La conduite de la transition, et le contexte particulier de temps de guerre dans lequel se trouve le Burkina Faso nécessite que de temps en temps, les autorités fassent l’état des lieux. Sans verser ni dans la démagogie, ni dans le populisme encore moins dans des bavardages inutiles. C’est sans aucun doute ce qui peut justifier cette sortie médiatique du président Capitaine Ibrahim Traoré.
Le Capitaine a donc quitté le front du combat militaire armé pour un plateau télé-radiodiffusé pour faire l’état des lieux du processus de transition. Ce qui est tout à fait opportun car les Burkinabè veulent savoir où est-ce qu’on leur conduit. Car, ils étaient nombreux ces temps-ci à ne pas comprendre beaucoup de choses dans la démarche du Capitaine et de son Premier ministre. Maintenant, avec plus ou moins de clarté dans quel bateau les dirigeants veulent nous embarquer.
Ainsi, de la lutte armée contre les Groupes armés terroristes, à la diplomatie en passant par l’économie, la lutte contre la corruption, la justice, les droits de l’homme, l’éducation, la santé, le Capitaine a, plus ou moins, dit ce qu’il a fait, ce qu’il fait actuellement et ce qu’il compte faire. C’est ainsi que l’on retiendra, pour ce qui concerne la lutte contre l’insécurité, qu’on n’a pas encore commencé la guerre. Autrement, pour le Capitaine, nous sommes encore dans la mise en place d’un dispositif, notamment en matière de renseignements afin d’avoir une base de données fiables à partir de laquelle, la lutte peut être menée efficacement. Car, explique-t-il, la guerre c’est le renseignement.
Ce qui est tout de même assez étonnant si depuis 2015, date de la première attaque terroriste, le Burkina Faso est toujours à la constitution d’une base de données en matière de renseignements, c’est qu’à quelque part, quelqu’un n’a pas joué son rôle. Les populations dans les zones à forts défis sécuritaire, notamment celles qui sont chassées de chez elles ne peuvent pas comprendre ce langage-là et accepté que jusqu’à présent, leur armée ne fait pas la guerre contre les Groupes armés terroristes. Il faut donc la faire, cette guerre-là, vite et bien.
Sur le plan de la gouvernance d’une façon générale, on retient que la justice et les institutions de lutte contre la corruption ont carte blanche pour faire leur travail. Maintenant, s’il n’est pas fait comme il se doit, ce sont les acteurs qui n’auront pas fait leur travail. Chacun est ainsi interpellé car l’objectif est de faire en sorte que le pays ne retombe plus dans les travers du passé, une fois la transition terminée.
Mais, une fois pour toute, le président Traoré et son équipe doivent savoir (sans doute qu’ils le savent) qu’ils ne peuvent pas réussir la conduite de la transition et faire les reformes qu’il faut sans associer l’ensemble des Burkinabè. Même si la réconciliation vient en dernier position, elle n’est pas moins importante pour le vivre-ensemble actuellement, et la consolidation des acquis qu’engrangera la transition.
Dabaoué Audrianne KANI