Tribune : Le capitaine Traoré et les réalités de la gestion du pouvoir

Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la refondation (MPSR, version 2) est déjà à une quinzaine de communiqués. Dont la plupart invitent à apaiser les tensions. D’abord dans son intervention à lui, pendant les temps chauds de la prise du pouvoir, le Capitaine Traoré a été contraint de recadrer un communiqué qui indiquait que le président Paul-Henri Sandaogo Damiba s’était réfugié à la base militaire française de Kamboincé. Il a dû le faire pour éviter que ses sympathisants n’aillent s’affronter avec les militaires français. Ensuite, il a dû mettre en garde contre les attaques contre les emprises françaises au Burkina Faso (ambassade, les Instituts français, le groupe Bolloré, les écoles françaises…).

Passé ces temps pendant lesquels il a réussi à sauver le chaos, il a dû communiquer pour inviter ceux qui appelaient «à des actes de vandalisme contre certaines autorités coutumières et religieuses» à mettre fin à leurs intentions, parce «qu’aucune autorité coutumière n’est mêlée de près ou de loin à un quelconque acte de déstabilisation ou de sabotage de notre combat commun pour notre vivre-ensemble et la cohésion sociale». Il a dû rappeler «la contribution décisive des notabilités coutumières et religieuses dans le dénouement des événements de ces dernières 72 heures». Et ce n’est pas tout. Le président assurant les affaires courantes a dû, une fois de plus, inviter « ses partisans ? » à ne pas entraver la venue de la mission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Burkina Faso. Conscient que le Burkina Faso ne peut se permettre d’entrer en conflit avec des organisations sous-régionales, notamment la CEDEAO. Du reste, a-t-il précisé, «les intérêts supérieurs de la nation burkinabè seront préservés ». Cette fois-ci, il n’a pas été écouté. Ni à Ouagadougou ni à Bobo-Dioulasso où des marches ont eu lieu. Quant au Mogho Naba, il a dû, lui aussi, démentir publiquement ne s’être jamais opposé à ce que le Capitaine Traoré Ibrahim conduise la transition parce qu’il n’est pas de l’ethnie majoritaire mossi.

Même si « ces informations pourraient être le fait de chapelles obscurantistes visant à saper nos efforts communs », il reste entendu que les nouvelles autorités font face à la dure réalité de la gestion du pouvoir, notamment les réseaux sociaux. Car, il n’est pas non plus exclu que ces informations et actes proviennent de certains individus qui croient avoir suffisamment contribué à la prise du pouvoir pour se permettre autant de libertés. Au point de ne plus écouter les directives du « Chef ». Dans un cas comme dans l’autre, les nouvelles autorités seront appelées, à chaque fois, à recadrer les choses afin d’éviter tout débordement qui pourrait compromettre les efforts qui sont faits. Mais, à priori, qu’elles évitent de tomber effectivement dans l’erreur qui veut qu’il s’agit forcément d’actes de « chapelles obscurantistes visant à saper nos efforts communs ».

Une fois de plus, la mauvaise utilisation des réseaux sociaux constitue l’un des principaux maux du Burkina Faso. C’est par les réseaux sociaux qu’on a sapé les efforts du pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré. Idem avec le pouvoir de Damiba. Ibrahim Traoré, à peine arrivé, est déjà en train de faire l’amère expérience.

Dabaoué Audrianne KANI

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