La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a réceptionné vingt-trois dossiers de candidats voulant être président du Faso le 22 novembre prochain. Si pour certains cela peut être compris comme le signe d’une vitalité de notre démocratie, pour les plus avisés c’est la preuve une fois de plus que les Burkinabè sont suffisamment divisés. Même si le Conseil constitutionnel venait à valider la moitié de ces dossiers, ce sera trop. Car, il ne peut y avoir autant de programmes de développement pour le seul Burkina Faso. Il ne peut y avoir autant d’idées différentes pour le même Burkina. A dire vrai, la classe politique burkinabè est en train de démontrer ses criardes divisions ainsi que son incapacité à rassembler les Burkinabè autour des vraies questions et vraies valeurs de développement. Comment peut-on parler de retour aux valeurs de cohésion sociale, de patriotisme, de réconciliation, de dignité, de vivre-ensemble, d’unité et de travail alors qu’on n’est pas soi-même capable de donner l’exemple.
Comme on peut donc le constater, le gros problème du Burkina réside dans l’incapacité de sa classe politique et ce depuis des années, à trouver un idéal autour duquel rassembler les Burkinabè pour un développement véritable de leur pays. C’est sa grande division qu’on retrouve dans toutes les sphères du pays. Amenant ainsi les Burkinabè à balbutier sur les vrais enjeux politiques, économiques et sociaux. Dans un petit pays comme le nôtre, avec seulement une vingtaine de millions de personnes, avoir autant de candidats à une présidentielle où il ne sera élu qu’un seul prétendant, c’est étaler au grand jour l’égoïsme des intellectuels burkinabè. En outre, le nombre exagérément très élevé de partis politiques dont certains ne mobilisent même pas dans le village du leader du parti, vient encore démontrer cette division des Burkinabè.
A l’élection présidentielle où il ne sera élu qu’un seul président, y vont des candidats qui ne se connaissent même pas suffisamment. Autrement, quand on sait qu’une présidentielle c’est un contrat entre un homme et ses concitoyens, s’y présenter suppose au moins que l’on sait de quoi on est soi-même capable. L’infantiliser par cette pléthore de candidatures, c’est refuser de lui accorder tout le crédit et toute l’importance qu’exige cette fonction.
Comme si cela ne suffisait pas, des candidats sont allés déposer des dossiers incomplets avec pour seul motif que certaines conditions ne sont pas acceptables. Alors qu’ils savaient pertinemment que ces conditions sont inscrites dans des lois. C’est une injure qu’ils font aux Burkinabè. Leurs dossiers devraient être refusés dès l’étape de la CENI. Car la CENI, institution chargée de l’organisation des élections n’est pas une poubelle. Comment peut-on obliger les jeunes à la recherche d’un emploi de déposer des dossiers complets et autoriser des candidats à la plus haute fonction de l’Etat de déposer des dossiers incomplets. Le respect des textes doit commencer par ceux qui veulent diriger le pays. Le Conseil constitutionnel ne doit pas avoir la main légère avec de tels candidats. Au mieux, ils devraient être sanctionnés pour manquement grave à la loi.
Dabaoué Audrianne KANI