Affaire parcelles à Garghin et Tingandogo : «C’est la méchanceté de certains individus qui a causé tout ça», Moustapha Titenga Nikièma

La préoccupation foncière dans les villages de Garghin et de Tingandogo reste d’actualité. Des familles attendent toujours leurs « parcelles pour pouvoir réorganiser leur vie ». Elles estiment être victimes d’un détournement de plus de 400 parcelles par des structures de l’Etat. Nous avons voulu en savoir davantage avec le porte-parole de ce groupe d’habitants, Moustapha Titenga Nikiéma.

Le porte-parole Moustapha Titenga Nikièma

A quand remonte l’histoire des parcelles et que reprochez-vous au ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme ?

C’est en 2003 que tout a commencé. Je préparais ma retraite, donc j’ai décidé de rentrer au village pour y habiter avec ma petite famille. Un matin, des jeunes frères du village sont venus me voir pour me soumettre un problème. Ils m’ont dit que des hommes sont entrain de creuser pour planter des arbres sur les terrains qui se situent sur le côté gauche du village de Garghin et Tingandogo. Mais selon eux, ce sont les terres qu’ils veulent récupérer. Je reproche au ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme le manque de transparence et sa mauvaise manière de gérer l’affaire des parcelles. Mes parents viennent chaque jour se plaindre auprès de moi.

 

Est-ce que vous avez approché les premiers responsables du ministère à ce sujet?

Quelques jours après m’être entretenu avec le directeur général de la SONATUR, j’ai adressé une correspondance au Premier ministre en son temps, Yacouba Issac Zida qui a transmis la lettre à René Bagoro, ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme d’alors. Un jour, on m’appelle au ministère pour rencontrer le Secrétaire général du ministre qui m’a fait comprendre qu’ils ont lu ma correspondance mais, que les parcelles dont il s’agit ont été volées à des Burkinabè et ont été réattribuées à des d’autres personnes. Pour cela il sera donc compliqué de les retirer. Il m’a rassuré que le ministère viabilisera une zone pour ceux qui n’en ont pas eu. 3 mois après, je n’avais toujours pas de nouvelle, et cela jusqu’à la fin de la transition. Après la prise du pouvoir par Roch Kaboré, j’ai poursuivi les démarches afin que le nouveau gouvernement soit informé du problème et réagisse. Je suis allé de nouveau au ministère pour exposer le problème et le ministre Maurice Bonanet m’a promis, mais à un moment donné j’ai compris qu’il est entrain d’insulter ma conscience. Après une longue attente, j’ai décidé d’écrire au Premier ministre. Quand je l’ai fait, le ministre Bonanet m’a convoqué et m’a dit son mécontentement pour le fait que j’ai écrit au Premier ministre. Il a donc proposé de me donner 50 parcelles, et après 20 parcelles. À l’heure où je vous parle, il paraît que le restant des parcelles a été remis à la mairie de Komsilga pour attribution. Mais, jusqu’à présent, je n’ai pas encore reçu une lettre qui le prouve. Nous sommes là et on regarde.

 

Avez-vous des documents qui prouvent la véracité de vos revendications ?

Les documents nous les avons, car je fus chef secrétaire à la gendarmerie donc le côté paperasse, c’est mon fort. Mes frères sont certes analphabètes, mais nous avons demandé les services d’un bureau d’avocats et de juristes pour nous accompagner. Grâce aux conseils de ce bureau, nous sommes allés en procès et nous attendons la suite. J’ai tous les procès verbaux et la lettre de remise de la SONATUR.

 

Quel intérêt avez-vous à défendre un tel sujet ?

C’est une insulte à mon intelligence et à ma famille aussi. C’est depuis 2003 que je suis le problème, sans issue. Je suis angoissé. En récupérant ces parcelles je sors grand dans cette histoire, ma famille va me respecter, mes parents sauront que je ne suis pas un faux ni un malhonnête ni un traitre. D’autres profitent et d’autres sont dans la misère totale. Le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme n’a pas de respect pour les pauvres.

 

Votre dernier mot?

Je lance un appel au président du Faso et au Premier ministre de se familiariser avec le problème des parcelles de Garghin et Tingandogo. Des populations sont laissées à elles-mêmes, n’ayant plus de terres cultivables. C’est la méchanceté de certains individus qui a conduit à tout cela. La situation laisse des hommes et des femmes dans la faim et dans la soif.

Odom YANOGO/ Stagiaire

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