Trois grandes institutions (la Cour des comptes, le Conseil supérieur de la communication et l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption) ont présenté, chacune son rapport annuel au président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. On pourrait dire que c’est une habitude, car chaque année, c’est ainsi que ça se passe. Autrement, à tout point de vue, il n’y a donc rien de particulier ; pas de chat à fouetter. Et pourtant !
En effet, à l’entame de son nouveau et dernier mandat, Roch Marc Christian Kaboré doit faire la différence. S’il continue de recevoir les rapports des institutions, il doit travailler à leur donner une suite. La Cour des comptes fait chaque année des recommandations dans la gestion des deniers publics. L’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption en fait de même. Malheureusement, certaines des conclusions ou recommandations de ces institutions ne trouvent pas d’oreille attentive. Si bien qu’on pourrait dire que les rapports s’amoncèlent dans les bureaux de Roch, dorment avec leurs conclusions alors qu’il suffisait d’appliquer une ou deux recommandations fortes et tout le monde se mettrait au sérieux. On a épinglé des actes de mauvaises gestions jusque à la Présidence du Faso. Dans plusieurs ministères, les mêmes actes ont été dénoncés. Mais, c’est très timidement qu’on brandit la chicote. Si bien que les gens pensent que rien ne se fait. Si les rapports qui viennent de lui être remis font ressortir des efforts dans la gestion, il est aussi question de manquements à certains niveaux. Evidemment, tout ne peut être corrigé du jour au lendemain car, comme le voleur, le mauvais gestionnaire a toujours plusieurs tours dans son sac.
Dans le cadre de la lutte contre la corruption dont il veut faire l’une de ses préoccupations majeures, tant que des corrupteurs et des corrompus ne se retrouveront pas pendant longtemps derrière les barreaux, après un procès retentissant, Roch risque de ne pas faire mieux que ceux qui l’ont précédé. Alors qu’en la matière, ce ne sont pas les dossiers qui manquent ; ce ne sont pas non plus les actes de mauvaises gestions qui vont maquer. S’il y a réellement la volonté politique, il faut l’exprimer concrètement sur le terrain. Le changement dont il est question passe par-là. On ne peut plus continuer de recevoir des rapports et les archiver. En tout cas si le président le veut, ce ne sont pas les éléments qui manquent.
Certains diront que cela ne relève pas de la compétence du président. A eux, on pourrait répondre qu’il s’agit du mandat du président. C’est à lui d’impulser à tous les niveaux. Si les magistrats auxquels devaient revenir cette mission continuent de revendiquer, c’est qu’on ne leur a pas encore donné tous les moyens, y compris moraux dont ils ont besoin, pour faire efficacement leur travail. Pendant que nous y sommes, qu’en est-il du pacte national pour le renouveau de la justice signé sous la transition ?
Dabaoué Audrianne KANI