Réunis ce dimanche 30 mai à Accra autour de la crise sociopolitique au Mali, la dizaine de chefs d’Etat membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) n’ont pas eu le choix. Ils se sont tout simplement contentés de sanctionner le Mali au regard des textes communautaires en matière de démocratie et de bonne gouvernance.
A cet effet, l’article 1 du Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance stipule que « toute accession au pouvoir doit se faire à travers des élections libres, honnêtes, et transparentes. Tout changement anticonstitutionnel est interdit de même que tout mode non-démocratique d’accession ou de maintien au pouvoir ».
Et l’article 45 de renchérir : « En cas de rupture de la Démocratie par quelque procédé que ce soit et en cas de violation massive des Droits de la Personne dans un Etat membre, la CEDEAO peut prononcer à l’encontre de l’Etat concerné des sanctions ». Entre autres, la « Suspension de l’Etat membre concerné dans toutes les Instances de la CEDEAO ; pendant la suspension, l’Etat sanctionné continue d’être tenu au paiement des cotisations de la période de suspension.
Pendant ladite période, la CEDEAO continuera de suivre, d’encourager et de soutenir tout effort mené par l’Etat membre suspendu aux fins de retour à la vie institutionnelle démocratique normale ». La CEDEAO avait-elle autre choix que d’appliquer ses propres textes ? Le contraire aurait été surprenant et injuste, voire abject.
La CEDEAO ne prévoit pas dans son protocole additionnel des sanctions économiques. Elle ne prévoit pas non plus le gel des avoirs ou l’interdiction de voyager de personnes auteurs de changements non-constitutionnels de pouvoir. Autrement, elle ne pouvait faire mieux que ce qu’elle a fait.
Du coup, s’il y a un vainqueur, c’est bien le colonel Assimi Goïta, désormais homme fort du Mali de part la Cour constitutionnelle et une partie de la classe politique dont le M5-Rassemblement des forces patriotiques qui a déjà, sur la demande de la junte, désigné le Premier ministre, en la personne de Choguel Maïga.
Ce qui va satisfaire la principale exigence de la CEDEAO qui recommande un Premier ministre civil. Fin d’un épisode et débute un autre. Celui de la composition du gouvernement et du fonctionnement harmonieux de tous les organes de la transition. Le M5-RFP est bien averti. Assimi Goïta veut assumer son pouvoir. Il s’est fixé des objectifs et veut les atteindre par lui-même.
Si le Premier ministre du M5 s’inscrit dans sa vision, il n’y aura certainement pas de difficulté pour conduire la transition jusqu’à son terme. Au cas contraire, il y aura couacs.
En effet, le Mali a besoin d’une profonde refondation tant dans la gouvernance politique qu’économique et sociale. Il a besoin d’un véritable toilettage profond afin de créer le Malien nouveau dont rêvait Modibo Kéïta quand il décidait de quitter le F CFA pour créer le Franc malien et demandait à l’armée française de rentrer chez elle. Tout le combat doit mener à çà.
Dabaoué Audrianne KANI