Autant le dire… : Des marches de soutien aux marches de protestation, les Burkinabè n’en peuvent plus

Au tout début des attaques terroristes, on a connu de nombreuses marches de soutien aux Forces de défense et de sécurité et même au gouvernement. Il est même arrivé que des Burkinabè cotisent des sous qu’ils remettent en soutien aux Forces de défense et de sécurité, sous forme d’effort de guerre.

Aujourd’hui, les données semblent avoir changé. Désormais, dans plusieurs localités, les Burkinabè marchent pour réclamer la sécurité et le bien-être. « Le problème ce n’est pas de nous donner à manger ; même si on nous donnait tout l’or du monde, ça ne sera pas suffisant car ce que nous voulons, c’est de nous sécuriser afin que nous puissions retourner chez nous, dans nos villages où nous serons mieux à l’aise ». A réclamé une participante à la marche de Kaya.

Balais en mains pour les femmes, brassards rouges pour les hommes, munis de pancartes et de banderoles, à Kaya et à Titao, ils sont sortis nombreux à l’appel d’organisations de la société civile, nouvellement créées pour demander aux autorités militaires et à celles qui sont au pouvoir de leur venir en aide, en matière de sécurité parce que ces citoyens burkinabè n’en peuvent plus.

Ils n’en peuvent plus d’être persécutés depuis des années par des terroristes ; ils n’en peuvent plus, ces citoyens, de compter presque chaque semaine des morts, des blessés et des déplacés internes.

Même si pour l’instant ce n’est pas encore la rupture de ban entre les autorités au pouvoir et les populations en proie au terrorisme, ça y ressemble. Au cours des marches, des écriteaux sur des pancartes de manifestants n’ont pas manqué de demander à ceux qui ne peuvent pas assurer leur sécurité de « dégager ». Car, scandent-ils «la sécurité est un droit » ; « Il est temps de trouver une stratégie ».

A Titao, le bâtiment abritant les services du Haut-commissariat a même été vandalisé. Embouchant ainsi la même préoccupation de l’opposition qui avait au cours du dialogue politique exigé la démission du Premier ministre et du ministre de la Défense. Ce que le pouvoir n’avait pas accepté car dit un membre du gouvernement cité par RFI, «il n’appartient pas à l’opposition d’organiser le gouvernement ». Bien !

Les différentes opérations militaires menées ont porté un coup dur à l’ennemi soit par la neutralisation de terroristes, la destruction de matériels et même des arrestations. Cependant, une petite action plus forte en ce moment précis, pourrait réconforter tout le monde.

Ce qui ne veut pas dire que rien n’est fait. Qu’on veuille l’entendre ou pas, faut-il attendre que les populations descendent à Ouagadougou, aux portes de Kosyam, pour exiger du locataire qu’on leur assure au moins la sécurité ? C’est parce qu’elles ne voient et ne sentent rien pointer à l’horizon pour les rassurer que ces populations manifestent leur mécontentement. Nous sommes en guerre, l’heure est grave. S’il faut être optimiste, il faut des actes. Comme l’opération Taanli.

Dabaoué Audrianne KANI

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