Autant le dire… :candidatures à la présidentielle ivoirienne, démocratie ou désordre

C’est à se demander si tous les 60 candidats à la candidature à la présidence de la République de Côte d’Ivoire sont au sérieux. 60 candidatures pour briguer un seul poste ? Si c’est cela la démocratie, tant mieux. Mais, véritablement la démocratie ce n’est pas le nombre excessif de candidatures à la candidature pour une élection, fut-elle celle du Président de la République. Au contraire, en démocratie et surtout l’élection du Président de la République est tellement sérieuse et suffisamment importante pour la vie d’une nation qu’elle ne doit pas faire l’objet de fantaisie. Parmi la soixantaine de candidatures, on note des candidatures très sérieuses. Mais, il y a aussi des candidatures de complaisance. Du coup, on a envie de croire que certains candidats ont tout simplement choisi de faire de la distraction pour ne pas dire du désordre.

Quand un prétendant sait pertinemment qu’il n’est pas sur la liste électorale et de ce fait ne peut être candidat à l’élection du Président de la République mais dépose tout de même son dossier, c’est qu’il fait de la provocation. De même lorsqu’un candidat sait qu’il ne remplit pas les conditions d’âge de 35 ans minimum pour prétendre à la présidence de la République et se présence devant la Commission électorale indépendance et dépose son dossier, c’est qu’il «cherche bouche de quelqu’un», comme disent les Ivoiriens eux-mêmes.

Pour être candidat à la présidence de la République, il faut payer une caution de 50 000 000 FCFA. Que des candidats à la candidature se présentent à la CEI sans le reçu de la caution et qu’on reçoive leurs dossiers, c’est manquer du respect à la démocratie et aux lois qui encadrent l’élection elle-même. Le parrainage citoyen est une exigence de la loi électorale. Aussi, que celui qui n’a pas pu l’obtenir s’abstienne de la candidature à la candidature. Mieux qu’une question de respect des textes et de la démocratie, c’est une question de bon sens, de citoyenneté et de bonne tenue.

On parlera sans doute de messages que certains des candidats veulent faire porter par leur candidature. Mais véritablement, a-t-on besoin de violer la loi pour passer un message ? Lequel des messages faut-il alors retenir : celui de la violation de la loi ou celui que porte une candidature qui viole la loi et qu’on pouvait bien délivrer dans un cadre plus approprié ?

Tout se désordre est la preuve que la démocratie ne s’accommode pas forcément avec nos compréhensions africaines. Autrement, comme le disait un homme politique français, « la démocratie n’est pas faite pour les Africains ». Pour être moins incisif, on pourrait dire que les Africains ont beaucoup de difficultés à adapter la démocratie à leur contexte. Si bien qu’elle est en train de devenir un danger pour la cohésion sociale, le vivre-ensemble et la paix.

En Côte d’Ivoire, tout le monde est suspendu à la décision du Conseil constitutionnel qui doit d’ici le 10 septembre rendre publique la liste définitive des candidats autorisés à prendre effectivement part à la présidentielle. Ce qu’on redoute aussi, c’est la réaction de ceux qui n’auront pas été retenus. Vont-ils se soumettre à la décision du Conseil constitutionnel ? Pas si sûr quand on sait que dès le début, ils n’ont pas respecté la loi. Cependant, attendons de voir.

Dabaoué Audrianne KANI