Assises criminelles de Bobo : Condamnée pour avoir abandonné son bébé

Ouédraogo Risnata, âgée de 27 ans, a été condamnée par la chambre criminelle de la Cour d’appel de Bobo-Dioulasso à 11 ans de prison avec sursis. Elle est déclarée coupable d’avoir jeté son propre enfant dans une retenue d’eau, ayant entraîné sa mort.

Dans la journée du 22 octobre 2020, le commissariat de police de Do était informé de ce qu’un bébé serait retrouvé mort dans une retenue d’eau au secteur 23, Bolibana. Aussitôt, une équipe s’est déportée sur les lieux pour effectuer le constat. Après enquêtes, Ouédraogo Risnata a été identifiée comme étant la mère de l’enfant. Une procédure est ouverte par le procureur du Faso près le tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso. Dans les faits, il est ressorti que la nommée Ouédraogo Risnata s’est rendue au centre d’enfouissement le vendredi 22 octobre 2020 aux environs de 5 heures du matin. Elle tenait son bébé d’environ quatre mois. Elle l’a plongé dans la retenue d’eau située dans le centre d’enfouissement technique de Bobo et l’enfant en est mort par noyade. Le lendemain des faits, la mère a été arrêtée et déférée devant le parquet. En juillet 2021, elle a bénéficié d’une liberté provisoire, soit après neuf mois de détention à la Maison d’arrêt et de correction de Bobo (MACB). Après instruction, le dossier est renvoyé devant la chambre criminelle de la Cour d’appel de Bobo-Dioulasso. Dame Ouédraogo Risnata est mise en accusation d’avoir délaissé son propre enfant ayant entraîné sa mort. Elle a comparu devant la Cour le 16 février 2023 pour répondre de ces faits.

Elle a reconnu les faits comme elle l’a toujours fait en enquête préliminaire.

A la barre, elle dit avoir commis l’acte sous l’emprise des troubles mentaux liés à ses conditions de vie.  » Lorsque j’ai accouché, mes parents et le père de l’enfant ne voulaient pas s’occuper de lui. Souvent, le père de l’enfant me traitait de folle. Après accouchement, j’ai fait près d’un mois à l’hôpital sans visite. C’est pourquoi, j’ai même décidé d’attribuer la paternité de l’enfant à un autre concubin », a relaté la dame devant les juges.

Ouédraogo Mahamadi, oncle de l’accusée, est témoin dans le dossier. Selon lui, l’accusée ne jouit pas de toutes ses facultés mentales. « Elle logeait chez moi au moment des faits. Ce jour-là, je n’étais pas à la maison. C’est aux environs de 15 heures que j’ai reçu un coup de fil soit disant qu’un drame a eu lieu dans notre quartier. La même personne m’a informé que c’est un bébé qu’on a retrouvé mort, mais appartenant à Risnata. J’ai appelé son propre père. Celui-ci dit qu’il n’a pas ses nouvelles. J’ai appelé sa tante à Colma. Elle m’a dit qu’elle est là-bas. Je me suis rendu chez elle. Arrivé, j’ai demandé de savoir où se trouve son enfant. Elle m’a dit qu’il est décédé et on l’a enterré. C’est là que je l’ai menacée pour qu’elle me dise la vérité. Finalement, elle l’a reconnu et je l’ai amenée à la police pour le reste de la procédure », a-t-il témoigné.

Un autre oncle témoin du procès s’inquiète du comportement de dame Risnata. Il affirme qu’elle n’est pas lucide dans ses actions depuis qu’elle vivait chez lui.

Dans le rapport psychiatrique de l’accusée, il ressort qu’elle est très renfermée, calme. Aussi, elle n’est pas de nature à fréquenter les lieux publics et n’arrive pas à contenir ses sentiments émotionnels.

Le parquet général dans ses réquisitions, demande à la Cour de déclarer l’accusée coupable des faits qui lui sont reprochés, mais lui accorder des circonstances atténuantes. Sur ce, requiert contre elle la peine d’emprisonnement de 5 ans dont 3 ans de prison ferme.

L’avocat de la défense a évoqué l’état de santé de sa cliente. Pour lui, elle ne jouit pas de toutes ses facultés mentales. Et qu’elle n’était pas du tout lucide au moment des faits. L’accusée tenait encore un bébé de quelques mois à la barre. De peur que ce bébé aussi ne tombe dans le même trou, son avocat demande à la Cour de prendre des mesures efficaces pour protéger l’enfant.

La Cour, statuant publiquement, contradictoirement, en matière criminelle et en premier ressort déclare Ouédraogo Risnata coupable des faits de délaissement d’enfant ayant causé sa mort. En répression, la condamne à 11 ans d’emprisonnement assorti de sursis.

Ben Alassane DAO