016 à 61,8 millions en 2019. Le pays produit environ 400 000 tonnes d’amandes de karité chaque année. C’est donc dire qu’elle a une importance socio-économique non négligeable. Elle contribue également aux recettes d’exportation et occupe le 7e rang des produits d’exportation après l’or, le coton, le sésame, l’anacarde, le zinc et la filière bétail/viande avec une contribution de 0,6% au PIB, selon des statistiques de l’Agence pour la promotion des exportations (APEX). La mesure de suspension de l’exportation de l’amande de karité par le gouvernement de la Transition est salutaire dans la mesure où elle a pour but de renforcer le développement des industries nationales, toute chose qui relève effectivement de ses prérogatives. Mais question ? Nos unités industrielles ont-elles réellement la capacité de transformer toute la production locale ? Certainement que nos autorités ont pris la pleine mesure de cette décision et il va falloir effectivement obtenir la collaboration des différents acteurs de la filière et des services techniques de l’État pour garantir la bonne application de cette directive.
Ousmane TRAORE