Vérité relative : Attention, une réconciliation peut en cacher d’autres !

L’investiture du président démocratiquement élu au scrutin du 22 novembre 2020 au Burkina Faso, est pour ce lundi 28 décembre 2020. En attendant cette cérémonie et la formation du gouvernement, les spéculations vont bon train sur les hommes et femmes que le président Roch Marc Christian Kaboré choisira. L’attente des Burkinabè étant de pouvoir vivre unis, loin des déchirures sociales et des nombreuses difficultés quotidiennes. Ils sont nombreux ces Burkinabè qui ramènent la réconciliation au retour des exilés politiques. Notamment avec Blaise Compaoré en tête. Ils n’ont peut-être pas tort ! Car, le président déchu, Blaise Compaoré a de nombreux Burkinabè qui ne jurent que par son nom. Donc, permettre à ces derniers d’avoir leur président parmi eux, c’est prendre en compte leur préoccupation. Certainement que son retour est d’une importance capitale, dans l’aboutissement de la réconciliation tant souhaitée. D’ailleurs, pendant la campagne présidentielle, le président élu avait promis de s’investir pour le retour de Blaise Compaoré, s’il était réélu. « Dieu merci », pourraient dire tous ceux qui tiennent au retour de Blaise Compaoré. Car les Burkinabè ont renouvelé leur confiance au président Kaboré. D’ores et déjà, les défenseurs du retour de Blaise Compaoré diront que cette attente est un acquis. Si le retour des exilés politiques et la libération de certaines personnes comme Diendéré Gilbert et bien d’autres, sont nécessaires pour la réconciliation tant souhaitée, force est de reconnaitre qu’il y a d’autres réconciliations non moins importantes, pour un vivre ensemble paisible au Faso.

La fracture sociale s’est aggravée ces dix dernières années au Burkina Faso. La gouvernance du président Compaoré avait fini par créer de supers-Burkinabè et des Burkinabè d’une classe abandonnée. Toute chose qui finit par emporter le président Compaoré lui-même. Le changement radical auquel des insurgés s’attendaient après les 30 et 31 octobre 2014, demeure une utopie pour beaucoup. Certains n’hésitent même pas à dire que la gouvernance de Kaboré est pire que celle du président déchu, en termes de rétribution des retombés de la croissance. Vrai ou faux ? Ce qui est sûr, le Burkina Faso a besoin d’une véritable réconciliation, afin de souder les morceaux du déchirement social. Contrairement à ceux qui ramènent cette réconciliation au retour de Blaise Compaoré et ses compagnons exilés, il y a un cas dont on parle peu. Il s’agit des personnes ayant subi des préjudices économiques, matérielles ou physiques pendant et après l’insurrection. Si vraie réconciliation il y en a, il faut forcement tenir compte de ces derniers. Il ne s’agira peut-être pas d’un remboursement des pertes pécuniaires ou matérielles, mais au moins d’une reconnaissance du tort infligé aux uns et aux autres. « Une faute avouée est à moitié pardonnée », dit-on. Que la soixantaine de dossiers dont Roch a fait cas à l’ouverture de sa campagne présidentielle le jeudi 5 novembre 2020 à Bobo-Dioulasso, soit pris en compte. L’essentiel est de tenir compte de tous les cas de préjudices, pour une réconciliation sincère.

Souro DAO