Ake Sié Adou Mariano Jackiel, joueur de Deportivo Alavès : « Il faut du travail pour être appelé dans l’équipe nationale »

En vacances à Bobo-Dioulasso, Ake Sié Adou Mariano Jackiel, joueur qui évolue actuellement au Deportivo Alavès, un club de deuxième division espagnole, a bien voulu se prêter à nos questions. Dans l’interview qu’il nous a accordée, le jeune espoir Ivoiro-Burkinabé revient sur son parcours. Il évoque également ses ambitions pour le futur.

Comment se passent tes vacances à Bobo-Dioulasso ?

Les vacances se passent bien. Je profite de ce temps pour m’entrainer un peu pour ne pas perdre le rythme. Je m’entraine de fois avec l’international Issa Kaboré au centre de formation de Rahim Ouédraogo à Bama. Je profite des vacances aussi pour passer plus de temps avec la famille et les amis parce que c’est très important.

Parlez-nous de vos débuts en football ?

Tout a commencé pour Mariano à IFFA Matourkou de Bobo-Dioulasso avec Daouda Sanou dit Famozo. J’ai fait au maximum cinq ans (2014 à 2018) avec le coach Daouda Famouso que j’ai fini par appeler Papa, parce qu’il m’avait adopté. C’est lui qui m’a enseigné comment jouer au football, comment je pouvais évoluer et qui m’a éduqué footballistiquement parlant. Je n’oublie pas aussi mon coach Arnaud qui m’a emmené à l’IFA Matourkou, pendant que je jouais au quartier dans son équipe Armada FC. Tout petit, je rêvais de devenir footballeur professionnel. Et j’ai laissé presque tout pour me consacrer au foot et j’ai mis tous les moyens pour y arriver. Je sais que je n’ai pas encore atteint tous les objectifs que je me suis fixés, mais par la grâce de Dieu ça va. Je suis entrain d’atteindre petit à petit mon but. Et j’en suis vraiment fière.

Du Faso en Espagne, quel a été votre parcours ?

Les choses n’ont pas été simples. D’Armada FC, j’ai rejoint l’IFA Matourkou. Et à l’issue d’un test de recrutement, je suis allé à l’Académie Tenakourou, le Centre de formation de Kassoum Traoré en 2019 pour deux ans. C’est dans ce centre de formation que ma carrière en football va véritablement décoller. Lors d’un tournoi de football j’ai été détecté par un recruteur du Deportivo Alaves qui séjournait au Burkina. C’est ainsi que je suis arrivé en Espagne.

Une fois sur place, comment c’est passé ton intégration en Espagne ?

Quand je suis arrivé en Espagne, l’environnement, le climat, la langue, tout était étrange pour moi, mais il fallait que je m’adapte et continuer à m’accrocher. Et je l’ai fait. La première année ça été difficile parce que vers la fin de la saison j’ai eu une blessure à la hanche, mais par la grâce de Dieu, j’ai fait une très bonne saison. Cette année, j’ai eu assez de temps de jeux. J’ai fait de belles choses, j’ai aidé l’équipe et ensemble, tout le monde (encadreurs et joueurs) est content.

Qu’elle est la position actuelle de votre club dans le championnat Espagnol ?

Cette année on est monté en première division. On a réussi grâce au play-off et cela aussi grâce au travail de tout le staff. Là, on est en première division. On est donc revenu en Liga. Moi de mon côté avec la réserve on a terminé deuxième. On a joué le play-off, malheureusement on a perdu la finale. Mais on est fier de notre saison, de l’ensemble de l’équipe, du travail du Staff technique, des joueurs, des amis, de tout le monde.

Combien de temps comptez-vous passer au Deportivo Alavès ?

J’ai signé un contrat de trois ans plus deux ans de renouvellement si le club est satisfait toujours comme ils le sont en ce moment.

Avez vous des propositions d’autres clubs espagnols où d’ailleurs ? 

Je ne peux pas trop en parler pour l’instant parce que ça se passe avec mes agents. Ce sont eux qui travaillent. Je pense qu’il y a des clubs qui me veulent mais, moi je me sens bien pour l’instant à Alavès. Ils sont contents de moi et ils ne pensent pas me lâcher de si tôt, comme le directeur sportif me l’a dit avant que je ne vienne en Vacances. Je laisse le soin à mes agents de discuter de cet aspect. Moi, je me concentre sur le terrain et c’est tout.

 Au Burkina, vous avez déjà évolué avec les U20. Vu que vous êtes binational, il vous arrive souvent de vouloir jouer avec la Côte d’Ivoire si on vous fait appel ?

J’ai déjà fait un parcours avec les Etalons U20. Il faut dire au passage que déjà à l’époque de Daouda Famoso, j’ai joué avec les U17 au Maroc. Après, j’ai joué avec les U20 sous Dargani, avec une préparation à Lomé. Et ça s’est bien passé, je me suis senti bien. C’est à partir de là que l’envie de jouer pour le Burkina Faso a commencé. Pour dire tout simplement que j’ai décidé de jouer pour le Burkina Faso quel qu’en soit ce que la Côte d’Ivoire me proposait.

Et si la Côte-d’Ivoire vous propose gros, n’allez-vous pas changer d’avis ?

Là on parle de donner gros. Ça se voit mais moi, ma décision, elle est déjà prise comme je vous l’ai dit. Je veux et j’aimerais jouer pour le Burkina Faso. La situation peut changer oui, mais ça dépend. Mais moi, c’est pour le Burkina Faso que je veux jouer. Nous n’en sommes pas encore là. Il faut du travail pour être appelé dans l’équipe nationale. Il ne suffit pas de dire je veux jouer dans l’équipe nationale et que tu vas jouer. Et pour ça, je compte travailler dur et montrer aux Burkinabè, au sélectionneur et à la fédération que je mérite de porter le maillot de l’équipe nationale. C’est une fierté pour moi de représenter le Burkina Faso dans un futur proche.

Avez-vous déjà été contacté par un membre fédéral sur la question ?  

Pour le moment non. Mais je vois qu’on me suit et ça me fait énormément plaisir. Pour le reste, il me revient de prouver que je peux aussi.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui désirent devenir comme vous ?

Ce que je peux leur dire, c’est de ne pas abandonner leur rêve, de continuer à rêver surtout. Mais quand on parle de rêve, il faut dire aussi s’entrainer. Quand on parle de travail, de rêve, il faut surtout l’humilité. Te faire petit pour apprendre et ne jamais te laisser distraire par ceux qui disent que tu n’arriveras pas. Il faut toujours croire, jusqu’à ce que toi même tu acceptes que tu as tout essayé, tu as tout fait et ça n’a pas marché. En football, le talent seul ne suffit pas. Il y a beaucoup de joueurs talentueux qu’on a vu finir sans avoir eu du succès. Moi j’ai rêvé, j’ai cru, je ne pensais pas un jour arriver là où je suis aujourd’hui. Mais je suis là, je suis fière, je ne suis pas encore arrivé à un haut niveau comme mes grands frères Bertrand, Alain, Issa, Edmond, Dango…, mais je compte y arriver. Parce que ce sont des gens que je prends toujours comme exemples.  Ce sont des bosseurs qui font la fierté de notre pays, quand je les vois, j’en suis fier, ça me donne envie de bosser.

Quel est regard portez-vous sur le football burkinabè ?

A mon avis, il y a eu beaucoup d’évolutions parce que quand je rentre dans les pages facebook, je vois par exemple le prix Abdoulaye Soulama, qui récompenses les meilleurs gardiens et on appelle un ou deux joueurs du championnat national dans l’équipe nationale, ça veut dire que le niveau est bon. Il est vrai qu’on n’a pas encore atteint le niveau des équipes européennes, mais il y a du talent à vendre. Mais il nous faut plus de stades et de bonnes conditions. C’est ce qui nous manque. Mais ce n’est pas seulement le Burkina, c’est toute l’Afrique qui est concernée. C’est une fierté pour moi, je suis tellement content de donner mon opinion, de parler de moi-même. Je remercie tous ces gens qui me suivent, qui continuent de m’encourager. Je les remercie parce que grâce à eux j’ai plus de courage, plus d’envie et je me donne à fond pour faire connaitre le Burkina là où je suis.

Interview réalisée par

Ousmane TRAORE