Wang Yi, Membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois et Ministre des Affaires étrangères: «la Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique»

Le 7 mars 2024, la deuxième session de la 14e Assemblée populaire nationale a tenu une conférence de presse au Media Center Hotel en Chine. M. Wang Yi, Membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois et Ministre des Affaires étrangères a répondu aux questions des journalistes chinois et étrangers sur la politique étrangère et les relations extérieures de la Chine.

D’après vous, quels sont les résultats marquants de la diplomatie chinoise en 2023 ? La Conférence centrale sur le travail relatif aux affaires étrangères a affirmé que la diplomatie de grand pays aux caractéristiques chinoises entrerait dans une nouvelle phase d’engagement plus important. Dans quels domaines précisément peut-on attendre un engagement plus important ?
L’année 2023 a été pour la diplomatie chinoise une année d’actions et surtout de récoltes. Sous la ferme direction du Comité central du Parti rassemblé autour du Camarade Xi Jinping, nous avons appliqué en profondeur l’esprit du XXe Congrès national du Parti, travaillé pour promouvoir la solidarité et la coopération internationales, proposé des solutions aux crises et défis de toutes sortes et contribué à la paix et au développement dans le monde, ouvrant de nouveaux horizons à la théorie et à la pratique de la diplomatie chinoise. L’an dernier, le Président Xi Jinping a présidé deux grands événements diplomatiques organisés en Chine, participé à trois sommets multilatéraux, effectué quatre déplacements importants à l’étranger, et tenu plus de cent entretiens en présentiel ou par téléphone. La diplomatie de Chef d’État continue de jouer un rôle de pilotage stratégique irremplaçable. L’Asie centrale et la péninsule indochinoise se sont engagées dans la construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité, et de nouveaux progrès ont été obtenus dans la construction des communautés d’avenir partagé Chine-Afrique, Chine-ASEAN, Chine-États arabes ainsi que Chine-Amérique latine et Caraïbes. Le 3e Forum « la Ceinture et la Route » pour la Coopération internationale s’est tenu avec succès, et la coopération dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route » est entrée dans une nouvelle phase de développement de qualité. Les BRICS ont réalisé un élargissement historique, ouvrant un nouveau chapitre du Sud global dans le redressement dans l’unité. Nous avons travaillé à réaliser la réconciliation historique entre l’Arabie saoudite et l’Iran, contribué par notre médiation à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu dans le nord du Myanmar, et œuvré à un règlement politique de l’ensemble des crises et conflits. Nous avons lutté résolument contre tout agissement de politique du plus fort et d’intimidation et défendu énergiquement la souveraineté, la sécurité et les intérêts de développement de notre pays et les intérêts communs des pays en développement. Nous avons poursuivi notre engagement à servir le peuple et travaillé d’arrache-pied dans l’intérêt général du développement et de la stabilité du pays. Lors de la Conférence centrale sur le travail relatif aux affaires étrangères tenue fin 2023, le Président Xi Jinping a pris des dispositions globales pour les actions diplomatiques de la période actuelle et de celle à venir et fait une planification au plus haut niveau de la stratégie diplomatique de la Chine dans sa nouvelle marche en avant. Nous étudierons et appliquerons en profondeur l’esprit de la Conférence, nous guiderons sur la Pensée Xi Jinping sur la diplomatie, axerons nos efforts sur la construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité, et ferons preuve d’un plus grand sens des responsabilités envers …

Comment la communauté internationale pourra-t-elle offrir une protection nécessaire au peuple palestinien ? La position impartiale de la Chine sur la question palestinienne est saluée par les pays arabes. Où se trouve l’issue du conflit palestino-israélien ? Quel rôle jouera la Chine là-dedans ?
L’actuel conflit palestino-israélien a fait 100 000 morts et blessés parmi les civils, et d’innombrables personnes innocentes sont toujours sous les décombres. Toutes les vies se valent, sans distinction de race ou de religion. Ne pas pouvoir mettre fin à cette catastrophe humanitaire alors que nous sommes déjà au 21e siècle, est une tragédie pour l’humanité, et surtout une honte pour la civilisation. Rien ne saurait plus justifier la prolongation du conflit ou les tueries des civils. La communauté internationale doit agir en urgence et faire d’un cessez-le-feu immédiat la première priorité qui prévaut sur tout, et de l’assistance humanitaire une responsabilité morale à assumer sans le moindre délai. La population de Gaza a le droit de vivre dans ce monde. Les femmes et les enfants doivent pouvoir retrouver leurs familles. Tous les détenus doivent être libérés et toute attaque contre les civils doit être arrêtée. Le désastre à Gaza nous rappelle de nouveau qu’il ne faut plus négliger le fait que le territoire palestinien est depuis longtemps sous l’occupation, qu’il ne faut plus s’esquiver face au rêve tant chéri du peuple palestinien de créer un État indépendant, et qu’il ne faut plus laisser persister de génération en génération les injustices historiques subies par les Palestiniens ni tarder à les redresser. C’est seulement quand la justice aura été rendue au peuple palestinien et que la solution à deux États aura été intégralement mise en œuvre que nous pourrons définitivement sortir du cercle vicieux du conflit palestino-israélien, éradiquer à la source le terreau des courants extrémistes et réaliser la paix durable au Moyen-Orient. La Chine soutient fermement la juste cause du peuple palestinien de rétablir les droits légitimes de la nation, et travaille depuis toujours à un règlement global, juste et durable de la question palestinienne au plus tôt. Nous soutenons l’obtention par la Palestine du statut d’État membre de l’ONU et appelons certain membre du Conseil de Sécurité à cesser d’y faire obstacle. Nous appelons à l’organisation d’une conférence internationale de paix d’une plus grande ampleur, d’une plus grande autorité et plus substantielle pour établir un calendrier et une feuille de route de la mise en œuvre de la solution à deux États. Nous estimons que la partie palestinienne et la partie israélienne doivent reprendre au plus vite les pourparlers de paix en vue d’une coexistence pacifique entre l’État palestinien et l’État israélien et d’une entente harmonieuse entre les nations arabe et juive. La Chine continuera de travailler avec la communauté internationale pour contribuer à faire revenir la paix, à sauver des vies et à défendre la justice.

Après les élections dans la région de Taiwan, on craint une escalade des tensions dans le détroit de Taiwan. Les perspectives d’une réunification pacifique deviennent-elles moroses ? Comment voyez-vous la situation actuelle dans le Détroit ?
Les élections dans la région de Taiwan ne sont que des élections locales de la Chine. Leurs résultats ne sauraient changer ni le fait fondamental que Taiwan fait partie de la Chine, ni la tendance de l’Histoire qui veut que Taiwan retourne au giron de la patrie. Après ces élections, plus de 180 pays et organisations internationales ont réitéré leur attachement au principe d’une seule Chine et leur soutien à la Chine dans la sauvegarde de sa souveraineté et de son intégrité territoriale. Cela démontre pleinement que le principe d’une seule Chine est déjà un consensus largement partagé de la communauté internationale. Continuer d’enhardir et de soutenir l’« indépendance de Taiwan » revient à défier la souveraineté de la Chine. Et persister à maintenir des relations officielles avec Taiwan, c’est de s’ingérer dans les affaires intérieures de la Chine. Je suis convaincu que vous verrez tôt ou tard une « photo de famille » de la communauté internationale dont tous les membres respectent le principe d’une seule Chine. Ce n’est qu’une question de temps. Les actes sécessionnistes visant l’« indépendance de Taiwan » sont le plus grand élément destructeur de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taiwan. Pour défendre véritablement la paix dans le Détroit, il faut s’opposer sans équivoque à l’« indépendance de Taiwan ». Plus l’attachement au principe d’une seule Chine est ferme, mieux la paix dans le détroit de Taiwan est garantie. Notre politique est très claire, c’est de continuer de travailler avec la plus grande sincérité à des perspectives de réunification pacifique. Notre ligne rouge est elle aussi très claire, c’est de ne jamais laisser séparer Taiwan de la mère patrie. Quiconque dans l’île prône l’« indépendance de Taiwan » sera puni par l’Histoire. Quiconque à l’international enhardit et soutient les forces visant l’« indépendance de Taiwan » finira par subir les maux qu’il a lui-même semés. Les compatriotes des deux rives du Détroit sont unis par des liens de chair et trouvent leur origine indivisible dans une même nation. Tous les Chinois doivent préserver l’intérêt fondamental de la nation chinoise, s’opposer ensemble à l’« indépendance de Taiwan » et soutenir la réunification pacifique.

La crise ukrainienne n’a donné aucun signe d’apaisement jusqu’aujourd’hui. Lors de la Conférence de Munich sur la Sécurité le mois dernier, vous avez dit que tout ce que la Chine avait fait était pour promouvoir les pourparlers de paix. À votre avis, quand est-ce que les deux parties pourront revenir à la table des négociations ?
Sur la question ukrainienne, la Chine adopte toujours une position objective et impartiale, et se tient toujours fermement du côté des pourparlers de paix. Le Président Xi Jinping a eu en personne des communications approfondies avec les dirigeants des différentes parties dont la Russie et l’Ukraine. Un document de position sur cette question a été publié, et notre envoyé spécial a effectué plusieurs navettes diplomatiques. Tous ces efforts ont un même objectif, celui de préparer le terrain pour la cessation des combats et les pourparlers de paix. Lors de la Conférence de Munich sur la Sécurité, nous avons eu une impression forte que de plus en plus de gens ont commencé à s’inquiéter d’éventuelles conséquences perdant-perdant de cette crise et se sont dits prêts à créer des conditions en vue d’une solution fiable. Les expériences du passé montrent qu’une crise prolongée souvent dégénérera et conduira à une escalade qui pourrait aller au-delà des prévisions des parties prenantes, et que si les pourparlers de paix ne peuvent s’amorcer, les malentendus et les erreurs d’appréciation s’accumuleront, et une plus grande crise éclatera. Des leçons sont à tirer là-dessus. Tout conflit finit par se régler autour d’une table des négociations. Plus tôt les négociations seront lancées, plus vite la paix deviendra réalité. Tant que toutes les parties respectent les buts et principes de la Charte des Nations Unies et répondent adéquatement aux préoccupations légitimes des uns et des autres, l’Europe pourra mettre véritablement en place une architecture de sécurité équilibrée, effective et durable. Les quatre points concernant ce qui doit être fait, avancés par le Président Xi Jinping, sont les principes directeurs fondamentaux que la partie chinoise poursuit dans le règlement politique de la crise. La Chine soutient la tenue en temps opportun d’une conférence internationale de paix qui soit reconnue par la Russie et l’Ukraine, qui réunisse sur un pied d’égalité les différentes parties et qui permette une discussion équitable de tous les plans de paix. La Chine souhaite voir le retour au plus tôt de la paix et de la stabilité sur le continent européen et entend continuer de jouer un rôle constructif en ce sens.

Comment la diplomatie chinoise pourra-t-elle mieux servir la modernisation à la chinoise ? Que répondriez-vous aux inquiétudes sur les perspectives du développement de la Chine ?
En 2023, l’économie chinoise, par une croissance de 5,2%, a contribué à hauteur d’un tiers à la croissance mondiale. La Chine demeure un puissant moteur de croissance et la prochaine Chine, c’est la Chine. Je voudrais vous rappeler quelques nouvelles dynamiques. D’abord, le développement de la Chine repose non seulement sur une croissance quantitative raisonnable, mais aussi sur une amélioration qualitative effective. Les secteurs émergents sont en plein essor, la transition verte porte ses fruits, les anticipations de la société s’améliorent solidement et les forces productives de nouvelle qualité se développent à un rythme accéléré. Ensuite, l’immense marché chinois de plus de 1,4 milliard d’habitants s’ouvre sur le monde. De nouvelles demandes et de nouvelles activités économiques sont en augmentation exponentielle. L’espace pour le développement de la Chine et sa coopération avec l’extérieur s’élargit rapidement. Troisièmement, les portes de la Chine s’ouvrent encore plus grand et plus de mesures substantielles sont prises pour son ouverture de haut niveau et sur le plan institutionnel. Le niveau général de ses tarifs douaniers a baissé au même niveau des pays membres développés de l’OMC. La liste négative d’accès au marché pour les investissements étrangers a été réduite à moins de 31 items. L’accès à l’industrie manufacturière est complètement ouvert. L’ouverture du secteur des services s’accélère. Et le bénéfice que réalisent les investissements étrangers en Chine est toujours parmi les plus élevés au monde. La Chine ne peut se séparer du monde dans son développement et le monde ne saurait se développer sans la Chine. Ceux qui misent sur l’échec de la Chine finiront par nuire à leurs propres intérêts et ceux qui en font une lecture erronée rateront les opportunités. La diplomatie économique est également un aspect important du travail extérieur. Nous continuerons de prendre des mesures pour faciliter la mobilité humaine entre la Chine et les autres pays du monde, y compris les facilités de paiement. À partir du 14 mars, la Chine appliquera à l’essai la politique d’exemption de visa pour la Suisse, l’Irlande, la Hongrie, l’Autriche, la Belgique et le Luxembourg. Nous espérons que davantage de pays pourront accorder des facilités de visa aux citoyens chinois, et travailler conjointement avec nous à construire des réseaux rapides pour la circulation transfrontalière des personnes et à accélérer la reprise des vols passagers internationaux, pour que les Chinois puissent partir en voyage quand ils le souhaitent et que nos amis étrangers se sentent chez eux quand ils viennent en Chine. Nous organiserons plus de voyages en province des chefs de mission diplomatique, en vue de bâtir plus de ponts pour favoriser l’ouverture et la coopération des collectivités locales et entreprises. Nous travaillerons avec les départements compétents pour promouvoir la conclusion de plus d’accords de libre-échange de haut standard, agrandir le réseau de zones de libre-échange tourné vers le monde et préserver la stabilité et la fluidité des chaînes industrielles, d’approvisionnement et de données mondiales. Nous travaillerons en interministériel pour organiser avec succès l’Exposition internationale d’importation de la Chine, la Foire internationale du commerce des services de Chine, l’Exposition internationale des produits de consommation de Chine, l’Exposition internationale des chaînes d’approvisionnement de Chine et les autres plateformes de coopération internationale, optimiser le cadre d’affaires conforme aux lois du marché, à la législation et aux normes internationales, et apporter aux investisseurs et partenaires étrangers des anticipations plus stables et davantage de bénéfices de long terme.

Nombre de pays au monde ont proposé des solutions sur la gouvernance mondiale dans le développement de l’intelligence artificielle (IA). Quelle est la position de la Chine sur la coopération entre grands pays sur l’IA ?
L’IA est entrée dans une phase cruciale de développement exponentiel. Nous estimons qu’il faut accorder la même importance au développement et à la sécurité, embrasser les nouveautés et les nouvelles opportunités sans oublier de monter les freins avant de prendre la route, et travailler ensemble à promouvoir la gouvernance mondiale de l’IA. En octobre dernier, le Président Xi Jinping a avancé l’Initiative mondiale pour la gouvernance de l’intelligence artificielle, dans laquelle la position et les propositions de la Chine sont clairement présentées. Nous estimons qu’il faut garantir essentiellement trois points : Premièrement, les bienfaits. L’IA doit se développer de manière à contribuer au bien-être commun de tous, en conformité avec les règles de l’éthique et du droit international et dans le sens du progrès de l’humanité. Deuxièmement, la sécurité. L’IA doit rester sous le contrôle de l’être humain et se doter d’une explicabilité et d’une prévisibilité toujours renforcées. À cet égard, des plans d’évaluation et de contrôle de risques sont nécessaires. Troisièmement, l’équité. Il est important de créer une institution internationale de gouvernance de l’IA dans le cadre de l’ONU et d’assurer la participation égale et l’accès égal aux bénéfices pour tous les pays au cours du développement de l’IA. Je tiens également à souligner que les tentatives de monter une « petite cour avec de hauts murs » dans le domaine de l’IA aboutiront à une nouvelle erreur historique. Cela ne saurait entraver le développement scientifique et technologique des autres, et ne fera que saboter l’intégrité des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales et réduire les capacités de l’homme à répondre aux risques et défis. La Chine est ouverte et favorable à la coopération avec les autres pays sur l’IA et a déjà établi des mécanismes de dialogue avec des pays dans ce domaine. Dans le domaine de l’IA, la coopération entre grands pays est d’une grande importance, de même que le renforcement des capacités des pays en développement. Nous soumettrons en temps opportun à l’Assemblée générale des Nations Unies un projet de résolution sur l’intensification de la coopération internationale sur le renforcement des capacités de l’IA, en vue de renforcer le partage de technologies entre différentes parties, de combler le fossé de l’IA et de ne laisser aucun pays en arrière.

Vous vous êtes rendu en Afrique en janvier dernier, selon la tradition qui veut que le ministre chinois des Affaires étrangères réserve à l’Afrique son premier déplacement de l’année. Comment la Chine consolidera-t-elle sa coopération avec les pays africains ? Des hauts responsables des pays occidentaux dont les États-Unis y ont multiplié les visites ces dernières années. Craignez-vous que les relations sino-africaines ne soient confrontées à la concurrence de l’Occident ?
Le ministre chinois des Affaires étrangères consacre chaque année à l’Afrique son premier déplacement à l’étranger. Cette tradition, qui a duré depuis 34 ans, est unique dans l’histoire des échanges internationaux. Elle s’explique par le fait que la Chine et l’Afrique, frères pour le meilleur et le pire, ont combattu côte à côte dans la lutte contre l’impérialisme et le colonialisme, fait preuve de solidarité sur la voie du développement et du redressement et défendu résolument la justice face aux aléas internationaux. Depuis le début de l’ère nouvelle, le Président Xi Jinping a avancé le principe de sincérité, de résultats effectifs, d’amitié et de bonne foi pour les relations sino-africaines et la vision de la recherche du plus grand bien et des intérêts partagés, guidant la construction d’une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique dans une voie rapide. Depuis 15 ans consécutifs, la Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique. Le gâteau de la coopération sino-africaine ne cesse de s’agrandir. Les Chinois et les Africains se rapprochent de plus en plus. Aujourd’hui, le Sud global, qui comprend la Chine et l’Afrique, est en plein essor et marque profondément le cours du monde. Les pays africains connaissent un nouvel éveil. Les modèles qui leur ont été imposés de l’extérieur n’ont apporté ni stabilité ni prospérité. Ils ont besoin d’explorer une voie de développement adaptée à leurs conditions nationales et de prendre fermement en main leur avenir et destin. Dans ce nouveau processus historique, la Chine continuera de se tenir fermement aux côtés de ses frères africains, de soutenir l’Afrique pour qu’elle accède à une véritable indépendance d’esprit et de pensée, de l’accompagner dans le renforcement de sa capacité de développement autonome, et d’appuyer l’accélération de la modernisation du continent. La Chine estime depuis toujours que l’Afrique ne doit pas être marginalisée. Avec le développement vigoureux de la coopération sino-africaine, les autres grands pays ont à nouveau tourné leur regard vers l’Afrique. Nous nous en félicitons et espérons qu’ils pourront, comme ce que fait la Chine, apporter une plus grande attention à l’Afrique, s’y engager davantage et soutenir son développement. Nous sommes prêts à mener, dans le respect de la volonté de la partie africaine, plus de coopérations tripartites et multipartites. La prochaine conférence du Forum sur la Coopération sino-africaine se tiendra cet automne en Chine. Six ans après, les dirigeants chinois et africains se retrouveront à Beijing pour envisager ensemble le développement et la coopération dans l’avenir et échanger en profondeur des vues sur les expériences de gouvernance. Je suis convaincu que par ce sommet, la Chine et l’Afrique feront rayonner l’amitié traditionnelle, approfondiront la solidarité et la coopération, ouvriront de nouveaux horizons à l’accélération du développement partagé, et écriront une nouvelle page de la communauté d’avenir partagé Chine-Afrique.

Aujourd’hui les défis globaux se multiplient. La communauté internationale attend de l’ONU un rôle encore plus important. Pourtant, certaines grandes puissances cherchent à la contourner en montant toutes sortes de « petits cercles ». Comment voyez-vous le rôle de l’ONU ? Quel est votre avis sur sa réforme ?
La Chine estime depuis toujours qu’il n’y a qu’un seul système international, celui centré sur les Nations Unies, qu’il n’y a qu’un seul ordre international, celui fondé sur le droit international, et qu’il n’y a qu’un seul ensemble de règles, les règles fondamentales régissant les relations internationales basées sur les buts et principes de la Charte des Nations Unies, et qu’aucun pays ne saurait arbitrairement en imposer un autre. Les nombreux crises et défis qui nous frappent ces dernières années ne cessent de nous mettre en garde que le rôle de l’ONU doit être renforcé et non affaibli, et que sa place doit être préservée, et non remplacée. Depuis sa fondation d’il y a plus de 70 ans, l’ONU a traversé toutes sortes d’épreuves et subi des impacts de la politique du plus fort. Mais elle demeure aujourd’hui l’organisation internationale intergouvernementale la plus universelle, la plus représentative et dotée de la plus haute autorité. Elle est le mécanisme central pour réaliser la paix et le développement dans le monde et une plateforme importante pour la participation égale des nombreux petits et moyens pays aux affaires internationales.  La Chine est le premier pays à avoir apposé sa signature sur la Charte des Nations Unies, le plus grand fournisseur de Casques bleus parmi les membres permanents du Conseil de Sécurité et le deuxième contributeur financier à l’ONU et à ses opérations de maintien de la paix. Pour répondre au déficit de développement, nous travaillons activement à faire avancer l’Initiative pour le développement mondial en vue de contribuer à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies. Pour répondre à la menace climatique, nous soutenons la coopération internationale contre le changement climatique dans le cadre des Nations Unies et parviendrons à la plus forte réduction de l’intensité de carbone au monde dans les délais les plus courts de l’histoire. Dans le même temps, l’ONU a également besoin de se mettre en phase avec notre époque, de se réformer et de se perfectionner en permanence pour s’adapter à la nouvelle réalité de la politique et de l’économie internationales, et augmenter la représentation et le droit à la parole des pays en développement. Les grands pays doivent en particulier assumer leurs responsabilités et faire en sorte que l’ONU et son Conseil de Sécurité s’acquittent mieux de leur devoir pour, plus effectivement, consolider le consensus international, mobiliser les ressources mondiales et coordonner l’action mondiale. La Chine soutient les Nations Unies dans l’organisation du Sommet de l’avenir en vue d’aboutir à un Pacte pour l’avenir qui soit bénéfique pour tous. Nous sommes prêts à travailler avec la communauté internationale à soutenir le développement et le perfectionnement continus de l’ONU pour que l’Organisation, en reposant sur l’état de droit international, en respectant la justice et l’équité, en poursuivant la coopération gagnant-gagnant et en veillant à l’efficacité dans l’action, porte le véritable multilatéralisme et œuvre sans cesse à la démocratisation et au respect du droit dans les relations internationales.

Depuis le lancement par le Président Xi Jinping de l’Initiative « la Ceinture et la Route » il y a dix ans, de nombreux pays ont pu mesurer les bénéfices tangibles qu’elle a apportés. Comment voyez-vous les perspectives de la coopération dans le cadre de cette Initiative pour les années à venir ?
Lancée par le Président Xi Jinping il y a plus de dix ans, l’Initiative « la Ceinture et la Route » a porté des fruits abondants. Elle est devenue le bien public mondial le plus apprécié et la plus grande plateforme de coopération internationale, et a offert une voie de coopération, d’opportunité et de prospérité aux pays partenaires en vue d’un développement commun. Lors du troisième Forum « la Ceinture et la Route » pour la Coopération internationale, le Président Xi Jinping a annoncé les huit actions à prendre par la Chine, ce qui marque l’ouverture d’une nouvelle phase de la coopération de qualité dans le cadre de l’Initiative. Nous sommes prêts à travailler avec les différentes parties pour poursuivre l’esprit de la Route de la Soie et mettre en œuvre les acquis du Forum en vue d’inaugurer une nouvelle décennie d’or pour cette coopération. Nous travaillerons à la montée en gamme de l’interconnexion matérielle. Nous redoublerons d’efforts pour construire un réseau mondial multidimensionnel de connectivité d’infrastructures maritimes, terrestres et aériennes qui soit soutenable, résilient et de haute qualité. Nous accélérerons la construction de la Route de la Soie numérique, développerons en profondeur la Route de la Soie verte et conjuguerons nos efforts pour répondre aux nouveaux défis de toutes sortes. Nous travaillerons à un développement solide et approfondi de la connectivité immatérielle. Nous resterons attachés aux principes d’amples consultations, de contribution conjointe et de bénéfices partagés ainsi que le concept d’ouverture, de développement vert et d’intégrité, poursuivrons la recherche du haut standard au service du bien-être des peuples et du développement durable, renforcerons la synergie entre l’Initiative « la Ceinture et la Route » et les stratégies de développement de différentes parties, coordonnerons la mise en œuvre des projets emblématiques et des projets petits et beaux, et œuvrerons activement à bâtir une économie mondiale ouverte pour que l’Initiative «la Ceinture et la Route» procure durablement des opportunités à tous en vue des bénéfices partagés. Nous travaillerons au rapprochement continu des peuples. Nous développerons énergiquement le dialogue des civilisations entre les pays partenaires de l’Initiative, accorderons un soutien agissant aux échanges entre les peuples et les collectivités locales et mènerons activement des échanges humains riches et variés pour que l’esprit de la Route de la Soie s’enracine plus profondément dans les esprits de nos peuples. La Chine ne cherche pas une modernisation qui ne profite qu’à elle seule. Nous espérons que la coopération de qualité dans le cadre de l’Initiative «la Ceinture et la Route» deviendra un moteur pour le développement commun de tous les pays et un accélérateur pour la modernisation dans le monde entier.

Ambassade de Chine au Burkina Faso