Pour la deuxième fois, dans l’espace de huit mois, les Ivoiriens pleurent la disparition de leur deuxième Premier ministre, Hamed Bakayoko. Un mort de plus ? Un mort de trop ? Peu importe, toujours est-il que le Premier ministre ivoirien est décédé ce mercredi 10 mars en Allemagne où il était à la recherche de soins. Comme Amadou Gon Coulibaly qu’il a remplacé à ce poste, Hamed Bakayoko était parti en France, officiellement pour un contrôle de santé, qui s’est finalement révélé être un « cancer fulgurant ». Il n’en est pas sorti. Ainsi, celui qui avait l’habitude de voyager en classe affaires est revenu en Côte d’Ivoire dans un cercueil, en soute. Dans les artères d’Abidjan la capitale ivoirienne où un prestigieux cortège de véhicules de sécurité et de motards l’accompagnaient et le protégeaient habituellement, il n’a eu droit qu’à deux ou trois véhicules qui l’ont conduit, non pas à la Primature ou à sa résidence, mais à Ivosep (la société ivoirienne des pompes funèbres), où son corps restera dans la glace en attendant les obsèques nationales et son enterrement vendredi prochain dans son village à Séguéla où il vient d’être élu député.
Ce spectacle doit faire réfléchir ces hommes politiques va-en-guerre qui croient que tout part et revient à eux. Hamed Bakayoko n’aurait jamais eu cet hommage national et international si dans sa vie politique, il s’était comporté en homme suffisant, dédain ou haineux. Il a démontré que la vie politique n’est pas de l’inimitié, mais une confrontation d’idées qui finit toujours par des retrouvailles. Si toutefois l’objectif de l’un et de l’autre, c’est la construction de la nation. Aussi, la classe ivoirienne, longtemps divisée doit se servir de cette mort et de son exemple pour certainement dire une fois pour toute, que le pays prime sur chacun d’eux. La Côté d’Ivoire a besoin que ces filles et fils taisent une fois pour toute, la haine et l’intolérance qui ont toujours animé la vie politique.
S’il en est besoin, le décès d’Hamed Bakayoko vient rappeler à la classe politique que l’essentiel pour un leader politique, c’est de servir sa communauté. C’est certainement ce qu’a fait Hamed Bakayoko. Les Ivoiriens, sortis sans avoir été mobilisés et convoyés, le lui ont rendu dans les rues en sortant et en acclamant par endroit le passage de sa dépouille mortelle. Hamed est parti, pour toujours. La Côte d’Ivoire s’est déjà trouvé un Premier ministre et un ministre de la Défense qui l’ont remplacé. Ainsi va la vie, ici-bas. Comme dirait quelqu’un, dans la vie on en sort toujours mort.
En effet, la mort d’Hamed Bakayoko en Allemagne, après avoir transité par les prestigieux hôpitaux de France, vient rappeler à nos dirigeants africains l’impérieuse nécessité de créer et d’équiper de véritables centres de santé dans nos pays. Et de rendre accessibles les soins de santé aux populations. Elles, les autorités, ont les moyens d’aller se faire soigner ailleurs où les plateaux techniques sont meilleurs. Ce que ne peuvent s’offrir la majorité des populations.
Dabaoué Audrianne KANI