Abdoulaye Héma Ouattara, fils de feu Djaffar : «Ceux qui augmentent les prix pendant le Ramadan sont des mécréants…»

A quelques heures du début du mois du jeûne musulman, nous nous sommes entretenus avec Abdoulaye Hema Ouattara, fils de feu Djaffar Héma Ouattara, actuel porte-parole du Comité culturel de la Génération des trois Testaments (CCGT). Dans l’interview qu’il nous a accordé, ce 22 mars 2023 à son domicilie au secteur 22 de Bobo, le guide religieux nous parle de l’origine du Ramadan mais également donne sa lecture sur la situation nationale. Lisez !

Que représente le mois du Ramadan pour le fidèle musulman?

Le Ramadan existait bien avant l’arrivée du prophète Mohamet. Avant l’arrivée de Mohamet, au temps du prophète Moïse, on l’appelait carême. En ce temps, Moïse faisait quarante jours sans manger ni boire. Il passait tout son temps à parler de Dieu. Ce qui est différent du jeûne musulman qui se limite soit à 29 jours ou bien à 30 jours. Après ça, il a été mentionné dans le coran que tout bon musulman après avoir observé le croissant lunaire doit jeûner. Le Ramadan ne signifie pas seulement s’abstenir de boire et de manger toute la journée. Non ! Le musulman doit avoir pitié de son semblable durant ce mois béni. Il doit multiplier les bonnes œuvres car c’est un mois de pardon, de tolérance et de communion. En outre, il doit partager son pain avec les autres, ceux qui n’en ont pas. Nous avons vu le Ramadan dans le coran.

Nous, au sein du CCGT nous tirons tout ce qu’on dit dans le coran, l’évangile et la torah. Si nous ne voyons pas quelque chose écrit noir sur blanc dans ces trois livres saints, nous ne travaillons pas avec. Exceptionnellement, le jeûne n’est pas obligatoire pour ceux qui ont des problèmes de santé et ceux qui font de longs voyages. Mais après le mois de Ramadan, ces personnes doivent rembourser les jours qu’ils n’ont pas pu jeûner. Ici, on ne parle pas de faux malade. Ceux qui à l’approche du mois font semblant d’être malade. Les femmes qui sont en période de règles et celles qui sont en train d’allaiter leurs bébés sont aussi excusées du jeûne mais à condition de rembourser les jours après. Il y’a une catégorie de personnes aussi qui ne peuvent pas jeûner du fait de leur état de santé. Après le mois du Ramadan, ces derniers doivent effectuer une aumône. Cela est aussi détaillé dans les versets coraniques.

Quel comportement le fidèle doit-il adopter durant cette période ?

Ce qui est recommandé chez le musulman durant ce mois c’est le pardon en premier lieu. Ensuite, il doit aider les veuves, les orphelins et d’autres personnes vulnérables pour leur permettre de jeûner. Par exemple, le musulman qui a assez de moyens financiers doit donner à cette couche de personnes de la nourriture, de l’argent et bien d’autres produits de nécessité pour les aider à rompre leur jeûne. Au lieu que certains utilisent leur argent dans les affaires politiques ou à d’autres fins, ils doivent l’utiliser dans ces bonnes œuvres. Il faut dire aussi que le jeûne est un médicament très efficace pour ceux qui ne le savent pas. Cela peut dégraisser l’organisme et donner une bonne santé à tous ceux qui ont des soucis de santé. Pour jeûner, le musulman doit obligatoirement observer la lune. S’il la voit il doit appeler des témoins. Après cela, il doit jurer et donner toutes ses références pour que la communauté musulmane puisse donner l’information de manière officielle. Il ne suffit pas de s’asseoir quelque part et dire qu’on a vu la lune. Ou se trouve la preuve ? Ce n’est pas une question de comptabilité de jours mais plutôt de voir la lune avant de jeûner.

On remarque que durant le mois du Ramadan, les prix des denrées alimentaires grimpent. Quel est votre point de vue ?

Les burkinabè sont méchants entre eux. Les commerçants qui augmentent les prix des denrées alimentaires sont des mécréants. Ce sont des criminels. Il faut que le gouvernement s’y prenne garde pour empêcher un éventuel chaos. Nous demandons au président Ibrahim Traoré d’instruire son gouvernement de telle sorte à effectuer des contrôles sur les prix des produits de première nécessité. D’autres disent que le pays est pauvre. Non ! Ce n’est pas le cas, c’est la méchanceté. Les riches n’ont pas pitié des pauvres. Il faut qu’on arrête cela pour que Dieu puisse nous aider. Nous avons des commerçants au Burkina qui au lieu d’aider les pauvres, profitent du mois du Ramadan pour s’enrichir en augmentant les prix. Prenons l’exemple sur les pays voisins comme le Mali et la Côte-d’Ivoire où les prix chutent pendant le carême. Le président doit donner l’ordre à son ministre du Commerce de contrôler et de saisir les produits dont les prix sont en hausse. Tous ceux qui ont augmenté les prix sont des ennemis du peuple.

Comment se porte le CCGT après le décès du père fondateur, votre géniteur Djafar Hema Ouattarra ?

Le CCGT se porte très bien par la grâce de Dieu. Nos activités continuent toujours comme s’il était vivant. Il n’est pas parmi nous aujourd’hui mais il nous a laissé dans la bonne conduite et nous suivons le chemin. Nos activités se manifestent toujours par nos séances de prières, de prêches et de sorties. Tout se passe vraiment comme on le faisait de son vivant. En fonction de l’actualité du pays, nous donnons notre point de vue également mais après que nous nous sommes bien imprégnés de la situation avec des preuves et sources fiables à l’appui. A notre niveau si nous ne maitrisons pas tous les contours d’un sujet, nous ne réservons d’en parler. Nous avons besoin au quotidien des sources et des informations vraies pour pouvoir parler. Après le décès du père fondateur j’ai été plusieurs fois interpellé à cause de mes propos. Une fois c’était en période de Covid19, le père fondateur était encore en vie mais soufrant et c’est moi j’ai fait la prêche ce jour. C’était toujours sous Roch Kaboré. Ce jour là j’ai été appelé au téléphone et je suis allé rencontrer la personne. C’est après les échanges qu’il m’a dit qu’il est de l’Interpol et ma montré sa carte et il me reprochait d’avoir insulté le chef de l’Etat. J’ai juste demandé si ce que j’ai dit est vrai ou c’est faux ? J’ai même demandé s’il avait la possibilité de me conduire plus haut pour que je puisse dire ce que je pense. Après le drame d’Inata, quand j’ai parlé aussi de ça, des gens m’ont attaqué à l’interne comme à l’externe. Mais c’est cette affaire qui a emporté le président Roch Kaboré. Si seulement il m’avait écouté. Nous faisons nos prêches en donnant nos points de vue sur l’actualité du pays, mais on demeure apolitique. Les principes et les valeurs que nous défendons n’ont nullement changé, tout est en action.

Quelle analyse faite vous de la situation actuelle du pays?

Je pense que nous sommes sur le droit chemin et la fin du calvaire est pour bientôt. Il fera bon vivre au Burkina Faso très prochainement. Pour moi, le Burkina Faso est un pays unique en son genre sur la terre car ce sont des Burkinabè eux même qui font du mal a d’autres Burkinabè. Comment on peut comprendre ça ? Les musulmans, les chrétiens et les coutumiers, tout le monde a fait sa prière à sa façon pour le retour de la paix au Burkina Faso et Ibrahim Traoré est arrivé au pouvoir pour nous montrer le chemin. On trouve encore des Burkinabè qui travaillent à ce qu’il n’arrive pas à nous sortir de cette situation. Mon souhait est que les hommes politiques arrêtent de parler même, c’est bon comme ça. Si on doit parler d’élections ou de président dans un pays, il faut qu’il ait la paix d’abord.

On dit que le Burkina Faso est le pays des hommes intègres. Si cela est vrai nous devons tous soutenir le président actuel car il est vraiment déterminé. Je vois pas d’ennemis au Burkina Faso et d’autres ennemis ne peuvent rien contre nous à part nous-même Burkinabé. En plus nous avons des activistes sur les réseaux sociaux qui nous créent des problèmes. Toutes ces personnes doivent être arrêtées. Celui qui veut devenir président qu’il aille d’abord au front. Après la guerre il peut prétendre être candidat. Je me rappelle qu’un jour il y avait dans le ciel cinq soleils et le père fondateur m’a dit ce jour que cinq pays africains vont s’unir pour former une fédération. Je crois que ça déjà commencé entre le Burkina Faso et le Mali. Mais rassurez vous, il y a trois autres pays qui vont se rallier. La fin de la souffrance c’est pour bientôt.

Votre dernier mot

Tout ce que je demande aux Burkinabè, surtout à la jeunesse c’est l’union et la cohésion. Sans union et la cohésion nous ne pouvons aboutir à rien. Chacun doit savoir se comporter et nous devons pouvoir faire taire nos divergences et sauver le pays.  Nous devons éviter de publier de fausses informations sur les réseaux sociaux, des choses qui peuvent nuire à l’avenir de notre pays. Que la paix revienne au Burkina Faso.

 

Encadré 

Règles à suivre en matière de nutrition et de santé en période de jeûne

L’organisation Mondiale de la Santé suggère à ceux qui jeûne en cette période de carême musulman de boire beaucoup d’eau et deconsommer des aliments hydratants pendant le Ramadan. Les températures élevées peuvent aussi faire transpirer davantage, il est donc important de boire des liquides pour remplacer ce que vous perdez pendant la journée (au moins 10 verres).

Cette année, le jeûne du Ramadan tombe pendant les journées longues et chaudes. En moyenne, les gens jeûnent entre 15 et 16 heures par jour. Pendant les heures de milieu de journée, lorsque les températures sont élevées, il est important de rester dans un endroit frais et ombragé et d’éviter le soleil.

Rechargez votre énergie en prenant un iftar sain et équilibré.

Manger trois dattes lors de la rupture de votre jeûne est une façon traditionnelle et saine de commencer l’iftar. Les dattes sont une excellente source de fibres. Incorporez beaucoup de légumes à vos plats pour faire le plein de vitamines et nutriments essentiels. Choisissez des céréales entières, qui fournissent à l’organisme fibres et énergie. Régalez-vous de viande maigre grillée ou cuite au four, de poulet et de poisson sans peau, pour avoir une bonne portion de protéines saines. En général, évitez les aliments frits et transformés riches en gras ou en sucre. Savourez votre repas et évitez de trop manger en mangeant lentement.

Il est recommandé de prendre un suhoor 

Le suhoor est le repas léger pris avant le début du jeûne tous les jours ; ceci s’applique tout particulièrement aux groupes ayant des besoins particuliers comme les personnes âgées, les adolescents, les femmes enceintes et les mères allaitantes, ainsi que les enfants qui choisissent de jeûner. Ce repas, qui constitue un petit-déjeuner léger, doit comprendre des légumes, une portion de glucides comme du pain/des galettes de blé entier, des aliments riches en protéines tels que les produits laitiers (fromage non salé/labane/lait) et/ou les œufs, ainsi qu’un accompagnement composé de tahina/d’avocat.

Évitez de consommer trop de sucreries après votre iftar. Les sucreries couramment consommées pendant le Ramadan contiennent de grandes quantités de sirop de sucre. Les sucres dont la consommation est recommandée sont les fruits riches en eau, comme la pastèque/le melon ou tout autre fruit saisonnier, tel que la pêche ou la nectarine.

Évitez les aliments contenant de grandes quantités de sel, comme les saucisses, les produits à base de viande ou de poisson transformés et salés, les olives et les cornichons, les amuse-bouche, les fromages salés, les différents types de gâteaux, salades, tartinades et sauces (comme la mayonnaise, la moutarde, le ketchup) tout-prêts.

Interview réalisée par Aymeric KANI et

Ben Alassane DAO